Par C. Jaidani
Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a présenté le 9 juin à Casablanca son programme électoral pour les législatives prévues le 8 septembre prochain. C’était l’ultime étape d’une tournée nationale ayant démarré le 3 juin à Agadir, et qui s’est poursuivie les 4 et 6 juin à Marrakech, Tanger et Oujda.
Lors de cette rencontre, le parti de la colombe a dévoilé les grandes orientations au cours de la période 2021-2026. Les indépendants ont chiffré le coût de leur programme à 55 milliards de dirhams par an, décliné en cinq engagements (protection sociale contre les aléas de la vie, système de santé digne, emplois pour tous, école de l’égalité et administration à l’écoute).
Ces engagements qui comportent 25 mesures, et qui constituent la base du contrat politique du RNI avec ses concitoyens, ont été formulés suite aux différentes tournées d’écoute organisées lors des cinq dernières années auprès de plus de 300.000 Marocaines et Marocains et au recueil des mesures réalisables et prioritaires.
«Notre programme est certes ambitieux, mais il est crédible, s’appuyant sur des chiffres réalisables pour répondre aux attentes des concitoyens. Il jette également les bases du contrat politique, qui permettra de rendre effectifs les changements tant désirés par les Marocains», souligne Aziz Akhannouch, président du RNI. Il a précisé par ailleurs que les mesures proposées n'ont pu être mises en place parce que le parti ne gère pas le gouvernement, mais y participe dans le cadre de la coalition gouvernementale.
En revanche, le parti a réussi à obtenir des résultats positifs et significatifs au niveau de l’ensemble des secteurs ministériels qu’il a eu à gérer. A cet égard, Akhannouch a souligné qu'il s'engageait à mettre en œuvre son ambitieux programme si son parti obtient la confiance de ses concitoyens lors des prochaines élections législatives.
Trois principes directeurs devront marquer le programme. Le premier concerne l’institutionnalisation de la redistribution sociale, notamment à travers la mise en œuvre du chantier royal de la généralisation de la protection sociale et le renforcement du rôle central de l’État dans la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales.
Le deuxième principe veut mettre le capital humain au centre du modèle de développement du parti, à travers la création d’emploi et l’amélioration de l’offre santé et éducation. Le troisième vise à instaurer la dignité de chaque citoyen comme principe directeur de l’action publique, à travers la lutte contre les disparités territoriales et les inégalités de traitement entre citoyens, en apportant une offre de services publics de qualité au plus près des citoyens. Parmi les mesures phares au niveau de la protection sociale, figure notamment la garantie d’un revenu mensuel de 1.000 dirhams pour les personnes âgées de 65 ans et plus, avec une assurance maladie sans cotisation pour les plus démunis. Il s’agit aussi de généraliser l’assurance maladie et ouvrir les droits à la retraite pour tous les travailleurs, y compris ceux actuellement dans l’informel.
Le RNI veut étendre l’assurance maladie pour tous, y compris les inactifs. Cette mesure sera une priorité du gouvernement pour l’année 2022. Le programme prévoit également le soutien aux personnes handicapées tout au long de la vie. Les associations œuvrant dans le domaine seront dotées d’un budget annuel additionnel de 100 millions de dirhams sur la base d’appels d’offres transparents. Au niveau des allocations familiales, le RNI veut les généraliser à toutes les familles avec enfants, avec l’objectif de maintenir la scolarisation dès 2022. A cet égard, le soutien sera modulé: 300 dirhams mensuels d’allocations jusqu’au troisième enfant, sous condition de scolarité; 2.000 dirhams de prime de naissance pour le premier enfant, 1.000 dirhams pour le second.
Au niveau de la santé, le RNI veut doubler le budget du secteur et ériger le médecin de famille en point d’entrée du parcours de soins. Au programme, figure également la mise en place du tiers payant pour les consultations, les soins et les médicaments. Il s’agit aussi d’instaurer le fonds solidaire de Zakat Al Mal et diriger la moitié des dons vers le financement de la santé.
S’agissant de l’emploi, le parti de la colombe veut créer un million de postes pour relancer l’économie après la crise du Covid-19. Il est question d’encourager la production nationale et soutenir la compétitivité du «Made in Morocco». A cet effet, le programme du RNI prévoit de substituer 30% des importations par des produits nationaux et garantir la préférence nationale dans les marchés publics. Il veut remplacer 30% de nos importations par des produits fabriqués localement de manière à préserver l’emploi.
Avec un potentiel de plus de 100.000 emplois créés, la production locale devrait culminer à une valeur de 34 milliards de DH. Dans le même sens, les indépendants veulent soutenir le monde rural et faire accéder 400.000 ménages ruraux à la classe moyenne.
Au niveau industriel, le programme ambitionne d’intensifier l’intégration locale des filières d’export afin de créer 400.000 emplois. Concernant l’éducation, le programme du parti veut revaloriser le métier d’enseignant. Leur salaire en début de carrière sera fixé à 7.500 DH net mensuel. L’objectif aussi est de renforcer les compétences fondamentales dès le primaire. Pour assurer de meilleurs conditions d’accès à l’école, le RNI veut généraliser les écoles communales, le transport et la cantine scolaires ainsi que le préscolaire pour tous les enfants dès l’âge de quatre ans.
Concernant les universités accueillantes et attractives, un plan d’investissement de 1,7 milliard de DH par an est décliné. Par ailleurs, en ce qui concerne l’Administration, il est prévu la création de «Dar Al Ousra», une sorte de guichet unique pour accompagner les familles dans leur protection sociale et leurs démarches administratives. Aussi, le contrôle de la qualité des services publics, notamment l’éducation et la santé, sera renforcé. L’accélération de la transition digitale au service des citoyens fait tout autant partie des priorités.