La réforme globale et intégrée de l’administration publique marocaine s’impose sans délai, a affirmé Sa Majesté le Roi Mohammed VI, appelant à ce que la notion de service public soit inscrite au cœur du nouveau modèle de développement.
Dans un message adressé aux participants au Forum national de la Haute Fonction publique, qui a ouvert ses travaux mardi à Skhirate, à l'initiative du ministère de la Réforme de l'administration et de la fonction publique, le Souverain a souligné que l’administration marocaine, qu’elle soit centrale ou locale, aborde un tournant majeur, qui exige que ses responsables s’impliquent avec vigueur dans la dynamique de changement économique et social que connait le Royaume.
Le Roi a indiqué dans ce message, dont lecture a été donnée par le Conseiller du Souverain, Abdeltif Manouni, qu’une réforme de l’administration était nécessaire afin de hisser sa productivité à des niveaux supérieurs et l’infléchir pour qu’elle s’adapte aux changements intervenus à l’échelle nationale, qu’elle assimile les dynamiques d’évolution à l’œuvre au niveau mondial, et qu’elle contribue à relever les défis de développement auxquels est confronté le Maroc.
"Pour notre pays, le choix est stratégique dans la mesure où une telle orientation permettra indéniablement d’asseoir les fondements du modèle de développement que Nous appelons de Nos vœux. Ainsi, l’Administration pourra élaborer et développer, dans des domaines variés, des politiques publiques efficaces et efficientes", a assuré le Souverain.
SM le Roi a rappelé, dans ce cadre, que depuis Son accession au Trône de Ses Glorieux Ancêtres, Il a œuvré à la mise en place du nouveau concept d’autorité, veillé à ce que le principe de bonne gouvernance soit inscrit au cœur de la Constitution comme une condition préalable à l’organisation et à la gestion du service public, et S’est attaché aussi à rendre opérationnel le principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes.
Le Souverain a, à cette occasion, appelé à l’adoption de la Charte des services publics, prévue par la Constitution et qui, dotée d’un caractère contraignant, doit devenir la référence fondamentale en matière de bonne gouvernance, de gestion des administrations publiques, des collectivités territoriales et des services publics.
"Notre vœu est que cette Charte soit l’expression franche et vigoureuse de Notre nouveau concept d’autorité qui englobe, in extenso, les administrations et les services publics, tous paliers et toutes catégories confondus, et, au premier chef, le système de la haute fonction publique", a noté SM le Roi dans ce message. Abordant la question fondamentale de l’efficacité de l’Administration publique et des établissements de l’Etat, le Souverain a fait savoir que deux démarches étaient indispensables pour un traitement judicieux de cette question, notamment une révision des méthodes de travail des structures administratives et une refonte des modalités de gestion des ressources publiques, en vue d’une utilisation optimale des moyens en place.
Et d’ajouter que la valeur et l’efficacité des administrations se mesurent aujourd’hui à l’aune de leur contribution à renforcer la compétitivité de leurs pays respectifs et ainsi à les mettre en capacité de livrer la rude bataille de captation des investissements, des compétences et des capitaux.
Cette efficacité, a poursuivi SM le Roi, dépend aussi de l’aptitude des organes administratifs à ouvrir de nouvelles perspectives de développement économique et social, à créer des opportunités d’emploi, notamment au profit des jeunes.
Le Souverain a, en outre, insisté sur l’importance de l’opérationnalisation du chantier structurant de la régionalisation avancée en tant que mode pratique et efficient de gouvernance territoriale et socle sur lequel l’Administration doit s’appuyer pour offrir au citoyen les prestations et les services de proximité dont il a besoin et pour le rapprocher des centres de décision.
Dans Son message, SM le Roi a également mis l’accent sur la nécessité de doter l’Administration de ressources humaines qualifiées, à travers également la formation et la mise à niveau continues des membres du personnel administratif, cadres et agents.
"De plus, les recrutements doivent être effectués en parfait accord avec les besoins réels de l’administration concernée et en fonction des qualifications requises pour les postes à pourvoir. Dans la même veine, il faut veiller au strict respect des critères de compétence, de mérite et d’égalité des chances au cours de ces processus d’embauche", a noté le Souverain.
"Il faut aussi s’attacher à former de nouvelles générations de responsables qui seront à terme insérés dans les différentes administrations et les divers services publics", a ajouté SM le Roi, soulignant l’importance de pouvoir attirer des compétences hautement qualifiées, dotées d’un sens élevé des responsabilités et pourvues d’aptitudes avérées de communication, de planification stratégique et d’efficacité dans la gestion des projets.
Pour assurer plein succès à ce chantier de réforme, il sera également question de l’amélioration des structures organisationnelles, du développement des méthodes de gestion, de la moralisation du service public et du perfectionnement du cadre juridique.
"Pour cela, il est souhaitable et utile de s’inspirer du modèle managérial du secteur privé, ainsi que des meilleures pratiques internationales dans ce domaine", a insisté le Souverain, notant que l'utilisation des nouvelles technologies est également un facteur clé pour améliorer le travail administratif.
De même, l’Administration marocaine ne pourra se hisser au niveau d’efficience et d’efficacité souhaité, si ne s’opèrent pas un changement des mentalités et une rupture avec des postures, des pratiques inavouables qui nuisent à l’Administration et à son personnel, notamment la corruption, la prévarication, l'abus de pouvoir et l’absence de discipline dans l’exercice professionnel.
Placé sous le Haut Patronage de SM le Roi, le Forum national de la Haute Fonction publique, initié sous le thème de la restructuration du système de la haute fonction publique, connaît la participation de plusieurs ministres et hauts responsables, dont des secrétaires et inspecteurs généraux, des directeurs centraux et régionaux, des experts et des acteurs dans le domaine de la fonction publique.
Ces assises s'assignent pour objectifs d’approfondir le débat sur le système de la haute fonction publique avec ses différentes composantes et de mener la réflexion sur les divers scénarios de réforme susceptibles d’être adoptés, avant d’aboutir à des recommandations pratiques et innovantes relatives à la restructuration du système de la haute fonction publique.
MAP