«L’enseignement français à l’étranger doit être une priorité»

Erwan Davoux candidat «Les Républicains» aux élections législatives à la 9ème circonscription des Français établis hors de France

 

Erwan Borhane Davoux est candidat «Les Républicains» aux élections législatives à la 9ème circonscription des Français établis hors de France. En visite au Maroc pour y rencontrer ses électeurs, il nous a accordé un entretien.

 

Finances News Hebdo : Pouvez-vous esquisser votre parcours pour nos lecteurs ?

 

Erwan Borhane Davoux : J’ai grandi en Tunisie, avant de poursuivre mes études à Paris. J’ai été fonctionnaire pendant une douzaine d’années au ministère de l’Intérieur et de la Défense. Suite à mon engagement en politique, j’ai démissionné de la fonction publique. J’ai été chargé de mission auprès de la présidence de la république sous Nicolas Sarkozy, pour la francophonie d’abord, puis le monde arabe. En 2015, j’ai choisi de rejoindre l’équipe d’Alain Juppé qui se présentait à la primaire. J’ai été responsable des Français de l’étranger au sein de son équipe. C’était pour moi un choix très naturel, puisque je me suis engagé en politique sous Jacques Chirac, qui est ma réfé­rence ultime. J’ai fait campagne aux côtés d’Alain Juppé, et maintenant je me range naturellement derrière le candidat de notre parti, François Fillon.

Je parcours cette circonscription qui compte 16 pays (Maghreb et Afrique de l’Ouest) depuis assez longtemps, pour recueillir les préoccupations des Français qui y vivent et pour bâtir, avec eux, un programme que je diffuse d’ailleurs dès cette semaine.

Cette région est particulière pour la France. Elle compte un grand nombre de binationaux et de brassage de population. Les binationaux ont un rôle important à jouer, de passerelle entre deux cultures. C’est la raison pour laquelle j’ai combattu le projet de François Hollande de déchéance de la nationalité qu’il voulait inscrire dans la Constitution.

 

F.N.H. : Comment voyez-vous l’évolution des relations de la France avec cette partie de l’Afrique que vous sillonnez ?

 

E. B. D. : J’ai déjà eu l’occasion de déplorer plusieurs fois l’affaiblissement de la France sur la scène internationale durant le quinquennat de François Hollande. J’estime que la France n’est plus leader sur aucun dossier diplomatique, et en particulier sur deux aspects qui me tiennent à coeur. Le premier est que la France a abandonné sa politique arabe telle que la pratiquait Jacques Chirac. Le Proche et le Moyen-Orient sont secoués par des crises alors que la France est totalement absente des tables de négociations. Le conflit israélo-palestinien perdure. La colonisation a été relancée récemment en toute impunité. Où est le temps où la France faisait entendre sa voix et était leader et précurseur depuis quelques années ?

Deuxièmement, vis-à-vis de l’Afrique, nous avons une relation historique, des binationaux, une langue commune, il y a des intérêts économiques importants. Pourtant, nous avons l’impression que la France n’a plus de politique africaine. La France s’endort alors que l’Afrique s’éveille.  Nous sommes d’accord pour dire que la Françafrique, c’est terminé. Que cela reposait sur un lien inégal et qui explique en partie la mau­vaise image de la France auprès de la jeunesse africaine. Je considère que la France doit garder un lien étroit avec l’Afrique, mais sur une base renouvelée, d’égal à égal. L'Hexagone n’a pas vocation à être le gendarme de l’Afrique, elle doit plutôt donner la priorité au secteur privé et aux partenariats dans tous les domaines.

 

F.N.H. : Parlons de la campagne présidentielle en France. Quelles sont les chances de François Fillon ?

 

E. B. D. : C’est une élection présidentielle assez inédite, puisqu’à deux semaines du premier tour, nous avons quatre candidats qui ont des chances d’être au deuxième tour. C’est du jamais vu. Mon sentiment est que notre candidat soit au deuxième tour, mais malgré tout, rien n’est acquis. Il y a une incertitude et c’est la raison pour laquelle j’appelle tout le monde à se mobiliser.

Je pense que Fillon est le candidat qui a le programme adapté à la France. Et c’est ce pro­gramme qui lui a permis, in fine, de gagner la primaire, parce que les Français comprennent que nous avons besoin d’un programme de réformes économiques structurelles. C’est maintenant ou jamais. François Fillon a la stature présidentielle, et dans un monde troublé, il semble être plus en mesure d’y faire face, en renouant avec la vision gaulliste de la politique étrangère.

 

F.N.H. : Le Maroc est le pays de la 9ème circonscription qui compte le plus d’élec­teurs français (50.000). Quel message sou­haitez-vous leur faire passer ?

 

E. B. D. : Je veux leur dire que durant ce quin­quennat, ils n’ont pas été prioritaires, notam­ment en matière d’éducation. Le budget que l’Etat consacre au financement de l’enseignement français à l’étranger a baissé de 8%, ce qui explique que les frais de scolarité augmentent. L’enseignement français à l’étranger doit pourtant être une priorité. Pour les non Français, il faut qu’il reste accessible. La fiscalité est un autre chantier. Les Français ont subi de nouvelles taxes durant ce quinquennat, notamment la CSG et CRDS qui servent à financer le déficit de la Sécurité sociale, alors que les Français de l’étranger ne bénéficient pas de cette protection sociale, ils ont leur propre caisse. Il y a aussi la place accordée aux Français de l’étranger au gouvernement et auprès des insti­tutions. Le gouvernement a annoncé, par exemple, il y a un mois qu’il supprimait le vote électronique pour les Français de l’étranger. C’est terrible, parce que c’est un déni de démocratie.

Je plaide également pour qu’il y ait un ministre délégué auprès des Français de l’étranger qui ait une vraie place, avec des attributions concrètes et une administration. ■

 

Propos recueillis par A.E

                                 

 

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