Dialogue social : les syndicats espèrent tourner la page Benkirane

Dialogue social : les syndicats espèrent tourner la page Benkirane

 

- Les centrales syndicales attendent au tournant le gouvernement Othmani 

- Certaines d’entre elles exigent le gel de la réforme des retraites

 

 

Les centrales syndicales sont prêtent à en découdre. Elles abordent la rentrée sociale avec de grandes attentes et des revendications revêtant le caractère d'urgence, selon leurs dirigeants, qui aspirent à une nouvelle ère de dialogue avec le gouvernement pour faire oublier les cinq ans de «blocage».

Les partenaires sociaux forment le vœu de pouvoir, enfin, tourner la période de «néant» ayant caractérisé le mandat du gouvernement Abdelilah Benkirane et inaugurer une phase plus fructueuse avec l’actuel exécutif.

La voie indiquée, d'après leur logique, n’est autre que l’institutionnalisation du dialogue social et la mise en place d’un échéancier précis pour la concrétisation des demandes de la classe ouvrière et la résolution des problématiques en suspens.

 

Le gouvernement affiche ses bonnes intentions

 

C’est justement ce que compte faire le gouvernement. Ce dernier va entamer l'actuelle saison sociale par le lancement du processus d'institutionnalisation du dialogue social. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle, Mohamed Yatim, dans un entretien à la MAP.

Yatim, lui même ancien syndicaliste, précise que les bases, les approches et le programme de ce dialogue seront mis en place en concertation avec les centrales syndicales. D’ailleurs, son département a déjà tenu une série de rencontres avec les syndicats.

De même, le chef du gouvernement va recevoir les secrétaires généraux des centrales syndicales lors d'une première rencontre de concertation afin de recueillir leurs opinions, tirer profit des aspects positifs du processus du dialogue social et éviter les problèmes liés à sa gestion qui ont lieu ces dernières années.

Le ministre a, par ailleurs, rappelé le lancement du dialogue sectoriel après la parution d'un décret du chef du gouvernement dans ce cadre, soulignant l'engagement des secteurs gouvernementaux à achever ce processus en vue d'entamer le 2e round du dialogue central, dont le lancement est prévu vers fin septembre et début octobre, à travers un dialogue tripartite.

En outre, Yatim a réitéré la volonté du ministère de lancer une série de rencontres préparatoires du dialogue social avec la CGEM et les centrales syndicales, notamment pour ce qui est des questions liées au secteur privé, du moment que les revendications de ce secteur reposent sur la mise en place de bases de dialogue entre le gouvernement et les entreprises.

 

Des dossiers chauds sur la table

 

Parmi les dossiers épineux, figurent notamment celui de la réforme des retraites et l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des salariés, outre le volet législatif se rapportant à la mise en place de projets de lois sur la grève, les syndicats et le Code du travail.

Lesdits projets ont été présentés à la chambre des Représentants, alors qu'il fallait engager de larges consultations sur ces textes, de l'avis des centrales, qui contestent leur exclusion de ce processus.

Dans ce sillage, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), El Miloudi Moukharik (photo) a qualifié «d’exceptionnelle» l’actuelle rentrée sociale en raison de la grogne de la classe ouvrière, faisant état de «violation des droits syndicaux au vu et au su des autorités gouvernementales».

De son côté, l’UMT exige le gel de la réforme «de mauvais augure» sur les retraites menée par l’ancien exécutif «sans la moindre concertation», d'autant que la commission d’enquête diligentée par la chambre des Conseillers a attesté du caractère préjudiciable de ce texte, qui porte atteinte au pouvoir d’achat des employés.

Le secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), Abdelkader Ezaire, a indiqué de son côté que la conjoncture sociale actuelle «n'incite pas à l'optimisme car le gouvernement Benkirane a pris des mesures ayant débouché sur le renchérissement du coût de la vie et l’augmentation des prix du carburant».

«Tout au long des cinq années du gouvernement Benkirane, nous n'avons même pas pu convenir d'un ordre du jour, ce qui nous a poussé à opter pour toutes les formes de protestation, mais toujours en vain», a-t-il martelé.

Pour l’universitaire Said Khomri, le dialogue social a «pâti du blocage» car la majeure partie des centrales se plaignaient de l’absence d’un échange «sincère, ne serait-ce que pour la satisfaction des attentes les plus basiques, particulièrement à la lumière du renchérissement du coût de la vie, de la stagnation des salaires et du poids des impôts».

«On s’attend à l’ouverture d’une nouvelle page par l’actuel gouvernement avec les centrales syndicales», estime-t-il, soulignant que la rentrée est «un moment déterminant pour redonner vie au dialogue et à prendre des initiatives tangibles, sans quoi, le gouvernement devra faire face à de fortes protestations sociales».

En cas de persistance du blocage, Khomri prédit «une déstabilisation» du gouvernement.

 

 

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