Par C. Jaidani
A l’approche des élections, certains élus cherchent à profiter des moyens des collectivités territoriales (CT) pour financer leur campagne électorale, mais pour les prochains scrutins, leur marge de manœuvre s‘avère très réduite. Il faut dire que les CT sont lourdement impactées par la crise sanitaire qui a affecté leurs recettes. Outre les restrictions budgétaires pour rationnaliser drastiquement les dépenses, ces entités locales font face à des charges importantes, notamment celles du personnel et d’autres frais de fonctionnement.
Pour l’élaboration de leur budget pour le compte de l’exercice 2021, les CT ont reçu des instructions fermes de la part de l’Intérieur afin de prioriser les dépenses à caractère obligatoire comme les salaires, les indemnités des fonctionnaires, les redevances d’eau et d’électricité, de téléphone, d’Internet, les loyers et les échéances de crédits. Au niveau des investissements, la priorité est donnée aux projets signés devant le Roi en cours d’exécution ou faisant l’objet de conventions conclues avec des institutions nationales ou internationales, en s’assurant de l’engagement des partenaires de mobiliser les fonds programmés. Il est donc difficile pour les élus, dont les présidents des CT, d’utiliser les ressources dans des dépenses fictives lors du prochain scrutin.
«Auparavant, nous disposions d’un stock important de produits consommables pour trois mois au moins. Actuellement, les livraisons se font au compte-gouttes. Certains produits ne sont plus disponibles. Un matériel déjà amorti et qui devait être remplacé est toujours opérationnel faute de renouvellement. Le comble, c’est que les contrats d’entretien n’ont pas été reconduits et cela devrait perturber sérieusement le bon fonctionnement de l’administration», témoigne un comptable à la commune urbaine de Casablanca.
D’autres échos font état de restrictions sur les bons de carburant et les moyens de locomotion. Ces dispositions ont réduit sensiblement les marges de manœuvre des présidents des communes, qui jouent sur les dépenses pour soutenir leur campagne. Jadis, ils profitaient de la période précédant les élections pour lancer des projets ayant une certaine visibilité pour séduire les électeurs. On peut citer la réalisation des routes, leur revêtement, le lancement de marchés de proximité, des programmes de relogement, l’éclairage public, l’aménagement urbain ou des espaces verts.
Les présidents favorisent les projets dans des zones où ils ont une certaine popularité pour assurer leur réélection. Ils capitalisent aussi sur les associations locales pour maintenir le relais auprès des électeurs. Pandémie oblige, elles ont été fortement impactées et figurent parmi les premiers acteurs qui ont vu une réduction, voire une suspension des subventions. Pour réduire l’utilisation de l’argent dans les prochaines campagnes électorales, le département de l’Intérieur a fixé un plafond des dépenses pour chaque candidat.
Ainsi, il a été décidé 300.000 DH pour les candidats à la Chambre des conseillers, 150.000 DH pour les membres du Conseil des régions, 60.000 DH pour les membres des Conseils préfectoraux ou provinciaux et enfin 50.000 DH pour les membres des Conseils communaux. Chaque candidat doit prouver l’origine de ses fonds et aussi leur affectation. Par ailleurs, l’Intérieur a exigé que ces fonds soient déposés dans un compte bancaire unique et soumis au contrôle et à la supervision de la Cour des comptes. Selon le code électoral, les partis politiques et les syndicats sont tenus de rendre les fonds non dépensés dans les campagnes électorales.