Pour sa première participation au Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine en tant que membre, le Maroc s’est illustré à travers le discours royal adressé aux participants à ce sommet ouvert ce lundi 3 juillet 2017.
Le message royal lu par SAR le Prince Moulay Rachid lors de ces assises panafricaines a concédé une place de choix à la jeunesse de ce continent comme vivier de développement et de stabilité, et un gage d’avenir radieux.
«Sa croissance démographique, ses institutions, la migration et la jeunesse constituent des opportunités qu’il nous incombe collectivement de saisir», lit-on dans le discours.
Soucieux de l’avenir des jeunes, le Roi Mohammed VI a appelé de ses voeux à une politique volontariste orientée vers la jeunesse qui canalisera l’énergie pour le développement, rappelant à juste titre que l’avenir de l’Afrique passe par sa jeunesse. Il a rappelé d’ailleurs le gisement que constitue ce «dividende» :
«Aujourd’hui, près de 600 millions d’Africains et d’Africaines sont des jeunes. En 2050, 400 millions d’Africains auront entre 15 et 24 ans. Cette progression souligne l’urgence d’orienter le dividende démographique vers l’émergence du continent».
Une main-d’oeuvre jeune, éduquée et abondante pour nourrir sa croissance économique, patauge dans les méandres du chômage, puisque «chaque année plus de 11 millions de jeunes Africains font leur entrée sur le marché du travail, alors que seuls 3 millions d’emplois sont créés». Ce qui se traduit par une situation de paupérisation accrue pour cette catégorie de la population: «Plus de 70% des jeunes Africains vivent avec moins de 2 dollars par jour».
Pour le Roi, la réponse réside dans un traitement volontariste du triptyque «éducation, enseignement supérieur et formation professionnelle» avec une exigence élevée de qualité. Mais également dans les investissements conséquents, durables et judicieux qui doivent être entrepris dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la formation professionnelle et de l’emploi… afin que cette jeunesse puisse exprimer ses talents et contribuer à l’essor de l’Afrique.
Quand le potentiel peut devenir un danger
Il va sans dire que ce potentiel se transforme en un véritable danger pour le continent si la jeunesse est livrée à son sort. «Près de 40% des personnes au chômage sont des recrues de choix pour les mouvements rebelles, les groupes extrémistes ou terroristes qui sévissent à travers le continent», avertit le Roi dans son discours.
Le choix des mots n’a d’égal que l’urgence de la situation :
«L’Afrique perd ses jeunes, par la migration légale ou illégale. Cette déperdition est injustifiable. Le destin de nos jeunes est-il au fond des eaux de la Méditerranée ? Leur mobilité doit-elle devenir une hémorragie ?».
Le Roi a dévoilé dans son discours l’intention de soumettre une contribution axée sur la nécessité de développer une Vision africaine commune sur la migration, ses enjeux et ses défis. «Il s’agit avant tout de modifier nos perceptions face à la migration, de l’aborder, non comme une contrainte ou une menace, mais comme une force positive». Il rappelle d’ailleurs l’importance d’un travail pour l’élaboration d’un Agenda africain sur cette thématique et de transformer cette promesse de lendemains meilleurs en actions concrètes pour une Afrique nouvelle. ■
Par I. Bouhrara