À l’occasion du Gitex Africa 2025, nous avons rencontré Godfrey Sullivan, responsable des produits et solutions chez Visa pour la région couvrant l’Europe centrale, l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique. Il revient sur l’importance de l’événement, les grandes tendances des paiements sur le continent et les projets de Visa en Afrique.
Finances News Hebdo : Quelle est l’importance stratégique pour Visa de participer au Gitex Africa ?
Godfrey Sullivan : Gitex est l’événement majeur du continent africain en matière de technologie. Comme vous pouvez le constater, l’endroit déborde d’innovations, non seulement dans les services financiers, mais aussi bien au-delà. Visa est active dans 54 pays en Afrique, et cet événement est essentiel pour nous connecter aux acteurs locaux, partager ce que nous faisons et surtout découvrir les innovations portées par les fintechs et les banques africaines.
F.N.H. : Quelles sont, selon vous, les grandes tendances qui transforment actuellement les paiements numériques en Afrique ?
G. S. : Je dirais qu’il y en a quatre principales. La première, c’est la montée en sophistication des paiements digitaux du côté des consommateurs. Pendant longtemps, le mobile money s’est appuyé sur la technologie USSD, c’est-àdire des transactions par SMS. Aujourd’hui, avec la montée en puissance des smartphones, de nombreuses fintechs et banques proposent des expériences client de niveau mondial. Deuxième tendance : l’adoption de l’intelligence artificielle, que ce soit pour améliorer l’expérience d’achat, les services bancaires ou les paiements. C’est un mouvement de fond qui va s’intensifier dans les 18 mois à venir. Troisièmement, l’essor des stablecoins. Ces monnaies numériques adossées à des actifs stables sont de plus en plus utilisées pour les transactions, et nous suivons de très près leur évolution. C’est un domaine sur lequel nous travaillons activement. Enfin, il ne faut pas oublier l’enjeu de la sécurité. Plus il y a d’innovation, plus il y a aussi de risques, notamment de fraudes. C’est pourquoi nous investissons massivement pour garantir la sûreté des paiements pour tous nos clients.
F.N.H. : Comment Visa accompagne-t-elle l’innovation sur le continent ?
G. S. : Nous avons lancé plusieurs initiatives, dont le programme Africa Fintech Accelerator, qui accompagne les startups du continent. À ce jour, nous avons échangé avec environ 1.200 fintechs, et tous les six mois, nous en sélectionnons 20 pour les intégrer au programme. C’est une manière concrète pour nous de soutenir l’écosystème. Nous avons également réalisé un investissement stratégique au Nigeria dans Moneypoint, un pays très important pour nous. En parallèle, nous développons de nouvelles solutions. Par exemple, nous déployons actuellement Visa Pay en République démocratique du Congo, en collaboration étroite avec des banques et des fintechs locales. L’innovation est au cœur de notre mission sur le continent africain.
F.N.H. : Quel rôle jouent les partenariats locaux dans votre stratégie en Afrique ?
G. S. : Ils sont essentiels. Nous ne croyons pas à une approche uniforme pour tous les pays. Chaque marché africain a ses spécificités. C’est pourquoi nous travaillons main dans la main avec des banques, des fintechs, des institutions publiques et même des régulateurs pour construire des solutions adaptées. Notre ambition est de cocréer un écosystème solide, inclusif et durable.