Intelligence artificielle : un défi d’échelle pour le Maroc

Intelligence artificielle : un défi d’échelle pour le Maroc

L’intelligence artificielle bouleverse les modèles économiques et organisationnels à travers le monde. Le Maroc ne fait pas exception.

 

Par K. A.

Lors d’un événement organisé récemment par KPMG Maroc, plusieurs experts, décideurs et acteurs économiques se sont réunis pour débattre de l’impact de l’IA sur le tissu entrepreneurial national. Si cette technologie ouvre des perspectives prometteuses, elle soulève également des interrogations : comment structurer un écosystème viable ?

Quelles opportunités concrètes pour les entreprises marocaines ? Et surtout, comment éviter que le pays ne se limite à un rôle de consommateur passif au lieu de devenir un acteur de premier plan ? Selon une étude de PwC, l’intelligence artificielle pourrait contribuer à hauteur de 15.700 milliards de dollars au PIB mondial d’ici 2030. Dans cette course effrénée, les grandes puissances économiques investissent massivement.

La Chine et les États-Unis concentrent, à eux seuls, plus de 70% des investissements mondiaux en IA, tandis que l’Europe tente de structurer une approche réglementaire et technologique plus cohérente. Le Maroc, lui, peine encore à s’inscrire dans cette dynamique à grande échelle. Loin d’être une mode passagère, l’intelligence artificielle est aujourd’hui un levier incontournable de transformation. Elle optimise les processus, améliore l’efficacité des entreprises et ouvre de nouvelles perspectives de croissance. «L’IA n’est plus une option que les entreprises peuvent choisir d’ignorer. Elle façonne déjà les nouvelles dynamiques économiques et organisationnelles. L’enjeu est de l’intégrer efficacement dans les stratégies pour ne pas être relégué au second plan», affirme Tarik Smirès, associé chez KPMG Maroc.

Les récentes avancées en IA ont été marquées par l’émergence de modèles toujours plus performants comme OpenAI, Google Gemini, Mistral ou encore Grok. «Ces technologies ne se limitent plus à optimiser les processus, elles redéfinissent entièrement la manière dont les entreprises interagissent avec leurs clients et structurent leur croissance», souligne Axel de Goursac, associé chez KPMG.

Un écosystème en construction

L’événement a permis de dresser un état des lieux du développement de l’intelligence artificielle au Maroc. Issam Alaoui, fondateur de AIOX Labs, insiste sur la nécessité d’une approche proactive pour éviter un retard technologique. «Nous avons deux choix : observer l’évolution de l’IA et en adopter certaines applications, ou bien structurer un écosystème capable de créer nos propres solutions adaptées à nos besoins et réalités locales», note-t-il.

Un exemple concret de cette dynamique est la startup DeepEcho, qui développe une IA dédiée au diagnostic prénatal en partenariat avec des chercheurs et des centres hospitaliers. Son objectif ? Détecter des maladies fœtales grâce à l’analyse de milliers d’images échographiques. Dans le secteur bancaire, l’intelligence artificielle révolutionne également les pratiques. Hiba Fergag, Product Manager Data & IA chez Attijariwafa bank, met en avant plusieurs cas d’usage : «l’IA nous permet d’analyser les comportements des clients, d’anticiper leurs besoins et de renforcer la lutte contre la fraude. Son intégration améliore la réactivité et la précision de nos services».

La donnée, pilier fondamental de l’IA

L’un des principaux défis liés à l’intelligence artificielle est l’accès à des données fiables et bien structurées. La performance des algorithmes dépend directement de la qualité et de la disponibilité des informations qu’ils exploitent. «La préparation et le nettoyage des données représentent 80% du travail en IA. Sans un cadre rigoureux, les algorithmes risquent de produire des résultats erronés ou biaisés, nuisant ainsi à leur efficacité», explique Zineb Mezzour, experte Data & IA chez KPMG.

En parallèle, la protection des données personnelles devient une préoccupation majeure, notamment avec l’application de lois comme le RGPD en Europe ou la loi 09-08 sur la protection des données personnelles au Maroc. «L’IA est un formidable outil, mais son efficacité dépend de la capacité des entreprises à monter en compétence», souligne Younes Obohou, Regional Tech Lead chez Microsoft. «Chez Microsoft, nous accompagnons cette transformation en proposant des formations et des certifications adaptées aux besoins des professionnels», ajoute-t-il.

L’intelligence artificielle représente une opportunité unique pour le Maroc. Toutefois, son adoption à grande échelle nécessitera une action concertée entre les entreprises, les pouvoirs publics et les acteurs de la formation. 

 

 

 

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