Après dix ans de tracas, tant en ce qui concerne les coûts des infrastructures que le retour sur investissement, la réglementation et même les perturbations de l'aviation, la 5G revient à la charge avec une connectivité qui s'accélère dans le monde entier.
Par K. A.
Suivre les déboires de la 5G, c'est un peu comme soutenir une équipe de football qui oscille entre maintien et relégation. Après deux années de turbulences qui ont vu le déploiement et l'expansion des réseaux 5G perturbés par la pandémie, une voie plus claire vers l'adoption est désormais en vue. Dans son rapport sur l'économie mobile de cette année, la GSMA a déclaré qu'elle s'attend à ce que le nombre de connexions mondiales 5G atteigne un milliard en 2022.
Un chiffre qui devrait doubler pour atteindre deux milliards d'ici 2025. Selon les dernières estimations d'Ericsson, le marché de la 5G devrait atteindre le milliard d'abonnements fin 2022, soit un peu plus du double qu'en décembre 2021. Plus des trois quarts seront localisés dans la région Asie-Pacifique avec près de 790 millions d'utilisateurs. Si cela se confirme, la 5G aura mis deux ans de moins que la 4G pour atteindre ce seuil d'adoption après son lancement. La Chine à elle seule compte environ 497 millions d'utilisateurs 5G, qui comprennent des abonnés à ses deux principaux opérateurs publics - China Mobile et China Unicom. Ces chiffres devraient dépasser 560 millions d'ici 2023, selon le gouvernement chinois.
D'ici l'année prochaine, les réseaux 5G de ce territoire devraient être utilisés par plus de 40% des utilisateurs de téléphones mobiles, a ajouté le gouvernement. L'Amérique du Nord, qui a revendiqué l'année dernière 80 millions d'abonnements 5G, est un autre territoire en voie de croissance massive, avec des chiffres qui devraient atteindre plus de 400 millions d'ici 2027. La Corée du Sud, l'un des premiers pays à déployer des réseaux commerciaux 5G, compte désormais 36% de sa population utilisant la 5G, selon la société d'études de marché technologique Omdia.
L’Europe accuse du retard
L'adoption et les innovations de la 5G dans ces territoires clés laissent l'Europe un peu passive en comparaison. Le rapport sur l’état des communications numériques de l'Association européenne des opérateurs de réseaux de télécommunications (ETNO) indique que l'adoption de la 5G en Europe ne représente que 2,8% du nombre total de connexions mobiles, contre 13,4% aux États-Unis et 29,3% en Corée du Sud, bien qu’ils soient accessibles à 62% de la population. Dans ce sens, le PDG du groupe Vodafone, Nick Read, a averti le mois dernier lors du Mobile World Congress qu’«aux taux actuels, il faudra une décennie à l'Europe pour égaler l'expérience 5G complète transformationnelle que la Chine s'apprête à réaliser cette année déjà», a déclaré Read.
Les opérateurs marocains guettent les licences
Selon les chiffres annoncés par la dernière note de conjoncture de la DEPF, «la région MENA a atteint 710 millions d’abonnés en 2020 et devrait atteindre 850 millions en 202,6 dont 51% en 4G et 15% en 5G». L’Afrique subsaharienne, quant à elle, recèle une marge d’expansion importante, avec un nombre d’abonnements de 477 millions en 2019 et devrait atteindre 890 millions en 2026, soit le taux de croissance le plus important (+4% en moyenne annuelle), dont 30% en 4G et 5% en 5G. Au Maroc, il est prévu que les réseaux et services 5G soient disponibles à compter de 2023, année qui correspond à la période couverte par la note d’orientations générales pour le développement du secteur des télécommunications au Royaume.
Epine dorsale de cette technologie, les opérateurs Maroc Télécom, Orange et Inwi sont à l’affût et ont développé une technologie 5G préliminaire. Mais, c’est à l'ANRT d'approuver ces bandes pour une utilisation formelle, ce qui devrait permettre au secteur d'atteindre, à horizon 2023, un chiffre d'affaires de l'ordre de 35 milliards de dirhams pour un parc d'abonnés Internet de 33,86 millions. D’ailleurs, des études sont actuellement menées pour proposer les conditions et modalités d’exploitation de réseaux 5G dans le Royaume afin d’identifier et préparer les schémas de réaménagement du spectre des fréquences cible. Comme la 4G a pris 10 ans et ce n’est pas encore fini, la construction du réseau 5G au Maroc pourrait prendre des années pour un déploiement généralisé sur l’ensemble du territoire national.