Dans un secteur des assurances en proie à de profondes mutations, qui demanderont sans doute une revue des procédures de contrôle interne de la profession, Wafa Assurance a pu consolider, courant 2015, sa position de leader et revendique 21,4% de parts de marché.
La compagnie, qui présentait cette semaine ses réalisations à la presse, a en effet enregistré, au 30 juin 2015, un chiffre d’affaires global en hausse de 6,4% à 3,3 Mds de DH. Mais c'est l'activité de placement qui a généré le plus de gains, avec une hausse à deux chiffres. Combiné à une baisse des coûts et à la hausse des primes, le résultat technique augmente sensiblement, malgré la stabilité du résultat net.
On aurait pu s'attendre à bien moins en termes de résultat financier, car le marché financier marocain est resté globalement stable à baissier pendant ce premier semestre. La Bourse a fini le semestre en baisse de 1,5%, quand le marché obligataire se stabilisait après une forte baisse l'an dernier. Pourtant, en jouant sur "le matelas de gras" dont elle dispose, Wafa Assurance a pu générer un résultat financier non-Vie de 403 MDH, alors que le résultat financier Vie s'est établi à 413 MDH, soit des hausses respectives de 17,6% et 15,9%.
Mais ce n'est pas tout. Wafa Assurance a également travaillé son affûtage pendant ce premier semestre. «Nous souhaitons être une compagnie agile et svelte», explique son PDG, Ali Harraj, qui, au passage, a été beaucoup plus disert ce semestre que le précédent où il venait à peine de prendre ses fonctions à la tête de la société. Une sveltesse qui se matérialise par une maîtrise du ratio combiné dans le non-Vie qui a atteint 95,5%, en amélioration de presque 3 points, et un ratio S/P de 60,1%.
En face, les ventes ont été au rendez-vous, car elles progressent de 6,4% à 3,4 Mds de dirhams, soit 2 points de plus que le marché. Dans le détail, l'activité Vie croît de 10,7% à 1,5 Md de dirhams grâce à l'épargne, et la non-Vie grimpe de 3% à 1,8 Md de dirhams.
Un résultat technique en hausse
La combinaison entre hausse des ventes, baisse des coûts de production et hausse des revenus financiers a naturellement conduit à une amélioration du résultat technique. La Vie a permis de dégager un résultat de 215 MDH, en hausse de 6,7%, quand la non-Vie a vu son résultat augmenter de 26,6% à 456 MDH. Cela dit, selon Tawfiq Benjelloun, DGA en charge du pôle Finances, «des frais financiers liés à des droits d'enregistrement dans le portefeuille libre de la compagnie ont absorbé ces résultats». Au final, le net consolidé est resté stable à 479 MDH par rapport à l'an dernier. C'est peut-être le seul bémol à apporter à ce tableau. Mais le marché lui pardonnera sans doute car, il y a quelques mois, Wafa Assurance a restitué l'équivalent d'un an de bénéfices aux actionnaires à travers un dividende exceptionnel. La compagnie, dont le ratio de solvabilité est de 364% pour un ROE de 23,4% et des investissements peu consommateurs de fonds propres, dispose d'une marge de manoeuvre pour bien piloter ses résultats.
Montée en puissance des filiales
Si aujourd'hui les différentes filiales de la compagnie sont encore au stade embryonnaire en matière de contribution au résultat global, cela n'empêche pas le management de leur consacrer de plus en plus de temps lors des rencontres de presse. Et comme pour marquer le coup et montrer l'intérêt pour l'international, on nous annonçait le jour même de la conférence de presse le démarrage de l'activité de la nouvelle filiale dans la branche Vie au Sénégal. Hasard du calendrier ? Sans doute pas. Aujourd'hui, en plus de la Tunisie où la filiale locale vient d'arriver à l'équilibre après un peu plus de 3 ans d'activité, Ali Harraj a annoncé que le marché africain est vierge et ne demande qu'à être servi. Pour lui, clairement, l'international n'est pas un moyen d'accroître la notoriété de la société, mais bel et bien un relais de croissance pour les années à venir. Après tout, la maison-mère, Attijariwafa bank, a démarré comme cela et, aujourd'hui, l'international représente 30% de ses revenus...
Adil Hlimi