Avec 6 filiales agréées en Afrique dans 4 pays, l’appétit de Wafa Assurance pour le continent se confirme. Le Groupe a d’ores et déjà mis en place une nouvelle direction dédiée au support et au pilotage des filiales à l’international.
Le virus du panafricanisme se propage petit à petit dans le corps de Wafa Assurance. Sur les traces de sa maison-mère, Attijariwafa bank, la compagnie d’assurance commence à prendre goût aux verts prés africains. Après avoir posé ses baluchons en Tunisie et au Sénégal, Wafa Assurance a en effet, en l’espace de quelques mois, hissé ses couleurs au Cameroun et en Côte d’Ivoire, portant à 6 le nombre de filiales agréées en Afrique. C’est encore peu comparé à une concurrente comme Saham Assurance. C’est encore peu comparé à la présence remarquée d’Attijariwafa bank en Afrique subsaharienne, surtout que la logique d’implantation de la compagnie est étroitement liée aux pays de présence de sa maison-mère. «Nous nous intéressons prioritairement au marché de la zone Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurances), notamment dans les pays où la banque est déjà implantée. Mais nous regardons également d’autres opportunités», confirme Ali Harraj, PDG de la compagnie d’assurances. Pour autant, Wafa Assurance préfère y aller doucement, mais sûrement, à travers un modèle de croissance qui bannit la prise de participation dans des compagnies existantes : désormais, elle déploie en greenfield ses activités à l’international, et ce d’autant qu’elle pourra aisément développer des synergies fructueuses avec les filiales bancaires d’Attjariwafa bank qui occupent, dans leurs marchés respectifs, des positions assez confortables. Cette stratégie semble, en tout cas, porter ses fruits. En effet, Attijari Assurance est dans une bonne dynamique. La filiale tunisienne de Wafa Assurance a terminé l’exercice sur un chiffre d’affaires de 238 MDH, en progression de 17%, dopé par l’épargne (+5,3%) et la prévoyance qui s’apprécie de 1,5 fois. Le résultat net, pour sa part, ressort positif à 7 MDH. Au Sénégal, la filiale non-vie, qui vient de boucler sa première année pleine d’activité, a dégagé un chiffre d’affaires de 19 MDH, dont 40% proviennent de l’automobile, pour un résultat net déficitaire de 2 MDH. Quant à la filiale vie, elle affiche, en moins de quatre mois d’activité, un chiffre d’affaires de 6 MDH et un résultat net déficitaire de 6 MDH. S’il y a eu décalage entre les dates de démarrage des activités des deux filiales, c’est que dans le domaine de la vie, «cela prend du temps, d’autant qu’il fallait mettre en place un modèle de bancassurance intégré avec la filiale d’Attijariwafa bank, la CBAO», explique Harraj. Au Cameroun, deuxième marché de la zone Cima, ce n’est qu’en juillet dernier que la compagnie a décroché son agrément d’assurance vie. «Nous démarrons par une filiale vie pour développer l’activité de bancassurance en s’appuyant sur le réseau de distribution de la SCB, filiale bancaire d’Attijariwafa bank. C’est un modèle de bancassurance qui a fait ses preuves et que nous dupliquons dans cet important marché où il y a des besoins en matière d’assurance retraite, épargne et produits de décès», souligne Harraj, tout en précisant qu’il n’est pas exclu pour la compagnie de demander, plus tard, un agrément pour la non-vie. En Côte d’Ivoire, premier marché d’assurance en Afrique subsaharienne francophone, c’est tout récemment, le 2 février 2016, que Wafa Assurance a obtenu deux agréments pour la vie et la non-vie. Sur ce marché stratégique, il s’agira non seulement de développer un marché additionnel dans l’assurance vie en s’appuyant sur le réseau de la Société Ivoirienne de Banque, filiale bancaire du groupe Attijariwafa bank en Côte d’Ivoire, mais aussi de proposer aux particuliers et aux entreprises une large palette de produits et services en matière d’assurance non-vie. «Un acteur comme Wafa Assurance a toute sa place dans ces marchés, et nous comptons apporter toute notre expertise et notre savoir-faire pour innover et créer un marché additionnel dans ces pays», relève Harraj. Des pays où la réglementation oblige à avoir deux filiales distinctes pour exercer les activités vie et non-vie. Enfin, il faut noter que Wafa Assurance est également présente au Gabon à travers un partenariat (acceptation d’assurance) avec le Groupe Ogar, leader de l’assurance dans ce pays.
Ambitions soutenues
Tout porte à croire que Wafa Assurance va continuer à accroître son périmètre d’intervention en Afrique subsaharienne. La prochaine cible ? Ali Harraj n’a pas voulu nous en dire plus. Mais l’appétit du Groupe pour l’Afrique est bien réel. Et il s’y prépare d’ores et déjà, comme en témoigne la mise en place de la nouvelle direction dédiée au support et au pilotage des filiales à l’international. A l’évidence, il y a des parts de marché à prendre sur ce continent qui ne représentait que 1,6% (marchés vie et non-vie) du marché mondial de l’assurance (4.641 milliards de dollars) en 2013, selon les chiffres de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF). D’ailleurs, de l’avis de Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurances, qui s’exprimait à l’occasion de l’AG de la FANAF tenue récemment, «ce mouvement d'internationalisation est naturel et inéluctable compte tenu de la taille des assureurs marocains qui ne peuvent accélérer leur croissance que par la recherche de relais dans les pays subsahariens».
Le Maroc abritera la prochaine AG de la FANAF
A l'occasion de la 40ème assemblée générale de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (FANAF), tenue à Abidjan (Côte d'Ivoire), le Maroc a été choisi à l'unanimité pour abriter la prochaine AG prévue en 2017. La candidature du Maroc a été portée par la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), présidée par Mohamed Hassan Bensalah. C'est la première fois dans les annales de cette institution, créée en 1976, que l'Afrique du Nord a le privilège d'accueillir cet événement d'envergure. Et c'est la ville de Marrakech qui abritera cette manifestation devant réunir un millier de professionnels du monde de l'assurance, de la réassurance et de la finance. Le choix du Maroc semble logique au regard notamment du développement de ce secteur. Avec 3,2 milliards de dollars US de primes émises à fin 2015, le Royaume continue en effet d'occuper le deuxième rang africain derrière l'Afrique de Sud. Pour rappel, la FANAF regroupe 194 sociétés membres représentant 29 pays africains.
David William