Le Programme intégré d'appui et de financement de la TPME est inédit par son ampleur et par les mesures qu’il contient.
Jamais dans l’histoire du Maroc les conditions de financement des TPME n’ont été aussi accommodantes.
Répondant aux vœux du Souverain, le secteur bancaire a plafonné à 2% le taux d'intérêt des crédits qui seront accordés aux bénéficiaires de ce programme.
Par M.D
Il aura fallu exactement 3 mois et 16 jours après le discours royal du 11 octobre 2019, prononcé à l’occasion de la rentrée parlementaire pour que le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, et le président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Othman Benjelloun, rendent leur copie afférente au Programme intégré d’appui et de financement des entreprises au Roi.
Le discours du Souverain du 11 octobre a enclenché une véritable mobilisation générale au sein des acteurs du secteur bancaire afin d’imaginer des mécanismes dédiés aux populations et aux catégories d’entreprises qui ont le plus besoin de financement et d’accompagnement, notamment les jeunes diplômés, les TPE, les autoentrepreneurs, les ruraux, etc. Ces populations étaient jusque-là quasi exclues du système financier classique.
En application des hautes instructions royales, le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et le secteur bancaire ont présenté au Roi un véritable Plan Marshall pour faciliter l'accès des jeunes et des entreprises au financement.
6 Mds de DH sur la table
Le programme présenté par l’argentier du Royaume au Souverain est structuré autour de trois principaux axes que sont le financement de l’entrepreneuriat, la coordination des actions d’appui et d’accompagnement de l’entrepreneuriat au niveau des régions et l’inclusion financière des populations rurales.
La nouvelle initiative qui a présidé à la création d’un compte d’affectation spéciale, Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat dans le cadre de la Loi de Finances 2020 comporte plusieurs mesures destinées à transcender les difficultés qui entravent l’accès au financement des jeunes porteurs de projets et des très petites et petites entreprises.
Le Fonds est doté d’une enveloppe de 6 Mds de DH répartie sur une durée de 3 ans, financée à parts égales par l’Etat et le secteur bancaire. Outre l’approche volontariste dont fera preuve son département, en collaboration avec les principaux concernés, en termes de simplification des procédures, de facilitation des conditions de garanties et de réduction des coûts des crédits, l’argentier du Royaume a révélé que le programme contribuera chaque année à la création d'environ 27.000 nouveaux postes d'emplois et à l'accompagnement de 13.500 entreprises supplémentaires.
La coordination et le suivi de l’exécution des mesures relatives à l’accompagnement entrepreneurial du programme seront assurés par les commissions au niveau des régions.
A noter que le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration veillera, en concertation avec la Banque centrale, au suivi de la mise en œuvre du programme, à travers l’établissement de rapports périodiques qui seront soumis au Souverain.
Des mesures inédites
A dispositif exceptionnel, mesures exceptionnelles. Abdellatif Jouahri a ainsi annoncé la mise en place de la part de BAM d’un mécanisme de refinancement illimité de tous les crédits bancaires accordés aux catégories évoquées par le Souverain dans son discours du 11 octobre 2019. Ce mécanisme bénéficiera aux financements adressés au secteur agricole et aux projets réalisés en milieu rural.
Un taux d'intérêt préférentiel de 1,25% dans le cadre du mécanisme de refinancement des banques des catégories cibles sera appliqué, soit 100 points de moins que le taux directeur de la Banque centrale qui est actuellement de 2,25%.
L’autre nouveauté présentée est la réduction des exigences en fonds propres dans le cadre des règles de précaution appliquées aux banques pour les crédits accordés à la population ciblée. Toutes ces mesures témoignent de l’ampleur de la mobilisation générale du secteur financier dans son ensemble.
Des taux historiquement bas
Répondant aux vœux du Souverain, le secteur bancaire a plafonné à 2% le taux d'intérêt des crédits qui seront accordés aux bénéficiaires du programme. Ce qui représente le plus bas taux jamais appliqué au Maroc.
S’agissant du monde rural, le plafond sera de 1,75%, et ce malgré le risque crédit plus élevé du fait de l’étroitesse de son marché, sa sensibilité aux aléas climatiques et aux fortes variations des prix des produits agricoles. Cette mesure devrait favoriser l’émergence plus rapide d’une classe moyenne rurale.
Les banques mobilisées
Le secteur bancaire a mis sur la table des engagements très forts, comme la contribution à hauteur de 3 Mds de DH, à parts égales avec l’Etat, au Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat.
«Chacune des banques s’engage à mettre au service des jeunes porteurs de projet et des PME tout l’accompagnement dans la durée qu’ils requièrent, en termes de proximité, d’écoute, d’assistance à la structuration, de formation ou de conseil, dans tous les secteurs économiques et de toutes les régions du Royaume», a précisé Othman Benjelloun, président du GPBM.
Dans le même ordre d’idées, les banques ont pris l’engagement de faire en sorte que les produits offerts aux jeunes entrepreneurs soient simples d’accès et d’utilisation. Et ce, grâce à des procédures allégées de constitution et de garantie, bénéficiant d’une gratuité, au départ, des frais de constitution des dossiers ainsi que de faibles taux d’intérêt, grâce à un taux de refinancement privilégié consenti aux banques par BAM.
Les établissements bancaires s’attèleront également à ce que les délais de réponse aux entrepreneurs ne dépassent pas trois semaines. Ce qui devrait être facilité par le fait que les banques se verront confier par la CCG, la délégation d’octroi de garantie pouvant atteindre jusqu’à 80% du montant du crédit.
Au final, les bénéfices escomptés pour les citoyens pourraient être considérables, si tout le monde joue le jeu.
Car en accédant aux financements dont ils étaient auparavant exclus et aux services financiers de manière générale, ces populations pourront s’intégrer économiquement, et sortir de la trappe de pauvreté et de précarité. L’inclusion financière est en effet, toutes les études le prouvent, un formidable catalyseur du développement économique et social. ◆