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Trésor: quelles sources de risque pour la dette publique ?

Trésor: quelles sources de risque pour la dette publique ?

Les taux d’intérêt constituent la source de risque majeure pour la dette publique.

La gestion active de la dette du Trésor permet de réajuster son profil et de lisser les tombées sur le court terme.

 

Par Y. S

 

Au cours des deux dernières années, et afin de faire face aux effets de la crise sanitaire, l’État a opté pour une politique budgétaire expansionniste. Elle s’est notamment traduite par une hausse des besoins de financement qui se sont chiffrés à 75 milliards de DH en 2021. Pour financer son déficit, l’État s’est ainsi orienté principalement vers l’endettement. À fin 2021, la dette du Trésor a culminé à 887 milliards de DH, soit un taux d’endettement de 76%.

Pas loin des niveaux de 2020. La dette implique en effet des risques pour l’État. Son pilotage s’appuie sur le suivi d’indicateurs de coût et de risque qui renseignent sur le degré d’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la stratégie de financement du Trésor. Parmi les risques auxquels l’État doit faire face, il y a celui du refinancement (ou Rollover). Il correspond au scénario d’un renouvellement de la dette arrivant à échéance à un coût plus élevé.

Il peut être appréhendé à l’aide de deux indicateurs dont les seuils fixés permettent de limiter la dette devant être renouvelée à court terme. Il s’agit, d’un côté, de la part du court terme dans le portefeuille de la dette du Trésor, qui en 2020 s’est élevée à 11,5% contre 13,2% à fin 2019, soit une baisse de 1,7 point expliquée par l’importance des mobilisations extérieures exclusivement à moyen et long terme.

Et de l’autre, de la durée de vie moyenne de la dette du Trésor, laquelle s’est établie, à fin 2020, à 7 ans et 4 mois contre 6 ans et 11 mois en 2019, soit une amélioration de près de 5 mois s’expliquant principalement par l’allongement de la durée de vie moyenne de la dette extérieure. L’autre risque est celui du financement ou de liquidité, qui se traduit par l’incapacité de pouvoir mobiliser les fonds nécessaires au moment voulu pour honorer les engagements financiers de l’État.

Pour assurer le suivi de ce risque, l’indicateur utilisé est le taux de couverture des émissions, qui correspond au montant offert rapporté au montant souscrit. Le maintien d’une encaisse de précaution quotidienne au niveau du compte courant du Trésor ouvert à Bank Al-Maghrib est également un moyen utilisé pour minimiser ce risque.

 

Taux d’intérêt : le risque à surveiller

Avec la succession des crises et les politiques monétaires devenues instables, les taux d’intérêt constituent une source de risque majeur pour l’endettement des États. Au Maroc, le Trésor apprécie ce risque via deux indicateurs, à savoir la part de la dette nécessitant une refixation des taux et la part de la dette assortie de taux variables. La dette du Trésor nécessitant une refixation de son taux d’intérêt en 2021 est constituée de la dette à taux variables (exclusivement extérieure), et de la dette à taux fixes à court terme (intérieure et extérieure) faisant l’objet de refinancement en 2021. Elle s’est établie à près de 154,3 milliards DH, soit 18,5% de l’encours de la dette du Trésor, en baisse de 2,5 points par rapport à un an auparavant, et ce en raison principalement de la baisse de la part de la dette extérieure devant échoir à moins d’un an.

De son côté, la part de la dette à taux variables dans le portefeuille de la dette extérieure du Trésor a atteint 31% en 2021 contre 36% à fin 2019. Cette évolution est due principalement à l’importance des mobilisations réalisées à taux fixes durant cette année, notamment sur le marché international. Enfin, et non des moindres, le risque de change. À ce jour, la part de la dette libellée en devises dans le portefeuille de la dette du Trésor représente près de 24,6%. Elle est composée de 60,6% de dettes libellées en Euro et de 33,8% en Dollar US et devises liées.

Cette structure, qui s’approche du panier actuel de cotation du Dirham, contribue à l’atténuation de l’exposition de ce portefeuille aux impacts de variation des cours de change des devises internationales par rapport au Dirham. Au final, la dette publique et sa gestion constituent à la fois un risque et une opportunité. Un risque, à cause du niveau d’endettement. Une opportunité, parce que sa gestion au jour le jour tout comme sa trésorerie sont sources d’économies sur des charges de financement pour l’État. 

 

 

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