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Taux bas: L'épargne longue plus que jamais dans le dur

Taux bas: L'épargne longue plus que jamais dans le dur

La nouvelle baisse du taux directeur constitue un véritable coup dur pour l’épargne institutionnelle.

Plusieurs alternatives de placement se présentent face aux produits classiques.

 

Par Y. Seddik

 

En contrôlant le levier «taux» de sa politique monétaire, Bank Al-Maghrib a jusqu'à présent protégé l'épargne nationale.

Aujourd'hui, sur fond de crise sanitaire et par la force des choses, la Banque s'est déchargée de cette mission pour aller sauver d'autres secteurs aussi essentiels de l'économie : la croissance, l’investissement et donc la création d'emplois. La nouvelle baisse du taux directeur de 50 pbs ne sera pas sans conséquences sur la rémunération de l'épargne longue et celle des fonds de retraites.

Elle tombe dans un contexte où la durabilité des taux bas préoccupait déjà les compagnies d'assurances, les caisses de retraite et les sociétés de gestion d'OPCVM (des acteurs structurellement épargnants).

«L'impact sur les taux primaires et secondaires des bons du Trésor sera immédiat sur la partie courte, avec une transmission graduelle pour les parties moyenne et longue de la courbe», commente Ahmed Zhani, économiste chez CDG Capital, suite aux décisions de BAM.

Pour lui, la baisse pourrait dépasser les 50 pbs en liaison avec la formation de nouvelles anticipations baissières sur les deux prochains Conseils de la banque au titre de l'année 2020. Pas plus tard qu'en début d'année, Christophe Buso, Directeur général de Saham Assurance, a alerté sur cette problématique : «la courbe des taux s’aplatit. C’est un élément très impactant pour nous qui sommes structurellement des épargnants. Il est évident qu’au Maroc comme ailleurs, les taux ont un effet négatif sur les rendements et donc sur les taux servis».

Le constat est immuable et fait l'unanimité des professionnels de l’épargne. Maintenant, la question est de savoir comment ils s’y prennent face à une configuration qui réduit leur capacité à recourir aux produits financiers classiques. La recherche d'alternatives de placement (OPCI, partenariats publics privés (PPP), unités de comptes (UC), non-coté) est donc plus que jamais le sujet de préoccupation.

 

UC, un intérêt grandissant

Les contrats en UC ne sont plus à présenter. Ils permettent un investissement multisupport, avec une dose de risque adaptée au profil de l’épargnant. Toutefois, le marché marocain n’est encore pas habitué à ce type de produits. Dit autrement, les clients ne sont pas accoutumés à supporter le risque.

Le DG de Saham Assurance nous avait d’ailleurs expliqué que la généralisation de ce véhicule auprès du marché devrait prendre du temps. Et que cela se fera d’autant moins rapidement que les taux servis en assurance vie au Maroc sont encore «relativement corrects».

Or, l’abaissement plus marqué que prévu du taux directeur et la perspective de nouveaux gestes sur ce dernier vont accélérer le recours aux UC. Sur le seul 1er trimestre 2020, les primes émises dans le cadre des contrats d'assurance vie en unités de compte ont progressé de 78,3%.

Ces produits profitent des arbitrages par rapport à l'épargne classique dont l'activité a régressé de 31,8% sur la même période.

 

PPP, un cadre encore à peaufiner

Pour l’épargne institutionnelle, les PPP sont le produit de substitution le mieux adapté. Il s'agit de placer des liquidités à long terme dans des projets d'infrastructures, et avec un couple rendement/ risque attractif portant sur des rémunérations pouvant facilement atteindre deux à trois fois ceux des bons du Trésor. Mais le cadre juridique doit encore être peaufiné.

La tutelle est en train d’amender et d’actualiser la loi sur le partenariat public - privé pour apporter plus de souplesse et d’ouverture aux projets qui peuvent être financés.

De manière générale, le non-coté (y compris le Private Equity) est scruté de près par les opérateurs. Son taux de pénétration est extrêmement faible, alors que son potentiel est énorme avec des TRI supérieurs à 10%.

En définitive, après cette crise sanitaire, la situation de «Too low for too long» ou «très bas pour très longtemps» devrait désormais constituer la norme des taux au Maroc.

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