- Les dividendes globaux proposés à la distribution en 2017 s’élèvent à plus de 20 Mds de DH.
- Le secteur bancaire reste le premier contributeur à la masse bénéficiaire de la cote.
La croissance de l’économie nationale s’est nettement améliorée en 2017, et avec elle celle des sociétés cotées. Cette année, ce sont pas moins de 32 milliards de DH de profits générés par les entreprises admises à la cote contre 28 Mds de DH en 2016, soit une hausse de 13,2%, selon Crédit du Maroc Capital.
Le chiffre d’affaires global a augmenté sensiblement de 5% à 240 milliards de DH. Les composantes du Masi ont profité d'un cocktail très favorable, fait de reprise économique et de politiques monétaires qui restent accommodantes. Retour sur les performances de l’année.
Dividende : Un marché moins généreux et moins cher
Pendant toute la période de publication des résultats, le marché est resté très attentif aux dividendes proposés par les entreprises cotées. Et pour cause, un contexte de taux d’intérêt bas. Les investisseurs ont réagi souvent positivement à une augmentation du dividende, tandis qu’ils ont accueilli une baisse du dividende plus négativement qu’une révision à la baisse des bénéfices. En clair, ils ont recherché naturellement des valeurs à haut rendement.
Les dividendes globaux proposés à la distribution en 2017 s’élèvent à plus de 20 Mds de DH, en fléchissement de 2,5% par rapport à l’exercice 2016. Parallèlement, la place boursière casablancaise traite à 21x ses bénéfices à fin décembre 2017 contre un niveau de 23,8x ses résultats cumulés durant l’exercice 2016. Pour sa part, le Price to Book (PB) se chiffre à 2,9x en 2017 par apport à un seuil de 3,1x en 2016.
«Il s’agit de noter dans ce sens que l’allègement de la cherté de la cote s’accompagne d’une baisse des rendements de dividendes qui, rappelons-le, passent de 3,2% en 2016 à 3,1% en 2017», indique notre interlocuteur.
Par ailleurs, le taux de distribution moyen de la place augmente de 75,1% en 2016 à 77,8% en 2017, pour la simple raison que les résultats nets sociaux ont affiché une régression de leur croissance de l’ordre de 5,8%.
Banques : Une profitabilité tirée par le Core Business
En 2016, les marges d’intermédiation, tirées de l’activité de crédit des banques marocaines, ont marqué une baisse. Un repli dû à un environnement de taux bas toujours d’actualité. Les banques avaient donc misé sur les activités de marché pour compenser ce manque à gagner.
Cette année, la donne a changé. La composition de l’indicateur de profitabilité bancaire fait ressortir une croissance marquée pour les marges sur commissions et d’intérêt. Les banques ont dégagé 58,6 milliards de DH de PNB, équivalent du chiffre d’affaires, contre 55,38 Mds de DH en 2016, soit une amélioration de 5,8%. En zoomant, la marge d’intérêt sectorielle, issue des activités classiques des banques, affiche une amélioration de 2,7% à 38,39 Mds de DH contre 37,10 Mds de DH en 2016. Et ce, malgré un tassement de la production des crédits bancaires dont la croissance a décéléré à 2,9% contre 4,2% une année plutôt. De même, la marge sur commissions a marqué une hausse de 6,22% à 10,58 Mds de DH, profitant d’une bonne dynamique commerciale (9,96 Mds de DH en 2016).
Dans ces dispositions, le RNPG sectoriel dégagé par les banques cette année remonte à 11,6 Mds de DH contre 10,61 Mds de DH en 2016, soit une progression 9,04%, grâce notamment à la baisse de la charge du risque. Cette dernière, qui commence à revenir à des niveaux normatifs, se chiffre à 8,04 Mds de DH contre 8,14 Mds de DH en 2016, en baisse de 1,22%. Notons que seul le coût du risque de BMCE BoA a augmenté de 11% à 1,8 Md de DH à fin 2017. Les banques demeurent premières contributrices à la masse bénéficiaire de la cote (plus du tiers des bénéfices).
Assurances : Amélioration de la Vie et hausse de la sinistralité automobile
Les primes émises par l’ensemble du secteur des assurances coté s’établissent à plus de 17 Mds de DH à fin 2017. Les 3 principales compagnies (Wafa Assurance, Saham Assurance et Atlanta) ont dégagé une masse bénéficiaire de 1,47 Md de DH.
«Les bénéfices des assureurs ressortent freinés, notamment par la contraction des réalisations annuelles de Wafa Assurance, dont le résultat non-Vie régresse en raison de la hausse des sinistres automobile affectant le secteur et du coût de la réassurance. Pour sa part, (…) Saham Assurance affiche des réalisations annuelles en hausse concernant l’ensemble des catégories, et notamment le développement de la bancassurance avec le Crédit du Maroc», commente Othmane Benassila, analyste senior à CDMC.
BTP : La morosité perdure
La faiblesse de la commande publique et privée altère le secteur du BTP, lequel passe par une conjoncture difficile depuis au moins 2012. Cette morosité déteint d’ailleurs sur les résultats des entreprises cotées du secteur. Particulièrement du côté de l’immobilier qui s’accroche toujours aux promesses et aux nouvelles orientations tournées vers l’Afrique. Les réalisations en 2017 ont été pour le moins mitigées. Au niveau commercial, le chiffre d’affaires sectoriel est de 10,84 Mds de DH et le résultat opérationnel de 1,87 Md de DH. Quant à la capacité bénéficiaire, elle est de 1,26 Md de DH contre 2,1 Mds de DH en 2016.
Le pari pris par ces groupes immobiliers sur le développement de leurs activités au niveau régional prend de plus en plus d’ampleur. Plusieurs chantiers sont à un stade bien avancé de production, et plusieurs projets entrent en phase de livraison dès le premier semestre 2018. Ainsi, Résidences Dar Saada (RDS) indique que la contribution au chiffre d’affaires de l’activité en Afrique atteindra près de 10% du CA à partir de 2019. Pour Addoha, et grâce à un rythme de livraison prévu de près de 700 unités, l’Afrique devrait contribuer à hauteur de 300 MDH au chiffre d’affaires consolidé dès 2018. Alliances, elle, table sur une contribution de plus de 20% des activités africaines au chiffre d'affaires à partir de 2018.
La cure de désendettement se poursuit pour les trois immobilières :
Addoha prévoit dans sa nouvelle stratégie PAC 2020, une poursuite de sa politique de désendettement de près de 500 MDH par an. Pour Alliances, l’endettement net global du groupe sera réduit à 2 milliards de dirhams à fin 2018, après extinction de la quasi-totalité de sa dette bancaire. La dette nette de RDS s’est réduite, passant de 2,6 Mds DH en 2016 à 2,4 Mds de DH en 2017.
Dans un contexte marqué notamment par une baisse de 2,5% des ventes de ciment, les deux cimentières de la place ont clôturé l’année 2017 avec des résultats en ordre dispersé. Ciments du Maroc a amélioré son CA de 4,7% et son bénéfice net s’établit à 1 Md de DH (contre une perte -118 MDH en 2016). Pour LafargeHolcim, les résultats sont en repli en raison «d’un ralentissement continu du marché, avec des coûts de l’énergie en forte hausse», relève Crédit du Maroc Capitale.
Les Recoveries font leurs preuves
Le retour des bénéfices est toujours d’actualité pour les entreprises en Recovery. Snep et Jet Contractors, qui ont traversé une grosse tempête, reviennent maintenant vers des rivages plus ensoleillés. Leurs carnets de commandes se (re)garnissent et les perspectives bénéficiaires et d’investissements sont meilleures.
Snep a augmenté ses bénéfices de 45% à 98,5 MDH (tenant compte d’un impact positif de son programme de rachat) et Jet Contractors, en phase avec ses prévisions, dégage un résultat net de 108 MDH contre 36 MDH en 2016.
Cette dernière a signalé que le carnet de commandes s'établit à 2,11 Mds de dirhams, dont 303 MDH en Afrique. Tandis que Snep entend réaliser la deuxième étape de son programme d'investissement devant porter sur une enveloppe d'environ 300 MDH destinée à moderniser et augmenter la capacité de production.
Y. S