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Secteur bancaire : La marge d’intermédiation perd du terrain

Secteur bancaire : La marge d’intermédiation perd du terrain

 

altLe PNB global du secteur bancaire marocain continue d’évoluer lentement, mais sûrement vers une diminution de la marge d’intermédiation au profit de la marge sur commission et des opérations de marché. Les grandes banques de la place cherchent de plus en plus à diversifier leurs sources de revenus en se tournant vers des activités moins consommatrices en fonds propres. Explications.

L'étude du secteur bancaire marocain, à la lumière des résultats annuels de l’année 20131, nous renseigne sur l’évolution de la structure du PNB global2, qui a atteint un montant de près de 52 milliards de DH, en hausse de 7,2% par rapport à 2012. Sans vouloir tirer de conclusions hâtives, il semblerait que la tendance vers une baisse de la contribution de la marge d’intermédiation à ce PNB, au profit de la marge sur commissions et des revenus résultant des opérations de marché, se confirme. 

Ainsi, pour l’année 2013, la marge d’intermédiation globale s’établit à près de 66,7% du PNB au lieu de 69,8% un an auparavant. La marge sur commissions et services, pour sa part, représente désormais près de 17,3% du PNB contre 16,8% en 2012. Les revenus sur activité de marché, quant à eux, pèsent en 2013 pour 11,1% du PNB global, alors qu’en 2012 ces mêmes revenus ne représentaient que 10% du PNB global (voir T1).

Comment expliquer cette évolution, certes lente et timide, mais qui s’inscrit toutefois dans une tendance de fond depuis plusieurs années ? Une tendance qui veut qu’une banque qui atteint une taille critique cherche à diversifier ses sources de revenus pour ne pas dépendre exclusivement de l’activité d’intermédiation. En effet, cette activité, bien qu’étant au coeur du principal métier des banques commerciales, puisque c’est par elle que les banques financent l’économie à travers l’octroi de crédits, reste intrinsèquement exposée à différents facteurs de vulnérabilité : morosité du climat économique, conjoncture défavorable, mouvement de taux, concurrence entre les banques pour attirer la clientèle, etc… Plusieurs études ont déjà démontré la très grande sensibilité des résultats des banques aux évolutions des taux d’intérêts. C’est ce qui explique pourquoi les commissions sur services sont de plus en plus recherchées par les banques pour améliorer leur rentabilité, étant donné qu’elles sont moins consommatrices en fonds propres. C’est donc pour elles le meilleur moyen de s’enrichir plus aisément en s’exposant le moins possible aux risques de taux et de contrepartie.

Encore faut-il le pouvoir ! Car la diversification n’est pas permise à tout le monde. Dans les faits, seules les trois grandes banques de la place parviennent à limiter la contribution de la marge d’intermédiation au PNB (en deçà de 75%) et à augmenter les autres sources de revenus. AWB, dans ce domaine, fait figure de leader, avec une structure du PNB bien répartie entre marge d’intermédiation (59,2%), marge sur commissions (20,9%) et activités de marché (16,4%). Elle est talonnée par BMCE Bank qui affiche une marge d’intermédiation de 67,2%, une marge sur commissions de 17,7% et des activités de marché de 9,7%. La BCP enfin n’est pas en reste et suit la même tendance avec des marges respectives de 71,1%, 14,4% et 12,5% (voir T 2).

On ne peut pas en dire autant des banques dites «intermédiaires» (BMCI, CDM, SGMB et CIH) dont la structure du PNB reste significativement tributaire des activités de prêts. Ces banques affichent une part de marge sur intérêts encore trop prédominante, dépassant allègrement la barre des 80% (mention tout de même pour le CDM qui voit cette proportion passée de 83,7% à 78,85%). Ces banques ont un modèle fondé sur l’activité de détail qui, depuis quelques années déjà, montre quelques signes de saturation (on est loin du temps où la distribution de crédit affichait des taux de croissance supérieurs à 10%), tant il est vrai que la forte concurrence exercée dans ce domaine provoque un resserrement de la marge d’intérêt, notamment dans le secteur corporate et grandes entreprises où les marges sont de plus en plus faibles. Le potentiel de croissance s’en retrouve donc limité. Il s’agit pour ces banques de trouver d’autres relais de croissance, moins consommateurs en fonds propres, comme par exemple un développement à l’international ou encore le développement des activités de marchés et la bancassurance. 

 

altL’analyse de la rentabilité des banques vient corroborer cet état de fait. En effet, les banques les plus rentables sont celles qui disposent d’une structure de PNB diversifiée. Ainsi, AWB affiche fièrement un ROE de 13,5% (selon nos calculs, contre 15,4% selon le communiqué du groupe) et un ROA de 1,3%. Il devance le CIH qui, grâce à sa réduction du coût du risque, parvient à dégager un ROE de l’ordre de 10,8%, et un ROA de 1,24% ! Il est talonné par la BMCE qui affiche un ROE de 9,8% et un ROA de 0,8%. La BCP, pour sa part, présente un ROE de 9,3% et un ROA de 1,1% (voir T3). 

 

1- L’étude porte sur les 7 banques suivantes: AWB, BMCE, CIH, BCP, BMCI, SGMB, CDM. En l’absence de résultats consolidés, CAM n’a pas été pris en compte dans cette analyse. 

2-Les calculs se basent sur les résultats annuels consolidés de l’année 2013 publiés par les banques

 

 

A.Elkadiri

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