Les banques cotées démarrent l’année du bon pied : leurs revenus au premier trimestre ont augmenté de 3,34% et leurs bénéfices de 2,11%.
Par Youssef Seddik
Le contexte dans lequel évoluent les banques marocaines depuis au moins trois ans leur donne du fil à retordre. D’un côté, les taux d’intérêt restent bas et la croissance économique est molle. De l’autre, les exigences réglementaires et la concurrence accrue continuent de comprimer leurs marges.
Pourtant, elles arrivent à tirer leur épingle du jeu, même si c’est parfois avec difficulté. Cette année encore, les six banques admises à la cote démarrent l’année par le bon bout. Au premier trimestre, les revenus ressortent globalement en hausse, alors que la profitabilité est au rendez-vous.
Le produit net bancaire (PNB) global agrégé des 6 banques cotées pour le premier trimestre de 2019 ressort à 15,43 milliards de DH. Il est en progression de 3,34% comparativement au premier trimestre de 2018. CIH Bank enregistre la plus importante progression de son «chiffre d’affaires», puisque son PNB a progressé de 6,4% sur une année glissante à 518 millions de DH. Attijariwafa bank domine le marché du haut de ses 6 milliards de DH de revenus réalisés au premier trimestre, enregistrant de son côté une hausse de 5,8%, tirée par l’ensemble des pôles d’activités.
Toutes les autres banques ont augmenté leurs revenus : BMCE Bank of Africa a dégagé un produit net bancaire de 3,34 Mds de dirhams à fin mars 2019, en hausse de 3,5% par rapport à mars 2018. Ses revenus profitent d'une hausse de la marge d'intérêt de 4,4%, ainsi que de la croissance de la marge sur commissions de 2,72%. Les activités de marché progressent, elles, de 2,3%. CDM, BMCI et BCP réalisent pour leur part des croissances respectives de 2,4%, 0,08% et 0,23% sur la période.
Plusieurs éléments exceptionnels ont impacté la rentabilité des banques en ce début d’année : IFRS 16, contribution sociale de solidarité, coût du risque pour certaines, ou encore les retraitements IFRS relatifs à l'augmentation de capital réservée aux salariés et réalisée en décembre 2018 pour Attijariwafa bank.
Malgré cela, entre janvier et mars 2019, la rentabilité part du groupe des banques étudiées ressort à 2,9 milliards de DH, reflétant une hausse de 2,11% par rapport à la même période de l’année dernière. Attijariwafa bank représente quasiment la moitié de la rentabilité sectorielle au premier trimestre. Le Groupe affiche un RNPG à 1,4 milliard de DH, en hausse de 5,6%. La progression aurait pu être encore plus rapide (+11,3%) hors éléments exceptionnels, cités plus haut.
Par ailleurs, la hausse de la charge de risque chez BMCI (+28,2%) et CIH Bank (+54,4%) a lourdement pesé sur leur niveau de rentabilité. La première a dégagé un RNPG de 127 MDH, en baisse de 17,2%. La seconde, qui en plus a pâti d’un «effort d'investissement important», a vu ses bénéfices reculer de 15,6% à 115,9 MDH.
La filiale du groupe français Crédit Agricole, CDM, a par contre profité d’une baisse de 26,7% du coût du risque pour améliorer sa capacité bénéficiaire. Son RNPG a augmenté de 8,6% à 125,1 MDH. C’est la plus forte progression de résultats ce trimestre. Idem pour BCP dont la charge nette du risque s’est améliorée de 18,5%, générant un bénéfice trimestriel de 680 MDH. Enfin, le RNPG de BMCE Bank of Africa a atteint 454 MDH, en hausse de 3% par rapport à mars 2018.
Du côté commercial, les performances sont plutôt contrastées pour les établissements qui ont communiqué sur ce chapitre. Chez CIH Bank, les ressources clientèle s'établissent à 34,8 Mds de DH, en progression de 14,7% par rapport à mars 2018, et ce sous l'effet notamment d'une progression de ressources à vue de 9,6% et des ressources à terme des particuliers de 34,3%.
On note une explosion de 29,6% des emplois non immobiliers à 12,1 Mds de DH, et une stabilité de ceux immobiliers à 25 Mds de DH, soit le même niveau que mars 2018.
Les crédits accordés à la clientèle de Crédit du Maroc ont progressé de 9% sur une année glissante pour atteindre 40,6 Mds de DH à fin mars 2019. Les ressources globales ont augmenté de 6,3% comparativement à fin mars 2018 pour s’établir à 51,8 Mds de DH.
Enfin, à la BMCI, les crédits par caisse à la clientèle ont atteint 53 milliards de DH, en hausse de 0,9%. En revanche, les dépôts ont baissé de 1,8%, atteignant les 45,2 milliards de dirhams à fin mars 2019, soit une légère baisse de 1,8%.
Janvier 2016, l’International Accounting Standards Board (IASB) avait publié une nouvelle norme comptable à propos des contrats de location : la norme IFRS 16. L’entrée en application de cette norme s’est faite trois ans plus tard (1er janvier 2019). Cette norme implique que les locataires comptabiliseront la plupart des contrats de location directement au bilan.
Ceci devrait alourdir les charges d'amortissement des entreprises qui font appel à ce type de contrats ainsi que leurs charges financières, étant donné que la contrepartie de cette comptabilisation au bilan est une dette au passif de l'entreprise. Attijariwafa bank, par exemple, chiffre l’impact de cette norme à 10 MDH au T1.