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Réserve en devises: Une sortie à l’international « le plus tôt possible »

Réserve en devises: Une sortie à l’international « le plus tôt possible »

 Les conditions pour une sortie du Trésor à l’international sont toujours aussi avantageuses pour le Maroc qui a maintenu son Investment Grade.

 Marchés internationaux, partenaires bilatéraux, bailleurs de fonds, etc., les options sont nombreuses pour le Maroc.

 

Par A. Elkadiri

 

Les représentants ont adopté le projet de loi 26.20 portant approbation du décret loi relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs. Ce texte, qui a de faux airs de Loi de Finances rectificative dans son volet recettes, est d’une importance cruciale : 

Il autorise le gouvernement à dépasser le plafond des financements extérieurs de 31 Mds de DH fixé dans la Loi de Finances 70-19 pour l’année budgétaire 2020, afin d’assurer ses besoins en devises, notamment à travers le recours à l'emprunt sur le marché international. 

Devant les députés, Mohamed Benchaâboun, en pédagogue, a patiemment expliqué ses intentions, non sans avoir dépeint, avec réalisme, la situation économique actuelle. «La situation des réserves internationales du Maroc devrait connaître une baisse importante, en raison de l'impact de la crise sur plusieurs secteurs pourvoyeurs en devises, en particulier le secteur du tourisme, l'investissement direct étranger et les secteurs exportateurs, en plus des transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger», a d’emblée prévenu le ministre. 

Aujourd’hui, les réserves de change ont encore à un niveau confortable, avec plus de 280 milliards de DH de devises (en comptabilisant les 30 milliards de DH issus de la LPL), mais la situation pourrait vite se détériorer.

A quoi cela va servir

La loi 26.20 définitivement adoptée, le gouvernement a donc désormais les mains libres pour mobiliser des ressources extérieures supplémentaires. La priorité est donc le renflouement des réserves afin de maintenir la capacité du Maroc à répondre aux besoins en matières premières de base, alimentaires et énergétiques. 

«Un niveau suffisant de devises est une garantie de souveraineté», a martelé Benchaâboun. La mobilisation de ressources extérieures supplémentaires devrait permettre de couvrir les remboursements du service de la dette extérieure, et de contribuer au financement du déficit budgétaire. 

Un financement extérieur permettrait également d’injecter des liquidités supplémentaires dans le système bancaire, ce qui renforcerait sa capacité à financer l'économie nationale. Voilà pour les motivations.

Conditions toujours favorables

La voie royale pour lever des fonds en devises reste le recours aux marchés internationaux. Le Maroc l’a déjà expérimenté avec succès en fin d’année dernière (plus d’1 milliard de dollars levés à un taux de 1,5%).

A en croire Benchaâboun, les conditions actuelles, en dépit de la crise sanitaire et économique, seraient toujours «avantageuses» : les taux sur les marchés sont toujours aussi bas et, surtout, l’Investment Grade du Maroc a été conforté par les 3 agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les marchés. 

Seul bémol : l’agence Fitch a fait passer de stable à négative la perspective de la note souveraine du fait de la détérioration attendue des finances publiques. Dans ces conditions, la prime de risque devrait être 

légèrement supérieure à celle de novembre dernier qui, rappelons-le, était historiquement basse.

Timing : «le plus tôt possible»

Le ministre est en revanche resté muet sur les montants qui seront levés à l’international. Selon Benchaâboun, les montants seront liés à une évaluation minutieuse de l'impact de la pandémie de coronavirus sur l'économie nationale et les réserves de change. 

« Bien sûr, cela a à voir avec la durée de cette pandémie, la façon de sortir de la quarantaine et la rapidité avec laquelle les économies mondiale et nationale se rétabliront après la disparition de cette pandémie. Nous travaillons dans ce sens sur plusieurs scénarios», a-t-il fait savoir. 

A noter que l’argentier du Royaume a insisté sur le fait que les montants levés ne doivent pas occasionner de déséquilibre dans la gestion de la dette extérieure, dont la part dans la dette totale de l’Etat avoisine les 20%. «Toutes les précautions seront prises dans la gestion des risques liés à l'endettement», a-t-il assuré.

Concernant le timing de l’opération d’emprunt sur les marchés internationaux, le ministre est resté vague, tout en soulignant que «cela se fera le plus tôt possible». Il faudra néanmoins, à l’évidence, patienter encore quelque peu, le temps que la volatilité sur les mar- chés internationaux se stabilise.

 

Les marchés, mais pas que...

Outre le recours au marché international, la chasse aux devises passera également par la mobilisation de financement auprès des bailleurs de fonds.

«Nous avons entamé des consulta tions avec les principaux prêteurs externes, qu'ils soient bilatéraux, français, allemands, japonais ou multilatéraux, tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire arabe, les fonds arabes et islamiques et la Banque européenne d'investissement, pour déterminer les montants supplémentaires pouvant être mobilisés au-delà de ceux qui étaient programmés avant la pandémie», a indiqué Benchaâboun.

Rappelons à ce sujet que le Maroc a déjà bénéficié d’une ligne de crédit de 270 millions de dollars de la Banque mondiale pour la gestion des risques de catastrophe, après y avoir introduit les risques de la pandémie.

Tous ces fonds en devises que le Maroc compte mobiliser dans les prochaines semaines ne seront pas de trop pour l’après crise sanitaire. A en croire Benchaâboun, le Comité de veille économique (CVE) est engagé dans l'élaboration d'un plan de relance complet et coordonné pour l'économie nationale. Par ailleurs, le CVE se penchera d’ailleurs dans sa prochaine réunion sur les mécanismes de financement à long terme, adaptés à chaque secteur. 

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