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Réglementation bancaire: «A travers le SREP, BAM s'assure de la capacité de chacune des banques supervisées à s'autogérer»

Réglementation bancaire: «A travers le SREP, BAM s'assure de la capacité de chacune des banques supervisées à s'autogérer»

Omar Chraibi, Senior manager chez PricewaterhouseCoopers (PwC) au Maroc, nous explique les enjeux du SREP pour le paysage bancaire marocain. Entretien.

 

Propos recueillis par A. Hlimi

 Finances News Hebdo : Comment définir le SREP ?

 Omar Chraibi : Le SREP est une réglementation pour l'amélioration de la gestion des risques et la pérennisation des établissements financiers, qui est déjà appliquée   en Europe depuis plusieurs années. Notre régulateur national a décidé d'importer cette réglementation au Maroc. Le SREP est non seulement le moyen pour notre   régulateur de comparer les banques marocaines entre elles, mais aussi un outil qui lui permet d'adapter ses exigences en coussins de fonds propres et de liquidité en   fonction du profil de risque interne de chaque banque. D'autre part, le SREP se veut exhaustif dans sa couverture des activités de la banque. Cela comprend l'évaluation   de son business model, de sa gouvernance, des risques pesant sur ses fonds propres et enfin des risques pesant sur la liquidité. Cette évaluation donnera lieu à une note   allant de 1 (pour la meilleure) à 4 (pour la moins bonne). Chaque note donnant à son tour lieu à une réponse proportionnée de BAM en termes de constitution de   davantage de coussin de fonds propres, de coussins de liquidité ou même, dans les cas les plus extrêmes, conduire à des mesures de mise sous tutelle. Du point de vue des banques, le SREP peut être perçu comme une contrainte réglementaire de plus, mais cela deviendra la pierre angulaire du processus de supervision. Mais nous pensons, au sein de PwC, qu'au contraire, cela devrait être l'occasion de revoir et optimiser son dispositif de gestion des risque au sens large, de cartographier, formaliser et documenter les différentes activités de la banque, d'impliquer encore plus la gouvernance et le Conseil d'administration dans les processus de revue et de prise de décision. Et enfin, l'occasion de lancer des chantiers structurants qui, en plus de rassurer le régulateur, permettront d'améliorer la gestion opérationnelle et quotidienne des établissements.

 

F.N.H. : Pourquoi la Banque centrale souhaite-t-elle implémenter cette norme ?

O. Ch. : La réponse à cette question peut être vue sous deux prismes, un national et un international. Tout d'abord, intrinsèquement, Bank Al-Maghrib est le garant de «la bonne santé économique» de notre pays. Cela se traduit à la fois par une inflation maîtrisée, mais aussi par la robustesse des engrenages de cette économie qui sont les banques. A travers cette norme qu'est le SREP, le régulateur s'assure de la capacité de chacune des banques supervisées à s'autogérer et à se projeter correctement via son plan d'affaires ou, dans le cas contraire, s'assure de la capacité des banques à couvrir leurs risques en les quantifiant plus finement et en mettant suffisamment de fonds propres en face. Le second volet de cette réponse est le prisme international, qui se traduit par le rôle important du Maroc au sein d'une économie africaine et mondiale en croissance. Les récentes assemblées annuelles du FMI tenues à Marrakech traduisent cette forte ambition de notre pays à faire partie des acteurs mondiaux de l'économie. Cela ne peut pas se faire sans se mettre à niveau des normes internationales tout en, et c'est là où réside l'intelligence de notre régulateur, adaptant ces dispositifs prudentiels à notre contexte et économie nationaux.

 

F.N.H. : La norme a-t-elle des impacts sur le bilan ou le résultat ?

O. Ch. : Comme cité précédemment, l'évaluation du régulateur se traduira par une note allant de 1 à 4; 1 étant la meilleure et 4 la pire. A chaque note correspondront des niveaux de coussin de fonds propres et de liquidité, communément appelés P2R (Pilier 2 Requierement) que les banques devront constituer, en plus des minimas règlementaires actuels. Dans le cas par exemple des coussins en fonds propres, le régulateur exigera qu'une part importante soit constituée de «fonds propres durs» qui, par construction, impactent directement le bilan, et surtout le résultat de la banque. Dans ce cadre ci, je tiens à souligner un fait primordial. Certes le SREP est un processus dynamique qui peut permettre aux banques d'améliorer leurs notes annuellement, mais l'analyse de l'historique européen montre à quel point il est difficile d'améliorer sa première note de départ. Les banques de différentes tailles ont effectivement su s'améliorer au fil des années, mais le régulateur européen a, lui aussi, évolué avec une courbe d'apprentissage rapide et des contraintes de plus en plus lourdes pour les banques. Il est donc crucial que les banques se préparent à la mise en place du SREP en avance, qu'elles identifient leurs points de faiblesse SREP avant que le régulateur n'en fasse des recommandations, et qu'elles mettent en place des plans d'action adaptés qui les prépareront à l'entrée en vigueur de la réglementation et à l'attribution de la première note.

 

F.N.H. : La gouvernance est souvent citée dans cette norme. Sera-t-elle fortement impactée ? Si oui, comment ?

O. Ch. : La gouvernance est l’un des 4 domaines du SREP que l'on rappelle : gouvernance, business model, risques sur fonds propres et risques sur liquidité. C'est dire toute l'importance que ce volet revêt. La gouvernance, dans le cadre du SREP, englobe plusieurs sujets, dont voici les principaux :

• Rôle du Conseil d'administration : le Board n'est plus là que pour avoir une vue «surfacique» des sujets. Le SREP attend aujourd'hui de cette instance qu'elle challenge et valide les choix et hypothèses de la stratégie de la banque et de ses principaux indicateurs et scénarii de stress. Cela implique donc plus de reportings à destination du conseil, mais aussi plus de compétences techniques de sa part.

• Formalisation de l'appétence au risque : Le SREP a fait du document d'appétence au risque un outil majeur de la gestion de la banque et de ses risques à travers ses indicateurs, ses limites et ses seuils d'alerte. Les banques doivent donc revoir ce document et le mettre en adéquation avec d'autres dispositifs, tels que l'ICAAP et l'ILAAP.

• Mise en place des 3 lignes de défense : le dispositif de contrôle interne de la banque se doit d'être robuste, indépendant et couvrant la totalité des activités de la banque au risque d'une notation SREP catastrophique.

Encore une fois, en reprenant le précédent européen du SREP, on pourrait croire que les aspects quantitatifs du SREP (risques sur fonds propres et liquidité) ont été les plus pénalisants pour les banques. Mais en réalité, la gouvernance est bel et bien le domaine qui a donné lieu aux plus de mauvaises notes (notes 3 ou 4) parmi les établissements financiers de différentes maturités. 

 

 

 

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