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Prêts bancaires : 2024, une année de transition vers une relance attendue en 2025

Prêts bancaires : 2024, une année de transition vers une relance attendue en 2025

Les banques restent sélectives en termes de crédits, mais la relance se profile grâce à une politique monétaire accommodante et des investissements massifs. En 2024, les prêts à l’équipement ont progressé de 9%, portés par un regain d’investissements privés (+10,7%), tandis que les crédits aux ménages restent atones.

 

Par Y. Seddik

L'année 2024 s’achève avec un bilan contrasté pour le crédit bancaire au Maroc. En effet, si la masse monétaire a progressé de 7,9% en décembre pour atteindre 1.889,7 milliards de dirhams, cette expansion ne s’est pas pleinement répercutée sur le financement de l’économie réelle. Ainsi, la croissance des prêts bancaires au secteur non financier est restée timorée à 2,6%, ce qui traduit la prudence des banques et des emprunteurs (tant les entreprises que les ménages) dans un contexte encore marqué par des incertitudes.

Plus en détail, les crédits aux sociétés non financières privées n’ont progressé que de 0,7% contre 1,1% en novembre, signe d’une demande hésitante et d’un accès au financement encore sélectif. En revanche, les entreprises publiques ont vu leur encours croître de 7,3%, porté par un effort soutenu de l’État pour financer des projets stratégiques, notamment dans les infrastructures et l’industrie. Côté ménages, le crédit évolue à un rythme modéré (+1,7%), loin des niveaux observés avant la pandémie. Plusieurs facteurs expliquent cette prudence.

D’une part, les conditions d’octroi restent toujours exigeantes malgré les dernières baisses du taux directeur. D’autre part, bien que l’inflation soit en baisse, celle-ci n’a pas encore relancé la consommation. Par ailleurs, une grande partie des ménages attend une nouvelle baisse des taux avant d’investir dans l’immobilier.

Des prêts d’investissement en nette progression

Un signal positif émane toutefois des crédits à l’équipement, qui affichent une hausse de 9%, dopés par un regain d’appétit des entreprises privées (+10,7%). Cette tendance devrait s’intensifier, portée par les vastes chantiers d’infrastructures et les investissements industriels à venir. Par ailleurs, d’ici 2030, le Maroc prévoit des investissements de 100 milliards de dollars, dont 34 milliards dès 2025, selon Fitch Ratings. Cette vague d’investissements devrait dynamiser la demande de crédits d’investissement, notamment dans le BTP, les énergies renouvelables et l’industrie manufacturière. Dans ce contexte, les grandes banques marocaines, disposant d’assises financières solides et d’un savoirfaire éprouvé, devraient jouer un rôle central dans le financement de cette transformation.

Un assouplissement monétaire favorable

La réduction du taux directeur par Bank Al-Maghrib en décembre 2024 (-25 points de base à 2,5%) marque un tournant et devrait contribuer à la relance du crédit. De plus, avec une inflation désormais sous contrôle (inférieure à 1%), une nouvelle baisse des taux en 2025 semble probable. Par conséquent, cette orientation pourrait accélérer la reprise des financements, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Toutefois, un obstacle majeur subsiste : les créances en souffrance.

En septembre 2024, elles atteignaient 98 milliards de dirhams, soit 8,6% des crédits accordés. Un niveau qui pèse sur la capacité des banques à accorder de nouveaux prêts. À cet égard, Fitch estime qu’une réduction de 20% de ces créances douteuses chez les six principales banques améliorerait leur ratio CET1 de 185 points de base, libérant ainsi des marges de manœuvre pour de nouveaux financements.

L’année 2025 pourrait voir une relance plus franche du crédit, soutenue par la baisse des taux et la mise en œuvre des grands projets d’investissement. En outre, un effet de rattrapage est également attendu. De nombreux ménages et entreprises ayant différé leurs décisions de financement en 2024 pourraient ainsi revenir sur le marché dans un contexte plus favorable. Reste néanmoins à voir si les banques assoupliront suffisamment leurs critères pour accompagner cette dynamique et soutenir la croissance économique. 

 

 

 

 

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