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Politique monétaire: un prochain Conseil sous haute tension

Politique monétaire: un prochain Conseil sous haute tension

Le consensus marché table sur une hausse de 25 points de base du taux directeur en juin, ce qui serait interprété positivement par les opérateurs.

 

Par A. Hlimi

Que peut faire Bank Al-Maghrib la semaine prochaine à l’occasion de son Conseil de politique monétaire ? Si certains opérateurs espèrent une pause de la politique restrictive, l’écrasante majorité d’entre eux voit objectivement un début de stabilisation, avec une hausse de 25 points de base seulement en juin. Les sondages de fin de semaine, réalisés par les bureaux de recherche des banques d’affaires, notamment celui de Attijari Global Research, devraient confirmer ces anticipations.

Si le marché anticipe une hausse limitée du taux directeur, c’est pour deux raisons. La première est qu’elle serait suffisante pour continuer à lutter contre une inflation qui commence à reculer. Les derniers chiffres relatifs à l’IPC montrent que l’inflation annuelle a augmenté de +7,8% au mois d’avril contre 8,2% en mars. Des chiffres bien en deçà du pic à plus de 10% en février. L’indice des prix à la production industrielle (IPPI - +2,2% à fin mars en y-o-y vs. +3% le mois précédent -) montre à son tour que les industriels connaissent moins de tensions sur les coûts de production, ce qui laisse entrevoir là aussi une accalmie sur les prix à la sortie d’usine.

Ces données «viennent étayer l’hypothèse d’un apaisement relatif des pressions inflationnistes, crucial pour l’équilibre économique du Royaume», commentent les analystes de BMCE Capital Global Research (BKGR) dans une note publiée en juin. Le marché anticipe donc que la Banque centrale va surfer sur cette tendance et laisser le temps au temps, d’autant que la croissance, et c’est le deuxième élément justifiant le consensus du marché, commence à montrer des signaux de ralentissement. La publication de l’arrêté des comptes nationaux de l’année 2022 établi par le haut-commissariat au Plan est venue confirmer les projections de ralentissement économique, en faisant ressortir une croissance du PIB limitée à +1,3% en 2022 contre +7,9% une année auparavant.

«Cette forte décélération de l’activité nationale en 2022 serait principalement attribuable à la contraction de la valeur ajoutée du secteur primaire de -12,7%, compte tenu d’une campagne agricole 2021-2022 médiocre, avec une récolte céréalière de 35 MQx seulement, en plus du repli de la valeur ajoutée du secteur secondaire à -1,7% (vs.+7,1% précédemment) et du recul de la valeur ajoutée du secteur tertiaire à +5,4% (vs. +5,8% précédemment)», commente BKGR. Dans le sillage de la baisse du pouvoir d’achat des ménages, le fléchissement de la demande intérieure (-1,5% vs. +8,9% en 2021) a également participé à l’affaiblissement du profil de croissance du Royaume. Ce coup de frein devrait lui aussi jouer sur la balance, surtout que l’exécutif s’est plaint du renchérissement du coût du crédit qui rend l’effort de relance plus coûteux, aussi bien pour le secteur privé que le secteur public. D’où l’espoir de certains opérateurs de marché de voir BAM marquer une pause pour absorber les tensions.

 

Les Banques centrales étrangères en déphasage

La Banque centrale du Canada a surpris les marchés la semaine dernière en augmentant son taux directeur, alors que le consensus tablait sur un statu quo. Ceci fait craindre une décision similaire de la FED américaine, qui a pourtant promis une pause après 10 hausses consécutives. Quant à la BCE, le consensus marché table sur une nouvelle hausse du taux directeur de 25 points de base et qui ne serait pas la dernière. La BCE a démarré son cycle restrictif en retard.

Les décisions de la FED et de la BCE, qui arriveront au lendemain de la parution de notre article, devraient à leur tour peser sur l’orientation de Bank Al-Maghrib. Etant donné que la décision de la BCE est quasiment acquise, ceci renforce les probabilités de voir BAM faire augmenter son directeur de 25 points de base, ce qui serait une quatrième hausse consécutive. Du jamais vu ! 

 

 

 

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