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Matières premières : Seul le phosphate épargné pour l'instant

Matières premières : Seul le phosphate épargné pour l'instant

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Coup de chance : cette année, les revenus extérieurs du Maroc tirés des exportations de phosphates seront peut-être épargnés par la baisse généralisée des prix des matières premières. Une baisse qui met à mal beaucoup de pays émergents exportateurs de matières premières. Mais, attention, si on arrive jusqu'à pré-sent à passer entre les mailles du filet de la crise chinoise, il ne faut pas écarter la possibilité du déclenche-ment d'une vague baissière sur cette denrée. Sa source ? Une baisse additionnelle du pétrole.

Les prix des produits énergétiques ont chuté de 10% en juil-let, selon l’indice cal-culé par la Banque mondiale. Cette baisse a dépassé en moyenne 5% pendant le mois d'août. De même, l’indice des cours des produits non éner-gétiques a reculé de 1,6%. La baisse des prix des métaux de base (-5,2%), des métaux précieux (-4,9%) et des fer-tilisants (-2,9%) contraste, toutefois, avec une légère remontée de ceux des pro-duits alimentaires (+1,2%). Les cours du pétrole (Brent) se sont établis à 56 dollars le baril en moyenne en juillet 2015, en baisse de 10% par rapport au mois précédent, et de 50% sur une année glis-sante. Cela n'a pas empêché le Brent de reculer à moins de 50 dollars début août, sous la pression de l'offre toujours croissante de la part des pays de l'OPEP, d’un Dollar fort, des turbulences financières en Chine et en Grèce et du regain d’optimisme sur le dossier nucléaire iranien qui, lui, est un véritable cataly-seur pour une baisse durable des prix du pétrole. Même le Royaume-Uni a décidé d'étu-dier sérieusement la réou-verture de son Ambassade en Iran, alors que les fonds d'investissement n'hésitent pas à se déplacer sur place pour s'enquérir de la Bourse de Téhéran. Si la production iranienne revient librement sur les marchés internationaux, cela devrait donc exercer une pression supplémentaire sur le cours du Brent. A noter que l’Agence interna-tionale de l'énergie a révisé à la hausse sa prévision de la demande mondiale de pétrole en 2015. Demande qui devrait croître de 1,6 million de barils par jour (mbj), après +0,7 mbj en 2014, le rythme le plus rapide en cinq ans, suite à la consolidation de la croissance économique mondiale et à l’impact positif de la baisse des prix du pétrole sur les consommateurs.

Des prix en hausse de 7%

Dans cet univers incertain, il y a une matière première qui résiste. Peu médiatisés cette année, car ses mouvements de cours n'étaient pas spec-taculaires, les prix du phos-phate brut sont restés stables à 115 dollars la tonne en juillet, marquant, néanmoins, une hausse de 4,5% en glis-sement annuel. Sur les sept premiers mois de 2015, les prix du phosphate brut ont enregistré une hausse de 7%. Il faut dire que la cause de cette hausse provient de la demande agricole plutôt posi-tive au niveau mondial cette année. En termes de perspectives, les mêmes facteurs devront agir sur les prix comme chaque année... à un détail près : les prix des produits phos-phatés sont souvent orien-tés par la demande indienne. Lorsqu'elle est soutenue, cela relève les prix et inverse-ment. L'Inde est un produc-teur mondial, et c'est aussi un très grand consommateur d'engrais. Mais cette année, un autre facteur risque de déstabiliser la donne. La ten-dance enregistrée actuelle-ment pourrait être freinée par la persistance des prix bas du pétrole, qui se traduit par une diminution de la demande des biocarburants (qui implique une baisse de l’intensité d'uti-lisation des engrais). Aussi, les autres producteurs de phos-phates verraient leurs coûts de production baisser à cause de la baisse du pétrole, ce qui fera émerger une concur-rence basée sur l'efficacité de la production. L'OCP aura ainsi l'occasion de démontrer (ou pas) sa capacité à pro-duire à moindres coûts. Par le passé, l'Office chérifien avait fait preuve de tactique dans la fixation des prix à l'internatio-nal en jouant sur sa produc-tion, ce qui avait limité toute baisse des prix. Aujourd'hui, c'est donc un autre levier que l'OCP devra actionner, si le pétrole venait à poursuivre sa tendance baissière.

Adil Hlimi

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