Avec un total de 22,6 milliards de dirhams en 2014, la masse bénéficiaire de la Bourse de Casablanca affiche un recul de près de 13% comparativement à 2013. Cette dégradation est cependant à relativiser, selon les analystes. Par ailleurs, le consensus haussier de la Bourse en 2015 n’est pas remis en cause.
 Alors que les résultats semestriels auguraient d’un bon cru pour les résultats annuels 2014, les réalisations des sociétés cotées terminent au final en baisse par rapport à l’an dernier. La masse bénéficiaire des sociétés cotées à la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC) a ainsi reculé de près de 13% en 2014, comparativement à l’exercice 2013. Au 31 mars 2015, elle s’établit à 22,6 milliards de dirhams, alors que les analystes tablaient en début d’année sur un profit global proche des 30 milliards de dirhams. C’est la troisième année consécutive de baisse de la masse bénéficiaire.Â
Â
Au vu de ces performances, la tentation est grande de qualifier cet exercice de décevant. Othmane Benassila, analyste chez Crédit du Maroc Capital (CDMC) en convient : «Les sociétés cotées à la BVC ont généré une masse bénéficiaire en dégradation de 13,1% à 22,6 milliards de DH. Cette dépréciation est certainement décevante, mais reflète la détérioration de l’activité d’un nombre non négligeable de sociétés cotées face à un contexte économique en pleine mutation». Ainsi, sur les 71 entreprises cotées ayant publié leurs comptes annuels, 31 d’entre elles ont affiché un RNPG en baisse. La salve des profits-warning (11 au total) qui ont rythmé la cote casablancaise ces trois derniers mois, renseigne sur l’ampleur des difficultés rencontrées par certaines entreprises, notamment les immobilières, les pétroliers et les minières, du fait d’une conjoncture en détérioration. D’ailleurs, pour la société de Bourse Upline, qui publie un document récapitulatif sur les performances des sociétés cotées, l’année 2014 «aura été celle des profits-warning». La société de Bourse, filiale du Groupe Banque Populaire, estime que «la cote casablancaise a clôturé l’année 2014 sur une note mitigée».Â
Â
Une baisse à relativiser
Â
Mais cette baisse des profits n’est qu’un trompe-l’oeil dès lors qu’elle est essentiellement attribuable aux contreperformances de deux entreprises phares de la place : il s’agit des titres Samir et ADI (Alliances développement immobilier) qui ont réalisé respectivement un déficit net de l’ordre de 2,5 milliards de DH et 968,7 milliards de DH. Le premier a subi la dépréciation de ses stocks suite à la chute brutale des cours du pétrole au deuxième semestre 2014, tandis que le second aura été lourdement impacté par les pertes enregistrées par son pôle construction. «Hormis cette déficience, la masse bénéficiaire de la cote casablancaise se serait appréciée de 1,3%», relève l’analyste de CDMC.Â
Cette dépréciation de la masse bénéficiaire ne doit pas occulter les bonnes performances réalisées par certains secteurs. Les bancaires se sont particulièrement distinguées avec une progression de plus de 9,4% de leurs bénéfices à 9.578 milliards de DH, grâce notamment à la forte hausse des revenus issus des activités de marché et à la contribution toujours croissante des filiales africaines. Le secteur bancaire consolide ainsi sa position de premier contributeur à la masse bénéficiaire, avec une part de 42%. Il est suivi par Maroc Telecom, seul représentant du secteur des télécoms qui, avec une hausse de 5,6% de ses profits à 5,8 milliards de DH, contribue pour 26% à la masse bénéficiaire. D’autres secteurs comme celui des assurances (+14% à 1,3 milliard de DH) parviennent à tirer leur épingle du jeu. Enfin, des sociétés comme Taqa (+102% à 800 millions de DH) ou Holcim (+60% à 604 millions de DH) ont particulièrement brillé.Â
Â
Le consensus haussier remis en cause ?
Â
Toujours est-il que depuis la fin de la publication des résultats annuels, le MASI s’inscrit dans un important trend baissier. L’indice-phare de la BVC est passé de 10.393,7 points le 25 mars, à 9.958,7 points le 3 avril. En réalité, en trois semaines, la Bourse a perdu 5%, et revient au niveau enregistré à fin janvier 2015. Au moment où nous mettions sous presse, la performance annuelle du MASI tournait autour de 4%.
Â
Cela remet-il en cause le consensus haussier des analystes qui prévoyaient une année de forte reprise en 2015. «Le mouvement baissier entamé par la BVC depuis quelques jours représente des prises de bénéfices sur certaines valeurs cotées. Il reflète également la réaction du marché quant à la baisse de la masse bénéficiaire des sociétés cotées», explique O. Bennassila.Â
Â
Pour autant, selon notre interlocuteur, cette situation ne remet nullement en cause le consensus haussier des analystes pour l’exercice 2015. En effet, selon lui, «l’incursion du marché boursier casablancais dans le territoire positif demeure dépendante de la présence d’éléments de nature à raviver les espoirs des investisseurs à travers du papier frais et de qualité par le biais de l’accélération des IPO tant attendues de Marsa Maroc et de Total Maroc des instruments diversifiés (marché à terme, obligations sécurisées); ainsi que la modernisation du cadre législatif de la BVC».Â
Â
De son côté, Karim Gharbi, directeur de recherche chez CFG Group a, dans un entretien accordé à nos confrères de Boursenews.ma, maintenu sa prévision d’une hausse du MASI de l’ordre de 10 à 15% pour l’année 2015. Selon différents analystes, tant que le support des 9.600 points n’est pas franchi à la baisse, la hausse restera à l’ordre du jour.Â
Â
Amine Elkadiri