L’inauguration officielle d’un bureau de représentation de la Banque Populaire à Washington DC tend à se rapprocher de la diaspora, recruter de potentiels investisseurs et accélérer l’effectivité de l’ALE. Une diaspora de plus de 400.000 personnes qui pèse pour plus de 500 millions de dollars de transferts en 2014.
Le 10 novembre 2015 est un jour à marquer d’une pierre blanche, non seulement en raison de l’inauguration du bureau de représentation de la Banque Populaire à Washington DC, ce qui est en soi un événement inédit, mais également parce que cela pose le premier jalon du renforcement de la diplomatie économique entre le Maroc et les Etats-Unis d’Amérique. Une diplomatie qui reste en deçà des relations séculaires qui lient pourtant ces deux pays, et ce malgré la signature en juin 2004 d’un Accord de libre-échange, entré en vigueur deux années plus tard, qui couvre quasiment tous les secteurs économiques. Il était donc vraiment temps pour le pays à travers le Groupe Banque Populaire d’investir le terrain et être au plus près d’une diaspora, qui pèse plus de 500 millions de dollars de transferts pour moins d’un demi-millions de personnes. C’est désormais chose faite à travers ce bureau de représentation de la BP, comme l’explique Mohamed Benchaaboun, Président du Groupe Banque Populaire, lors de la cérémonie d’inauguration : «A travers les prestations offertes par notre bureau de représentation à Washington, les Marocains résidant aux Etats-Unis pourront désormais entrer directement en contact avec leur région d’origine pour ouvrir des comptes et accéder à nos expertises bancaires en vue de trouver et mettre en place les solutions de financement de leurs projets personnels ou professionnels au Maroc».
D’ailleurs, une équipe a été dépêchée sur place pour conclure des accords de coopération avec des réseaux bancaires américains d’envergure fédérale pour pouvoir mettre à la disposition des clients, des canaux de transfert d’argent fiables, rapides et à coûts réduits.
Le bureau de représentation constituera également une plate-forme idoine pour recruter des investisseurs potentiels, puisque, comme le souligne à juste titre le PDG du Groupe BP, il donnera une visibilité sur les programmes de développement économique du pays dans lesquels la banque est fortement impliquée, à travers la mobilisation d’importants moyens humains et financiers pour les accompagner et les soutenir. Rappelons à juste titre que durant l’année 2014, les flux des investissements directs étrangers (IDE) à destination du Royaume ont progressé de près de 7,8% pour atteindre une enveloppe avoisinant les 3 milliards de dollars américains.
Mais l’une des missions-phares qu’aura à remplir ce bureau de représentation, mais cette fois plus coporate, c’est d’accélérer l’effectivité de l’ALE entre le Maroc et les USA. «Notre Bureau de représentation à Washington aura à identifier, dans le cadre dudit Accord de libre-échange, les opportunités d’affaires pour les entreprises clientes du Groupe Banque Populaire, et à créer les conditions propices à leur concrétisation, notamment par les mises en relation nécessaires avec les opérateurs américains concernés et les structures spécialisées du Groupe», soutient Mohamed Benchaaboun.
Une inauguration inédite, qui a tout de même nécessité quatre années de négociations avec la Réserve fédérale des Etats-Unis (FED) et l’establishment washingtonien pour répondre à des mesures draconiennes, qui ont abouti par l’autorisation de la FED, en avril 2014. Et ce, grâce au travail des équipes de la BP mais aussi de Bank Al-Maghrib, que le PDG du Groupe BP a salué au passage, ainsi que le concours de Rachad Bouhlal, Ambassadeur du Maroc aux USA.
Il y a deux ans, une visite royale historique aux States
Premier pays ayant reconnu l’indépendance des USA, le Maroc n’entretient pas pour autant des relations économiques de haut niveau avec la première puissance mondiale, qui soient à la hauteur des liens historiques entre les deux pays.
Un ressortissant marocain aux Etats-Unis d'Amérique nuance ce propos. Pour lui, «le Maroc entretient une relation pragmatique avec les USA, à la mesure des enjeux géostratégiques et intérêts mutuels. Les échanges militaires (formation et armement) se poursuivent conformément aux accords bien définis et agréés entre les deux pays. La coopération sécuritaire est solide. Les US continuent à recevoir des milliers d’immigrés annuellement. La coopération culturelle et éducative est maintenue». Toujours est-il que les échanges commerciaux demeurent très timides eu égard au potentiel qu’offre l’accord de libre-échange conclu en 2004. Notre source cherche des réponses à cette situation plutôt du côté de la barrière linguistique, et des systèmes judiciaires et réglementaires assez contraignants notamment du côté USA. Néanmoins, la diplomatie privée pousse ses pions jusqu’aux Etats-Unis, se félicite ce haut cadre, qui n’est pas étranger à l’idée de création du bureau de représentation aux USA.
En effet, l’inauguration du bureau de représentation de la BP à Washington DC, qui intervient deux ans, jour pour jour après la visite Royale effectuée par SM le Roi Mohammed VI et sa rencontre avec le Président américain, Barak Obama, est en passe de changer la donne. Cela fut un si joli coup de pub vu que l’info a été largement relayée par la presse américaine. «Cette visite a été extrêmement importante pour tester et s’assurer de la position «neutre» de l’administration US quant au dossier du Sahara. Conforter la coopération sécuritaire, instaurer d’une façon régulière le «dialogue stratégique» entre les deux pays, rassurer les Américains quant au rôle que le Maroc peut jouer avec eux, en Afrique Subsaharienne notamment sur le plan sécuritaire, formation des imams et initiatives de développement humanitaire et de sécurité alimentaires…», soutient ce haut cadre installée aux USA, comme autant de points qui étaient à l’ordre du jour de cette visite. Et d’ajouter : «Il va sans dire, aussi, que c’était important que les deux Chefs d’Etat puissent se rencontrer pour la première fois». L’écho de cette visite n’a d’égal que l’enthousiasme suscité auprès des MRE des USA, car, comme se remémore ce dernier, «L’impact sur la diaspora marocaine était évidemment positif car les visites royales permettent toujours de se préoccuper de sa situation et ses attentes. L’initiative récente de la BCP pourrait s’inscrire dans ce cadre... ». Une diaspora, qu’il décrit d’ailleurs comme «Travailleuse et assez bien intégrée», tout en notant une très forte concentration sur la côte Est, mais qui devrait et gagnerait à se déplacer vers le centre, notamment au Texas où les opportunités sont plus intéressantes et diverses avec un niveau de vie assez soutenable.
Il faut dans ce sens saluer les efforts fournis par des acteurs de cette communauté, qui travaillent à renforcer davantage les liens avec leur pays d’origine, le cas notamment de ce jeune responsable installée depuis une décennie dans le pauys de l'oncle Sam. Force est de constater également que la multiplication des supports notamment électroniques marocains en anglais, est de nature à rapprocher les deux rives de l’Atlantique, car cette barrière linguistique est très handicapante aussi bien pour les institutionnels que pour les entreprises, notamment les PME.
Imane Bouhrara