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Marché des capitaux : l'analyse sans concession de Khalid Cheddadi

Marché des capitaux : l'analyse sans concession de Khalid Cheddadi

Du marché à terme au capital investissement..., le PDG de la CIMR passe en revue les points de vigilance à surveiller pour maintenir un marché des capitaux au service de l'économie. 

 

Par A. Hlimi

 

Fidèle à lui-même, Khalid Cheddadi a livré une analyse désintéressée du développement du marché des capitaux. Le PDG de la CIMR, qui injecte annuellement 5 Mds de dirhams dans l'économie (chiffre appelé à évoluer dans le futur (voir encadré plus bas), prévient les acteurs qu'il faudra rester vigilant dans le développement des nouveaux instruments.

«Une Bourse, c'est une place d'échange d'actions. C'est également une place qui garantit de la transparence parce qu'elle exige des sociétés cotées un certain nombre d'informations de manière régulière et standardisée. Et c'est une place qui permet la liquidité. Mais au-delà de tout cela, c'est une place qui permet l'accès au financement. Et malheureusement, la Bourse marocaine ne joue pas bien ce dernier rôle», prévient le PDG.

Et d'expliquer que «si l’on regarde de plus près, sur les 20 dernières années, il n'y a pas eu d'augmentation de capital ouverte au public. Or, c'est le rôle principal d'une Bourse et la nôtre ne le joue pas aujourd'hui». Pour ce qui est de la dette privée, Khalid Cheddadi a soulevé le handicap majeur posé par l'absence de notation pour les émetteurs.

Ceci se traduit par un traitement équivalent à des émetteurs qui en réalité ne le sont pas (voir page 12). Concernant les investisseurs étrangers, Khalid Cheddadi concède qu'ils sont pourvoyeurs de devises. Mais leurs positions spéculatives siphonnent l'épargne nationale.

La CIMR, acteur majeur de la mobilisation de l'épargne
Khalid Cheddadi s'est félicité du chantier royal de généralisation de la protection sociale, avec un volet retraites qui fera bénéficier tous les Marocains d'une retraite à horizon 2025. Un chantier qualifié de «progrès social formidable» par Cheddadi. Dans ce cadre, le gouvernement a lancé une étude et dont l'une des recommandations est la création d'un régime complémentaire obligatoire de retraite pour le privé, aux côtés du régime de base de la CNSS. «Une révolution qui va mobiliser, selon nos estimations, une épargne importante de près de 10 Mds de dirhams par an», selon Cheddadi. A ce titre, il faut rappeler que la CIMR gère 83 Mds de dirhams de réserves. Et, selon son patron, si ce régime aboutit, la CIMR peut injecter 15 Mds de dirhams dans l'économie chaque année contre 5 Mds de dirhams actuellement. A horizon 10 ans, les investissements cumulés de la CIMR pourraient atteindre 300 Mds de dirhams. «C'est un volant formidable pour l'économie marocaine», lance Khalid Cheddadi dans un témoignage plein d'enthousiasme.

«Ces investisseurs font une analyse mondiale et repèrent une opportunité sur la Bourse marocaine, généralement parce que les cours sont bas par rapport à d'autres marchés. Ensuite, au moment où la Bourse remonte, ils se retirent. Alors, quel est l'effet de tout cela ? Ils pompent l'épargne nationale. C'est extrêmement négatif. Il faut faire très, très attention à cela», avertit l'investisseur institutionnel qu'il est.

Pour résoudre ce problème, et sachant qu'il est impossible et nuisible d'empêcher les investisseurs étrangers d'intervenir au Maroc, Khalid Cheddadi estime qu'il faut sensiblement augmenter la taille de notre marché pour qu'il soit suffisamment grand afin que ce genre de phénomènes ait un effet marginal. Concernant le marché à terme et le prêtemprunt de titres, Khalid Cheddadi prévient qu'il faut faire attention à leur utilisation.

«Ce sont des instruments qui donnent de la liquidité sur le marché, mais qui va utiliser ces instruments ? Qui est capable aujourd'hui d'utiliser les marchés à terme et les produits dérivés ? Ce sont les investisseurs professionnels et à des fins spéculatives», note-t-il, appelant à une bonne régulation et une surveillance de ces produits.

Le capital-risque difficile à mettre dans les radars des institutionnels

Pour Khalid Cheddadi, «le capital-risque est un instrument qui peut jouer un rôle fondamental dans l'économie, non seulement au niveau du financement, mais aussi au niveau de l'encadrement des entrepreneurs». Mais le secteur souffre d'un effet taille incompatible avec les besoins des institutionnels.

«Malheureusement, aujourd'hui, les maux dont souffrent les fonds de capital-risque, c'est qu'ils sont trop limités. Les fonds de capitaux de capital-risque sont entre 300 et 500 millions de dirhams. Avec les règles de dispersion, vous vous retrouvez avec des tickets de l'ordre de 30 ou 50 MDH par cible. S'adressant à des PME, vous êtes obligés de prendre la majorité pour pouvoir constituer une ligne. Or, qui dit petite structure, dit faible taux et encadrement. Vous n'aurez pas de directeur financier de qualité, vous n'aurez pas de directeur marketing de qualité, etc. Qui va donc essayer de régler tout ça ? C'est la société de gestion; mais une société de gestion ne peut assurer ce travail pour toutes ses cibles. Quelle est donc la solution ? Il faut abandonner les TPE pour attirer les institutionnels. Ces derniers ne peuvent s'intéresser qu'à des fonds de grosses PME qui ont des projets de développement et que le fonds va accompagner et qui n'ont pas besoin que la société de gestion y joue le rôle d'encadrement» .

Par contre, pour les PME, poursuit le PDG de la CIMR, «c'est le rôle de l'Etat, des collectivités territoriales et des banques. Dans ce modèle de développement dans lequel nous voulons lancer un tissu de PME important, ces dernières sont confrontées à des problématiques pratico-pratiques : je n'arrive pas à régler mes problèmes administratifs; je n'arrive pas à accéder à des marchés; et j'ai des bâtons dans les roues à tout bout de champ. Si vous intéressiez les collectivités locales dans le financement de ces fonds avant de devenir parties prenantes, les banques, tout naturellement, arriveront derrière parce qu’elles pourront financer. Et puis, l'Etat doit jouer un rôle de régulateur et d'amortisseur pour permettre aux banques d'avoir une rentabilité minimum pour permettre aux collectivités locales également d'avoir cette rentabilité. Et le tout doit être géré par des spécialistes. Il ne s'agit pas, si la collectivité locale est actionnaire d'un fonds, de lui donner les clés et de la laisser gérer». 

 

 

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