Macroéconomie, taux, actions... Voici quelques repères pour reprendre du bon pied après un été plutôt clément.
Le climat général est un peu plus favorable que l’an dernier à la même période.
A l'international, l'été fut clairement marqué par une hausse de l'aversion au risque qui se prolonge et s'amplifie jusqu'à aujourd'hui. L'or, marqueur financier du climat de crainte, est sur des sommets à plus de 1.500 dollars, les indices dévissent, tandis que les économistes et autres banques d'affaires estiment que les banquiers centraux gagnent du temps (de quelques mois en Europe à peut-être une année ou deux aux Etats-Unis) avant de voir leurs économies plonger en récession. Comment ? En faisant baisser les taux. Pourquoi ? Parce que la croissance n'est pas au rendez-vous. Les nouveaux modes de consommation, les services gratuits ou les mutualités offerts par le digital, la déconsommation chronique, le minimalisme, etc. permettront de moins en moins de générer du PIB par la consommation.
Ces changements d'habitude ne tarderont pas à toucher des économies exportatrices de biens et services à faible valeur ajoutée comme la nôtre. Le contexte international nous guette au loin.
Un seul point positif : la guerre commerciale sino-américaine pèse sur les cours du pétrole et profite aux économies importatrices d'énergie comme le Maroc.
Macroéconomie : Peut mieux faire
Si vous rentrez de vacances, sachez que les dernières statistiques ne sont pas bonnes. A commencer par la campagne agricole 2018-2019 qui s'achève sur une production céréalière de 52 millions de quintaux, en baisse de 49% par rapport à la campagne précédente et de 30% par rapport à une année moyenne sous le Plan Maroc Vert.
Du côté de l'emploi, et bien que le chômage passe sous 9%, le taux d'emploi ne décolle pas et les créations de poste se font au compte-goutte. L’économie nationale a créé seulement 7.000 postes d’emploi au deuxième trimestre, contre 117.000 une année auparavant.
Les réserves internationales ne sont pas à des niveaux critiques, mais plafonnent autour de 227 Mds de dirhams. Ce sera d'ailleurs un grand sujet de la rentrée puisque l'Etat doit, dans les quatre mois à venir, réaliser une sortie à l'international pour un milliard de dollars ou d'euros, pour reconstituer ses réserves de change et ne pas déstabiliser le marché de la dette intérieure qui intègre dans ses anticipations deux sorties en 2019 et 2020. Autrement, les taux risquent de repartir très vite à la hausse.
Les taux bas sont bien partis pour le rester
Pour l’instant, les taux bas sont bien partis pour le rester encore un moment. En effet, à moins de 3%, le 10 ans marocain ne semble pas encore trouver de plancher. Cette situation résulte d'une bonne tenue des finances publiques face à une abondance de liquidités chez les institutionnels, qui sont les grands perdants de ce déséquilibre.
Sachez que pour la dernière adjudication du mois d'août, le Trésor s'est acquitté d'un taux de 2,96% sur le 10 ans. Autant dire que la situation n'est pas prête de s'inverser.
Les analystes ne s'attendent d'ailleurs pas, dans les quelques papiers publiés durant l'été, à un redressement de la situation en 2020. Le marché obligataire devient ainsi moins rémunérateur, ce qui se traduit, épisodiquement, par des arbitrages en faveur des actions.
Marché actions : Effervescence
L'été fut doux en Bourse. L'opération Maroc Telecom a permis de booster les échanges et les indices, tout en assurant à des épargnants d’engranger des gains relativement faciles. Des gains qui continuent d'ailleurs de gonfler à ce jour pour les moins pressés.
Parallèlement, les rares opérateurs en activité durant le mois d'août ont fait connaissance avec une nouvelle exigence réglementaire : les résultats trimestriels. Et disons-le, cette première année d'application a un goût d'inachevé, tant les émetteurs donnent l'impression d'improviser dans leur communication.
Côté performances, le Masi se porte bien et traite sur ses sommets de l'année. Ni les détachements de dividendes ni les profits warning à répétition n'ont eu raison de la tendance. Celle-ci reste soutenue par les flux acheteurs chez les OPCVM et les arbitrages avec les taux.
De plus, les locomotives de la Bourse ont la confiance des investisseurs. Le marché actions est clairement «the place to be» pour l’épargne en cette rentrée. Sur ce compartiment, les perspectives sont bonnes, avec des bénéfices attendus en hausse de 3 à 7% selon les analystes pour 2019 (malgré une plus grande charge fiscale due au nouvel impôt de solidarité).
Autres relais pour les actions : l'arrivée de nouveaux fonds actions, la revue des pondérations du Maroc dans le MSCI FM à 9,3% et la perspective de dépasser 13% l'an prochain. Tout ceci dans un contexte où les positions nettes des investisseurs étrangers sont à des niveaux bas.
Les analystes estiment d'ailleurs que les sorties des étrangers opérées en 2018 sont largement consommées. Il est attendu qu'ils reviennent sur les actions et les locaux leur emboîtent déjà le pas. Bonne rentrée. ◆