Mobiliser des ressources financières suffisantes pour limiter les conséquences du dérèglement climatique en Afrique est un challenge. L’émergence d’un marché financier vert sur le continent constitue indéniablement une véritable nécessité.
Soutenir l’émergence d’un marché financier vert en Afrique, tel est le défi majeur que compte relever BMCE Bank of Africa, avec l’appui d’un partenaire de taille, qui n’est autre que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’Afrique est l’une des zones les moins polluantes au monde, et pourtant à cause d’une multitude de raisons (démographique, économique et financière), elle subit de plein fouet les contrecoups du changement climatique.
Le Maroc n’est pas à l’abri des conséquences inhérentes au réchauffement climatique, puisqu’il fait partie des 33 pays les plus touchés par le stress hydrique. Compte tenu de ce qui précède, le développement de financements verts dédiés à l’économie durable à l’échelle du continent s’avère être nécessaire.
D’ailleurs, la forte mobilisation des autorités de régulation, de banques commerciales, de pays africains et de bailleurs de fonds, lors du Forum, sous le thème : «Soutenir l’émergence d’un marché financier vert en Afrique», organisé par la banque bleue et la BERD, en atteste clairement. «L’objectif de cette rencontre, dans le sillage de la COP22 qui se tiendra en novembre prochain à Marrakech, est de poser les jalons du verdissement du système financier à l’échelle continentale», souligne Othman Benjelloun, président Directeur général de BMCE Bank of Africa. Le choix du Maroc pour abriter une telle rencontre internationale n’est pas fortuit, puisque le Royaume, qui assure la présidence de la COP22, est avant-gardiste en matière de promotion et de production d’énergies renouvelables.
A l’horizon 2030, plus de la moitié de la production énergétique devrait provenir des énergies renouvelables. Face à un auditoire particulièrement attentif à ses propos, Othman Benjelloun, qui occupe aussi la présidence du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), a fait savoir que le forum aspire à se positionner comme l’appel de Casablanca pour l’institutionnalisation de la finance durable à l’échelle du continent. Il s’agit de créer un espace financier vert par l’Afrique et pour l’Afrique avec, bien entendu, la participation de partenaires internationaux.
Casa Finance City, véritable hub financier régional, servira de locomotive à cette initiative africaine. Cela dit, développer un marché financier vert au niveau continental requiert un ensemble de prérequis, pour ne citer que la forte implication des banques commerciales, la volonté politique, et l’engagement des autorités de régulation. Soulignons que BMCE Bank of Africa fait figure d’exemple, puisqu’elle a mis en place une ligne de financement verte dotée d’un milliard de dirhams.
Rôle des autorités de régulation
Au-delà de la nécessité de mettre en place des instruments et des produits financiers verts pour l’émergence d’un marché financier vert en Afrique, Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, a souligné l’importance de la part des autorités de régulation d’édicter des règles prudentielles destinées au financement de l’économie verte. A cela, il faudrait ajouter l’opportunité de faciliter les conditions de refinancement des banques portées sur le financement de l’économie durable.
A côté des efforts des autorités de régulation, il y a aussi ceux des pouvoirs publics, qui devront mettre en place des mécanismes fiscaux et des garanties favorables à l’émergence d’un marché financier vert sur le continent africain. Ce qui est d’autant plus opportun que les pays développés peinent à honorer leur engagement consistant à réunir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, afin d’aider les pays en développement vulnérables au dérèglement climatique.
Par ailleurs, la rencontre a donné lieu à la signature d’un accord de prêt de financement de 35 millions d’euros octroyés par la BERD, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d’investissement (BEI) à BMCE Bank of Africa et sa filiale Maghrebail. Pour rappel, ce troisième financement octroyé dans le cadre du mécanisme de financement pour l’énergie durable au Maroc (MorSEFF), constitue un programme d’investissements dédié à l’énergie durable par l’intermédiaire d’institutions financières. En somme, il est clair qu’il faudra du temps pour mettre sur pied un marché financier vert en Afrique. La banque bleue peut valablement se targuer d’être le porteétendard d’une telle initiative porteuse pour l’émergence du continent.
M. Diao
La facture salée de l’inaction
D’après Josué Tanaka, Directeur général pour les activités de la BERD en matière d’efficacité énergétique et de lutte contre le changement climatique, le temps est à l’action. «En matière de lutte contre le changement climatique, l’inaction a un coût beaucoup plus élevé», alerte-t-il. D’ailleurs, c’est sans doute à ce titre que la BERD collabore avec près de 110 banques à travers le monde dans le domaine du développement durable. A cela s’ajoutent les multiples opportunités offertes aux entreprises par l’économie verte.