Zaineb Amzazi, directeur Debt & Equity Finance au sein de CDG Capital.
◆ Le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration s'est félicité récemment de la réalisation de la première opération de financement garantie à travers le Fonds de garantie des établissements et entreprises publics (FGEEP) géré, pour le compte de l’Etat, par la CCG.
◆ Cette opération a permis à l’ONCF de boucler un emprunt obligataire portant sur 2 milliards de dirhams, à taux fixe, d’une maturité de 30 ans amortissable avec 15 ans de délai de grâce.
◆ L'opération s'est déroulée entre le 7 et le 10 décembre et a été souscrite pratiquement 2 fois par les investisseurs institutionnels.
◆ CDG Capital a mis sur les rails l'opération. Zaineb Amzazi, directeur Debt & Equity Finance au sein de la banque d'affaires, a accepté de revenir pour Finances News Hebdo sur le déroulement de l’opération. Entretien.
Propos recueillis par Youssef Seddik
Finances News Hebdo : Quel rôle a joué CDG Capital dans l’opération ?
Zaineb Amzazi : CDG Capital, de par son ADN et son positionnement, a accompagné depuis plusieurs années les grands opérateurs nationaux dans la définition de leurs stratégies financières et l’exécution des opérations associées.
Dans le cadre de l’accompagnement de l’ONCF, CDG Capital s’est vu confier une mission plus élargie. Au-delà du conseil financier, CDG Capital a accompagné l’ONCF dans les propositions de refonte de son schéma institutionnel, consacré par la signature d’un protocole d’accord avec l’Etat en juillet 2019 et véritable feuille de route pour la réforme du secteur ferroviaire marocain.
La dernière levée obligataire de l’ONCF s’inscrit dans le déploiement de cette feuille de route et vise une mise en adéquation du profil de la dette avec le profil des actifs d’infrastructures ferroviaires. CDG Capital a donc joué plusieurs rôles à plusieurs niveaux dans cette opération : conseiller stratégique, structureur, placeur et dépositaire.
D’abord en tant que conseiller stratégique de l’ONCF, CDG Capital a accompagné l’Office, avec la Caisse centrale de garantie et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, dans le cadre de la structuration de l’opération de mise en place du cadre conventionnel.
S’agissant d’une première nationale, et à plus d’un titre - premier financement garanti par le FGEEP et première mise en place d’une garantie CCG sur le marché des capitaux –, l’opération ONCF représentait un «standard» de mise en œuvre.
Ensuite, en tant que co-conseiller financier et co-placeur, CDG Capital a accompagné l’ONCF dans les démarches de validation réglementaires auprès de l’AMMC et l’ouverture et la présentation de ce nouveau mécanisme de garantie auprès des investisseurs, pour leur permettre d’avoir une lecture complète de la garantie octroyée par la CCG pour le compte du FGEEP et sa pérennité, notamment dans le cadre de la transformation annoncée de la CCG. CDG Capital a donc été le lien entre les investisseurs, d’un côté, l’ONCF, le MEFRA et la CCG, de l’autre.
F.N.H: Pouvez-vous nous décrire la structuration et les caractéristiques de l’opération ?
Z.A: L’emprunt obligataire de l’ONCF est assorti de la nouvelle garantie du Fonds de garantie des établissements et entreprises publics géré par la Caisse centrale de garantie pour le compte de l’Etat. Ce fonds de garantie, créé par le Comité de veille économique, et doté de ressources financières permettant de faire face à ses engagements en garantie, a pour objectif de garantir les levées de financement des établissements et entreprises publics.
Dans ce cadre, l’emprunt obligataire de 2 milliards de DH émis par l’ONCF a été structuré en 2 tranches. Une 1ère tranche à 30 ans amortissable, avec 15 ans de période de grâce, et une 2ème tranche à 15 ans amortissable.
L’emprunt obligataire a été sursouscrit à quasiment deux fois et alloué exclusivement à la tranche 1, permettant ainsi de répondre pleinement à l’objectif de reprofilage de la dette ONCF, en adéquation avec les durées de vie des actifs d’infrastructures ferroviaires.
Le taux de sursouscription dénote, par ailleurs, et malgré le contexte actuel, notamment la forte pression sur la liquidité et les taux, de l’adhésion des investisseurs au nouveau mécanisme de garantie à travers le FGGEP.
F.N.H: Quelles sont vos ambitions et votre offre actuelle pour accompagner le secteur public dans l’effort de relance ?
Z.A : La crise sanitaire, de par son envergure, a été un catalyseur et un accélérateur de solutions de relance pour notre économie. Les acteurs de la sphère publique, de par leur poids dans l’économie nationale et les chantiers structurants qu’ils portent (notamment les chantiers d’infrastructures), représentent un maillon de transmission important du plan de relance national.
Dans ce cadre, notre offre aux acteurs du secteur public se construit à différents niveaux. Un premier niveau, direct, qui relève des modalités
d’accompagnement des besoins de l’acteur public. Dans ce cadre, nous œuvrons à la consolidation de notre offre autour de missions d’accompagnement des acteurs publics dans la définition/revue de leurs schémas institutionnels et leurs déclinaisons en stratégies de financement, dans un contexte de rationalisation et d’optimisation du rôle de l’Etat.
Par ailleurs, notre offre s’élargit davantage afin d’intégrer des structurations de financement, les nouvelles donnes de répartition des risques liés notamment aux nouveaux modes de financement étatiques et d’ouverture vers le privé.
L’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI ainsi que les nouveaux schémas de financement et de garantie mis en place pour les acteurs publics nous incitent à réfléchir à de nouveaux modèles financiers optimisant les engagements et les risques portés par les EEP.
Un second niveau d’offres, centrées sur les entreprises sous-traitantes -TPME nationales- et s’appuyant sur les acteurs publics et visant la définition de modèles de transmission optimisée de la relance.