- Les crédits débiteurs et de trésorerie n’arrivent toujours pas à décoller.
- En cause : l’allongement des délais de paiement.
Après un coup de frein constaté fin 2017, la production de crédits bancaires a repris des couleurs en ce début d’année. L’encours à fin janvier 2018 s’élève à 825 milliards de DH, soit une progression de 3,2% par rapport à l’année passée. Les banquiers sont unanimes à dire que le crédit bancaire repart, bien que cette reprise ne soit pas encore très vigoureuse.
Cette évolution du rythme de croissance du crédit bancaire recouvre cependant quelques disparités. Si les crédits à l’équipement maintiennent une progression à deux chiffres (+10,2% à fin janvier en glissement annuel), la situation reste cependant particulièrement difficile pour les crédits de trésorerie et comptes débiteurs (facilité de caisse, découvert bancaire, crédit de campagne, etc.) qui n’arrivent toujours pas à décoller.
L’encours de cette catégorie de crédit à court terme recule de 1,3% d’une année à l’autre. En glissement mensuel, la baisse est encore plus marquée, avec une régression de 5,3%.
Autrement dit, durant le mois de janvier, les établissements bancaires ont distribué 9 milliards de DH de moins qu’en décembre dernier. Inquiétant pour ces prêts censés financer la trésorerie à court terme des entreprises.
Pour expliquer cette décrue, l’allongement des délais de paiement est évidemment pointé du doigt. Selon Coface Maroc, les délais de paiement ont été de 99 jours en 2017 contre 82 jours en 2016 ou encore 66 jours en 2015.
Ce rallongement des délais de paiement est handicapant pour les entreprises, que ce soit en termes d’investissements ou de financements.
En effet, l’indisponibilité de trésorerie engendre un recours massif au crédit à court terme, ce qui empêche la société de s’endetter pour investir; et elle entre dans un cercle vicieux.
Aujourd’hui, la principale préoccupation des opérateurs est d’avoir une ligne de trésorerie pour faire face à leurs fournisseurs. «Mais quand le client ne paie pas, la banque est obligée de fixer des limites, puisqu’elle ne peut se substituer au délai de paiement client», nous expliquait récemment Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank. D’où le tarissement constaté depuis plusieurs années de cette catégorie de crédit.
«En fait, la première source de difficultés des entreprises, ce sont les clients qui ne paient pas et l’indisponibilité de trésorerie. Des opérateurs perdent leurs marchés, leur compétitivité, etc. D’ailleurs, une bonne partie des difficultés d’accès au financement bancaire concerne les crédits de trésorerie bien plus que le crédit d’investissement», ajoute le PDG de CIH Bank.
Le dispositif mis en place par le patronat, le secteur bancaire et le fisc pour permettre aux entreprises de récupérer leurs arriérés de TVA est de nature à faciliter la reconstitution d’une partie de la trésorerie des entreprises.
Suffisant pour que les banques rouvrent les vannes des crédits à court terme ? Rien n’est moins sûr. Il faudrait surtout que la question des délais de paiement soit définitivement résolue. ■
Créances en souffrance : Le taux de sinistralité passe à 7,8%
L’encours des créances en souffrance a légèrement grimpé en ce début d’année 2018. En effet, selon les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib, à fin janvier, l’encours des créances en souffrance détenues par les banques atteint 64,4 milliards de DH. La hausse est de 3,6% par rapport à l’encours de janvier 2017, et de 1,3% par rapport à décembre 2017.
Sur l’encours total, et en glissement annuel, les créances en souffrance ont augmenté aussi bien pour les entreprises que pour les ménages : +3,6% à 39,6 milliards pour les premières, et +4,2% à 23,89 milliards de DH pour les seconds.
Dans ces conditions, le taux de créances en souffrance ressort à 7,8% à fin janvier 2018. Ce taux était de 7,55% fin décembre 2017.
Par A.E