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La Banque mondiale a débloqué 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc en 2020

La Banque mondiale a débloqué 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc en 2020

 

Face à la crise liée la Covid-19, la Banque mondiale a fait preuve d’une importante agilité pour permettre une nouvelle priorisation de ses interventions, selon les besoins du gouvernement marocain.

D’autres appuis sont en cours de préparation, touchant notamment la digitalisation de l’Administration, en particulier la digitalisation des passations de marchés publics ou encore le développement de la petite enfance.

Tour d’horizon avec Jesko Hentschel, directeur du département Maghreb et Malte à la Banque mondiale.

 

Propos recueillis par M. Diao

 

Finances News Hebdo : Quelle a été la totalité de l’aide que la Banque mondiale a apportée au Maroc en 2020, lors de la crise liée au Coronavirus ? Ce soutien peut-il se poursuivre en 2021 sachant que la pandémie est encore-là ?

Jesko Hentschel : Face à cette crise sans précédent touchant des secteurs vitaux de l’économie et affectant ménages et secteurs sociaux, la Banque mondiale a renforcé son appui au gouvernement marocain pour tenter d’atténuer les effets de la crise. A cette fin, elle a débloqué une enveloppe de financement d’1,3 milliard de dollars durant l’année calendaire 2020. La Banque mondiale a tout d’abord déployé une réponse d’urgence au profit du gouvernement marocain dans les premiers mois de la crise, qui s’est située à plusieurs niveaux :

  • La restructuration d'un prêt de 275 millions de dollars pour la gestion des risques de catastrophe pour permettre un décaissement immédiat des fonds face à l’urgence sanitaire;
  • Un prêt de 48 millions de dollars destiné à appuyer la réponse du ministère de la Santé face à la pandémie;
  • Et puis un financement de 500 millions de dollars en faveur de l’inclusion numérique et financière pour accélérer le déploiement des solutions digitales et un meilleur accès au microfinancement.

Dans cette seconde phase que nous entamons, notre accompagnement aux priorités du gouvernement marocain se poursuit, notamment dans le soutien à la phase de relance et la mise en œuvre de chantiers structurants annoncés par SM le Roi. En décembre dernier, la Banque mondiale a mobilisé un prêt de 400 millions de dollars pour soutenir le système de protection sociale. Le même mois, 250 millions de dollars ont été déployés en appui à la stratégie Génération Green pour renforcer l’inclusion économique, notamment des jeunes ruraux.

L’autre soutien important est l’appui à l’amélioration de l’efficacité des transports urbains, à travers un financement de 150 millions de dollars. D’autres appuis sont en cours de préparation, touchant notamment la digitalisation de l’Administration, en particulier la digitalisation des passations de marchés publics ou encore le développement de la petite enfance. Parallèlement à cet appui financier, la Banque mondiale a apporté son assistance technique et son conseil au gouvernement marocain dans l’élaboration des stratégies de relance, notamment en ce qui concerne la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Cette assistance a également pris la forme d’un suivi et d’une veille des répercussions de la crise sur plusieurs secteurs vitaux. Je citerais par exemple l’évaluation de l’impact de la crise sur les municipalités ou encore sur les entreprises du secteur formel pour permettre une réponse informée aux défis engendrés par la crise.

 

F.N.H. : Quelle lecture faites-vous des principaux indicateurs macroéconomiques enregistrés par le Maroc en 2020 et des projections en la matière pour 2021 ?

J. H. : Le Maroc est actuellement confronté à une lourde récession qui se traduit par un impact négatif sur le marché du travail et sur les taux de pauvreté et de vulnérabilité. En 2020, l’économie marocaine se serait contractée de 6,3%, principalement en raison de la pandémie et de la sécheresse. Cependant, ce ralentissement de l’économie est comparativement moins grave que celui enregistré par d’autres pays de la région MENA. A titre d’exemple, on s’attend à une récession plus forte dans la plupart des pays voisins du Maroc, que ce soient les pays du sud d’Europe ou l’Algérie et la Tunisie. L’un des principaux atouts affichés par le Maroc pour le moyen terme est la solidité de sa stratégie de relance, ambitieuse à plus d’un titre.

Tout d’abord, en termes de mobilisation des ressources, à un niveau bien supérieur à la moyenne des pays émergents et ceux en voie de développement (plus de 10% du PIB pour accompagner la reprise de l´économie). Ensuite, en raison des réformes structurelles lancées dans les domaines de la protection sociale, des réformes du secteur public, du climat des affaires et de l’inclusion financière et digitale. La mise en place effective de ces réformes pourrait jeter les bases d’une récupération de l’économie, qui pourrait se traduire par une croissance estimée à 4% pour 2021, un niveau supérieur à la moyenne des pays MENA. Néanmoins, la situation reste marquée par une forte incertitude: le rythme de la reprise économique du Maroc et du reste du monde dépendra de facteurs difficiles à prévoir, comme l’aggravation éventuelle de la pandémie ou la cadence de mise en œuvre des campagnes de vaccination.

 

F.N.H. : Dans ce contexte de crise sanitaire mondiale, quelles sont les réformes macroéconomiques et financières que le Maroc doit accélérer afin de faciliter la relance et la sortie de crise ?

J. H. : Les politiques macroéconomiques saines menées par le Maroc continuent d’être des gages de stabilité et de confiance des opérateurs économiques. Malgré la récession, l’augmentation de la dette publique et même le Downgrade de l’agence de notation Fitch, la crédibilité macroéconomique du Maroc reste stable, comme en témoigne l’accès favorable du Royaume aux marchés financiers internationaux. Cependant, ceci n’exempte pas le pays de réformes structurelles pour accélérer la croissance économique, qui montrait des signes d’essoufflement même avant le début de la pandémie. Ces réformes devraient en particulier viser à promouvoir l’inclusion sociale en mettant l’accent sur les jeunes, les femmes et les travailleurs du secteur informel.

Par ailleurs, la crise de la Covid-19 a souligné l’importance de renforcer l’insertion financière et numérique des ménages et des entreprises. Des lacunes ont été relevées dans ce domaine en pleine crise. A titre d’exemple, la mise en place du programme Tadamon, qui s’appuie sur des plateformes financières et digitales pour faire parvenir l’aide aux ménages vulnérables a été ralentie par la faible couverture financière et digitale. Aussi, l’importance des outils numériques pour assurer la continuité du travail a été de nouveau soulignée, notamment en période de confinement. Poursuivre les réformes pour créer les conditions pour l’élargissement de l’utilisation de ces outils numériques s’avère donc essentiel, aussi bien auprès des secteurs public et privé qu’auprès des ménages. Enfin, la création du Fonds Mohammed VI pourrait jouer un rôle fondamental pour la relance, en permettant un soutien essentiel aux entreprises affectées par la crise.

 

F.N.H. : Au regard du contexte actuel, quels seront les principaux axes du partenariat entre la Banque mondiale et le Maroc qui, bien avant la crise, s’est attelé à questionner son modèle de développement ?

J. H. : Le partenariat stratégique entre le gouvernement marocain et la Banque mondiale est, comme vous le savez, le cadre qui régit les interventions de la Banque mondiale en appui aux priorités de développement du Royaume. Le cadre établi pour la période 2019-2024 se veut comme un cadre flexible permettant au fil de sa mise en œuvre d’apporter les ajustements nécessaires selon l’évolution du contexte de développement. Face à la crise de la Covid-19, la Banque mondiale a fait preuve d’une importante agilité pour permettre une nouvelle priorisation de ses interventions, selon les besoins du gouvernement marocain.

Mais, plus largement, la Banque mondiale et le gouvernement marocain effectueront une revue à mi-parcours cette année du cadre de partenariat, afin de recentrer l’action sur les secteurs prioritaires. Je pense que les questions de la création d’emplois par le secteur privé, le développement humain et l’équité territoriale, qui sont des axes figurant déjà dans notre cadre de partenariat, revêtiront une importance accrue dans cette prochaine phase. 

 

 

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