En célébrant la Journée mondiale de l'épargne, investisseurs institutionnels et secteur bancaire ont insisté sur le rôle de l'éducation financière et des outils digitaux dans l'inclusion financière.
Un puissant levier d’inclusion financière réside dans le développement à grande échelle des services «G2P».
Par A.H
La journée mondiale de l’épargne, organisée sous l’impulsion de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Barid Al-Maghrib et Bank Al-Maghrib, est devenue un passage obligé des décideurs du secteur financier. Cette année, il s’agissait pour les intervenants d’établir le rôle que joue, et surtout que pourrait jouer le digital dans la promotion et le développement de l’épargne.
Mais très vite, les discours ont convergé vers l’éducation financière dont le rôle de «fer de lance de l’inclusion financière» a fait l’unanimité auprès des acteurs. Abdellatif Jouahri, après avoir évoqué les contraintes macroéconomiques qui influencent l’épargne, est revenu sur le dernier né des outils d’inclusion mis en place au Maroc : le paiement mobile.
Selon Jouahri, 380.000 portefeuilles ont été déclarés, mais le développement bute sur le réseau des commerçants encore limité.
Le président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Othman Benjelloun, n’a pas manqué de rappeler que le développement de l’épargne implique toutes les parties prenantes et pas uniquement les politiques et le milieu financier.
Le président de BMCE Bank of Africa a même considéré l’éducation financière comme un droit fondamental des citoyens, tout en précisant que le rôle des réseaux bancaires classiques dans l’inclusion financière est désormais marginal «L’effort de bancarisation a atteint ses limites avec 7.000 agences au Maroc», a-t-il fait observer.
Partant de sa position de bras armé de l’Etat dans l’inclusion financière, Amin Benjelloun Touimi, Directeur général de Barid Al-Maghrib, a tenu un discours orienté terrain.
Selon lui, «il existe un puissant levier de l’accélération de l’inclusion financière, et qui, me semble-t-il, est en rapport avec l’éducation financière. Il s’agit de la dématérialisation des versements de prestations sociales du gouvernement». Le patron de Poste Maroc fait ici référence à ce qu’on désigne communément par l’acronyme G2P, c’est-à-dire «Governement to Person» : Tayssir, Daam, Bourses pour les étudiants, etc.
Selon cette logique, l’accroissement de la proportion de bénéficiaires de transferts sociaux qui perçoivent leur paiement directement sur un compte bancaire ou de paiement pourra servir, «avec certitude», l’inclusion financière de cette catégorie de citoyens.
Ces paiements électroniques sont, par ailleurs, un moyen de réduire le coût des paiements pour l’État et accroît la commodité pour les bénéficiaires par rapport aux modèles de paiements en espèces, qui requièrent la présence du bénéficiaire en un lieu donné à un moment donné pour recevoir son paiement.
Amin Benjelloun Touimi sait de quoi il parle puisque le Maroc, à travers Barid Al-Maghrib, figure parmi les 10 meilleurs opérateurs du monde en ce qui concerne la capacité de faire progresser l’inclusion financière, aux côtés du Top 10 : Suisse, France, Japon, Belarus, Canada, Grande-Bretagne, Italie, Irlande et Singapour.
Pour Abdellatif Zaghnoun, DG de la CDG, l’objectif d’inclure financièrement tous les citoyens ne pourrait être atteint sans améliorer au préalable les compétences et les connaissances économiques et financières de ces derniers.
«C’est un intérêt stratégique pour le Royaume», a-t-il martelé. «Le Roi nous a tous interpellés», a rappelé le patron de la CDG, appelant à une mobilisation à long terme, car la dynamique d’investissement ne peut être soutenue que par l’épargne et sa transformation en emplois au service de l’intérêt collectif. Intérêt que CDG, à travers ses filiales CDG Invest, Finea et Jaida, s’emploie à servir.
Cette journée mondiale de l’épargne a été célébrée au Maroc dans un contexte particulier, marqué par le discours Royal du 11 octobre, appelant les acteurs financiers à de plus grands efforts en faveur des tissus fragiles.
Elle intervient aussi dans un contexte de taux bas qui, selon les propos de Abdellatif Jouahri, ne laissent pas beaucoup de marge de manœuvre en termes de politique monétaire, et des dépôts bancaires qui s’effritent et poussent à trouver des solution rapides à la mobilisation de l'épargne. Et bien que l'on soit face à des impératifs de court terme, les acteurs semblent être d'accord sur la marche à suivre à long terme : investir dans l’éducation financière, afin «de mieux comprendre pour mieux décider». ◆