La CDG dévoile CAP 2030, une feuille de route qui renforce son rôle d’investisseur public et accélère la mobilisation de capitaux au service des priorités nationales.
La Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) redéfinit son rôle d’investisseur public à l’horizon 2030 à travers une feuille de route structurée autour d’une exigence : consolider sa position d’acteur de référence du développement national, tout en s’adaptant à un environnement économique marqué par des besoins élevés en financement, en innovation et en souveraineté stratégique. Le plan CAP 2030 présenté par l’institution articule ainsi une vision long terme, des engagements quantifiés et un repositionnement progressif de ses métiers.
La CDG inscrit son action dans cinq axes structurants. L’institution prévoit d’abord de renforcer la sécurisation et la dynamisation de ses ressources, socle indispensable pour préserver son rôle de partenaire de confiance dans la gestion des retraites, des dépôts réglementés et de l’épargne nationale. Elle engage ensuite un effort de modernisation de ses instruments d’intervention afin de les adapter au nouveau contexte d’investissement, caractérisé par des besoins de financements massifs et des cycles économiques plus courts.
L’ambition vise également à réorienter les métiers de développement territorial vers des activités générant un impact socio-économique plus fort, tout en anticipant l’émergence de secteurs d’avenir. La CDG inscrit enfin l’ensemble de ses interventions dans une logique de soutenabilité, en intégrant pleinement les objectifs de durabilité et les standards ESG dans ses processus d’investissement.
Sécuriser l’épargne et amplifier l’impact national
Le plan CAP 2030 renforce les engagements historiques de la CDG. L’institution entend pérenniser son rôle de partenaire de référence pour les retraites, accompagner la mise en œuvre des réformes et exploiter davantage le potentiel de l’épargne populaire. Elle souhaite aussi consolider son positionnement auprès des professions juridiques, en élevant les standards de service associés aux dépôts et consignations.
Sur le volet impact, la CDG mobilise ses instruments pour soutenir l’emploi, le désenclavement des territoires, l’inclusion financière—en particulier pour les TPME et les populations exclues des circuits classiques—et la promotion d’initiatives durables. La finance inclusive et le financement de projets à fort impact social deviennent des leviers explicites de sa mission.
L’institution annonce une montée en expertise, notamment dans la structuration financière, la gestion d’actifs et le développement territorial. Elle opère une séparation claire entre détention et gestion des actifs, renforçant ainsi la transparence et la robustesse de son modèle.
Parallèlement, la CDG se positionne davantage sur la finance verte : recours à des solutions de financement durable, attractivité vis-à-vis des fonds étrangers, et leviers accrus via le refinancement. L’intégration des standards ESG devient un pilier d’intervention, aligné sur les priorités nationales de lutte contre le changement climatique et d’adaptation des territoires.
100 Mds de DH mobilisés en financement à horizon 2030
La traduction opérationnelle du plan repose sur trois blocs : la pérennisation du modèle d’épargne, l’amplification des investissements et l’impact socio-économique.
Sur la partie financement, la CDG prévoit 47 Mds de DH de mobilisation en dette d’ici 2030, au sein d’une enveloppe globale de 100 Mds de DH. Le capital-investissement suivra une trajectoire ascendante, avec près de 8 Mds de DH investis, et 14 Mds de DH injectés dans des projets en tant qu’opérateur.
L’effet d’entraînement visé est significatif : entre 100 et 200 milliards de dirhams de projets catalysés, notamment dans les infrastructures sociales, les services publics ou les secteurs prioritaires comme les TPME, les femmes et les jeunes.
Les indicateurs internes projettent une hausse de 100 % de l’investissement territorial, 100% de la capacité de prise de risque et 31% de la mobilisation de l’épargne, pour atteindre 210 milliards de dirhams de dépôts d’ici 2030.
Historiquement, la CDG a soutenu la modernisation du secteur financier à travers la digitalisation, la création d’un marché des capitaux attractif et l’accès au financement pour les TPE/PME. Désormais, elle ajoute un deuxième axe stratégique : repositionner son intervention autour de l’inclusion financière et de l’innovation. Ce virage doit ériger l’inclusion en priorité nationale et stimuler la compétitivité via des solutions innovantes, financières et digitales.
Le développement territorial comme levier d’aménagement et d’industrialisation
La CDG réaffirme son rôle d’aménageur public, avec des projets structurants sur des zones urbaines comme Zenata, Casa Anfa, Nassim ou Hay Riad. Elle met en avant une stratégie d’industrialisation territoriale reposant sur des écosystèmes intégrés et la mobilisation de terrains assortis d’obligations strictes d’emploi.
Le déploiement se veut également numérique. La CDG promeut des plateformes digitales industrielles et s’appuie sur une ingénierie technique destinée à accompagner des projets complexes de mobilité, d’ouvrages ou de transition énergétique.
La cartographie présentée illustre l’envergure de cette stratégie : zones d’accélération industrielles à Rabat, Fès et Oujda ; écosystèmes technologiques à Casablanca, Agadir et Dakhla ; et projets territoriaux dans les régions du Sud.
Le plan isole des secteurs à fort potentiel : infrastructures de l’eau, transition énergétique, biotech, stockage stratégique alimentaire, digitalisation des services publics, infrastructures de mobilité régionale, valorisation des déchets et recherche. Quatre d’entre eux sont considérés prioritaires : dessalement, irrigation, traitement des eaux usées, rénovation des réseaux ; énergies renouvelables et transmission électrique ; souveraineté alimentaire via les céréales et semences ; souveraineté numérique via les capacités de stockage des données publiques.