Entretien avec Hassan Boulaknadal en marge du 4ème Meeting sur l’information financière.
L’intégration des marchés financiers africains passe par une plus grande liberté de circulation des capitaux.
L’évolution des montants que les opérateurs investissent à l’étranger et l’autorisation accordée aux banques pour le financement en devises font partie des chantiers initiés par l’Office des changes.
Finances News Hebdo : Comment définissez-vous le rôle de l’Office des changes (OC) pour l’accompagnement des opérateurs marocains de plus en plus enclins à investir en Afrique ?
Hassan Boulaknadal : Il faut savoir que l’Office des changes est un acteur central de l’ouverture de la sphère économique et financière marocaine sur son environnement local ou régional. Nous avons accompagné les opérateurs nationaux, et continuons à le faire, en adoptant une politique d’ouverture graduelle, mais irréversible.
Aujourd’hui, les investissements qui sont autorisés au niveau africain sont à hauteur de 100 millions de dirhams. Au-delà de ce montant, somme toute conséquent pour les PME, l’Office des changes est toujours disposé à soutenir les acteurs économiques de grande taille pour investir sur le continent. Donc, notre démarche est une politique d’écoute. D’où ma présence au quatrième meeting sur l’information financière. De concert avec les autres régulateurs, nous essayons d’adapter notre corpus réglementaire pour permettre aux entreprises marocaines de mieux s’intégrer à l’environnement régional et mondial.
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F.N.H. : Qu’en est-il pour les montants supérieurs à 100 MDH. Y a-t-il un accompagnement personnalisé pour les grands groupes marocains souhaitant investir davantage l’Afrique ?
H. B. : Chaque fois qu’un opérateur souhaite investir un montant important à l’étranger, l’Office des changes l’accompagne en étudiant son dossier. En clair, nous étudions l’opportunité de l’investissement de l’opérateur et la structure de financement de l’investissement. L’idée est de sécuriser les investissements des entités nationales en adéquation et en conformité avec les lois et les juridictions étrangères, avec lesquelles nous avons beaucoup d’interactions.
Nous mettons ainsi à la disposition des entreprises marocaines des informations fraîches et utiles à leurs investissements.
F.N.H. : A court et moyen terme, quelles seraient les évolutions de la réglementation nationale ?
H. B. : La réglementation a un coût pour les opérateurs économiques. Par conséquent, notre objectif est de garantir une certaine stabilité réglementaire sur un horizon temporel déterminé. La circulaire dénommée «Instruction générale de l’Office des changes» remonte à l’année 2013. Cinq ans plus tard, nous estimons qu’il est temps de la mettre à niveau.
Pour la réglementation à venir, il sera question d’offrir aux opérateurs économiques davantage de souplesse et d’ouverture. L’objectif est de leur permettre d’étendre davantage leurs activités à l’international.
Concrètement, la future réglementation concernera, entre autres, l’évolution des montants que les opérateurs peuvent à investir à l’étranger et l’autorisation accordée aux banques pour le financement en devises, avec moins de contraintes au niveau du reporting post-opération.
Tous ces aspects ont été travaillés avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) et les différents régulateurs. La politique d’écoute est un axe central de notre démarche, comme mentionné précédemment. Nous recevons régulièrement les associations professionnelles afin de faire l’évaluation du corpus réglementaire et mieux appréhender leurs besoins en termes d’assouplissement de la réglementation. L’Office des changes, qui est tout de même dépositaire de la mission de la préservation des réserves de change du pays, essaye toujours, dans la mesure du possible, de répondre favorablement aux requêtes des opérateurs nationaux. ■
Propos recueillis par M. Diao