Le chèque reste de loin l’instrument de paiement le plus utilisé, et représente plus de la moitié des montants échangés. La Banque centrale alerte sur la recrudescence des rejets des lettres de change normalisées. Une mission d’évaluation de la conformité des infrastructures de marchés révèle que celles-ci sont globalement conformes.
Malgré la percée notable de l’utilisation des cartes bancaires, le chèque demeure, de loin, l’instrument de paiement le plus adopté par les Marocains. C’est ce que révèle le dernier rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) sur les instruments de paiement échangés via les circuits bancaires pour l’année 2014.
Ainsi, en nombre de transactions, 33,7% du total des opérations ont été réalisés par chèque. Le paiement par chèque devance les virements (29%), le paiement par carte (20%), les prélèvements (14,1%) et les lettres de change normalisées (LCN), (3,1%).
En valeur, l’écart entre les chèques et les autres instruments de paiement se creuse. Les chèques représentent 53,5% des montants échangés, loin devant les virements (32,7%), les LCN (10%), les prélèvements (3%), et les paiements par carte (0,5%). La Banque centrale en conclut que «le chèque conserve sa place de prédilection auprès des agents économiques, qui restent confiants dans son utilisation pour le règlement des transactions de montants élevés». Le paiement par carte, quant à lui, reste cantonné à de petits montants.
Inquiétude sur les LCN
BAM nous livre par ailleurs une série de statistiques sur les incidents de paiement. En 2014, le nombre de rejets de chèques, tous motifs confondus, s’est élevé à 722.977 opérations. Ce qui correspond à un taux de rejets de 2,55%, en dégradation de 0,12 % par rapport à son niveau de 2013. Il y a, bien sûr, la conjoncture économique difficile qui explique cette dégradation, à laquelle vient s’ajouter, selon la Banque centrale, un événement non récurrent : «un pic de rejets enregistré en octobre 2014 de 2,92%, dû à une journée de grève où les chèques, non traités, étaient rejetés pour motif technique». 55% des rejets de chèques le sont pour motifs de défaut ou d’insuffisance de provision. Le nombre d’interdits de chèque atteint 579.037 personnes, et s’inscrit en hausse de 3,53% entre 2013 et 2014.
Plus «inquiétant» encore, relève BAM, est la proportion des incidents de paiement concernant les LCN. Cet instrument de paiement, très utilisé dans les transactions commerciales, est en train de perdre de sa crédibilité dans la mesure où, en 2014, 18,1% des LCN ont été rejetées, contre seulement 17,4% en 2013. Ce chiffre est d’autant plus préoccupant que 90% de ces rejets l’ont été pour motif d’absence ou d’insuffisance de provision. La Banque centrale rappelle qu’elle n’a eu de cesse de mettre en place des mesures dissuasives pour prévenir contre la recrudescence des incidents de paiement sur les LCN.
Sur un autre volet, celui des infrastructures de marchés, la Banque centrale veille au grain. Elle a mené une mission d’évaluation du Système des règlements bruts du Maroc (SRBM, c’est-à-dire le système pour le règlement des grosses transactions sur le marché financier marocain), au second semestre 2014, après celle de 2010, afin de s’assurer du niveau de conformité de ce système aux meilleures normes internationales. Selon BAM, «l’évaluation du Système des règlements bruts du Maroc a mis en exergue des niveaux de fiabilité, de résilience et de disponibilité du système hautement satisfaisants».
Quant à Maroclear, le dépositaire central, il a également fait l’objet d’une évaluation de conformité aux Principes pour les infrastructures des marchés financiers (PIMF). Cette évaluation a permis de constater des niveaux «partiellement conformes» aux normes internationales. Par partiellement conformes, il faut comprendre que des insuffisances majeures ont été constatées ayant un impact significatif sur l’efficience et la sécurité du système, mais le gestionnaire a toutefois prévu un plan d’action pour pallier ces insuffisances.
Amine Elkadiri