Qu'ils soient annuels ou semestriels, les résultats des immobilières cotées sont attendus au tournant par les boursiers. Il faut dire que le caractère cyclique du secteur en fait un indicateur important sur la santé globale du marché boursier, comme c'est le cas pour l'économie réelle. Il est en effet rare de voir les actions des immobilières progresser dans un marché baissier ou, inversement, des indices qui progressent sans le secteur immobilier. Et justement, les années 2016 et 2017 étaient et demeurent les années du grand retour du secteur en haut du tableau des variations, tiré essentiellement par Alliances après avoir touché le fond.
Pourtant, les réalisations du premier semestre dénotent d'une stagnation de l'activité. Ainsi, le secteur affiche une baisse des ventes de plus de 4% par rapport au premier semestre 2016. L'exploitation connait une dégradation plus marquée avec un résultat global en détérioration de plus de 6%, et ce malgré la bonne performance d'Alliances (+114%). Au final, le secteur dégage tout de même une profitabilité en amélioration, expliquée en partie par le rattrapage d'Alliances et celui d'Espaces Saada qui profitent d'effets de base favorables, les premiers semestres 2016 ayant été peu profitables.
Des réserves foncières décevantes
C'est sans doute le point qui fâche le plus la communauté des investisseurs. La réserve foncière des immobilières, dont dépendent intimement les revenus futurs, ne se constitue plus à bon rythme. La vitesse de remplacement est faible et cela constitue un risque pour le secteur. Alliances déstocke des terrains pour rembourser des dettes, alors que Espaces Saada annonce une réserve foncière stable à 1.000 ha au terme du premier semestre. Addoha a dépensé, pour sa part, une envelope de 320 MDH pour un terrain à Dar Bouazza destiné au moyen standing et un autre à Errahma. Le groupe annonce que cette enveloppe couvre également la finalisation de l'acquisition d'une réserve foncière de 90 ha à Errahma.
En somme, pas de quoi renouveler les besoins de cette machine de production géante. Le secteur, qui affiche une marge opérationnelle parmi les plus élevées du marché (19,4%), plus élevée que celle des mines selon les calculs des analystes d'Upline, risque de se heurter à une raréfaction du foncier et à un nouveau cycle lourd d'investissements.
De plus, ce secteur a la particularité de stocker des charges, ce qui augmente doublement la défiance des investisseurs. Résultat des courses : le marché a sanctionné les résultats dès leur publication. Mais le sentiment général vis-à-vis du secteur est le même : la méfiance ou - pour rester dans des termes plus orthodoxes - une prime de risque élevée sur le secteur immobilier, explique sans doute que, sauf pour les valeurs en rattrapage, les immobilières cotées stagnent en Bourse indépendamment de leurs résultats. ■
A. Hlimi