- Thomson Reuters déconstruit le raisonnement derrière le de-risking.
La multiplication des lois à l'international sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, ou encore la loi américaine Fatca sont des gisements de risques de conformité pour les banques, en particulier dans notre région. Cela peut les pousser à se séparer de certains clients pour éviter ces risques et les sanctions qui en découlent. C'est ce que l'on appelle le de-risking.
De-risker, c'est condamner des PME et des entrepreneurs à être à l'extérieur du circuit formel et les obliger à passer par des circuits «gris» pour se financer. Thomson Reuters a d'ailleurs réuni des experts autour de cette thématique.
L'objectif de cette conférence organisée par le groupe récemment à Casablanca était de discuter des nouvelles tendances en matière de conformité et déconstruire le raisonnement autour du de-risking que Mohammed Rachid, directeur des affaires institutionnelles à Casa Finance City, trouve d'ailleurs dépassé, car il n'a pas permis d'atteindre les objectifs.
Mohamed Daoud, responsable développement conformité chez Thomson Reuters, avant de nous parler de cette problématique, préfère d'abord corriger la perception des responsables sur la conformité, la jugeant souvent fausse.
«Le régulateur local gère la conformité locale. La Banque centrale d'un pays se focalise sur les opérations en devises du pays. Or, pour la contrepartie en devises, ce sont les banques dépositaires dans ces devises qui vont juger la conformité. Il faut donc réfléchir localement, mais agir globalement en termes de conformité», indique-t-il.
Pour cet expert conformité, les banquiers ont souvent le souci de la régulation locale et oublient les risques externes. Une idée que partage à son tour Hicham Grine, directeur contrôle interne et conformité de Maroclear, qui indique que les institutions financières doivent aujourd'hui anticiper les best-practices et ne pas s'arrêter aux exigences locales. Ceci évite, selon lui, les freins secs dans la conduite de la stratégie, que les mastodontes financiers ne peuvent pas actionner. Autant anticiper.
Mohammed Rachid pousse le raisonnement plus loin et parle d'une nouvelle tendance : le re-risking, que les plus disciplinés des organismes financiers appliquent pour profiter des contraintes des autres.
«Les règles appliquées sur une base de compréhension locale ont leurs limites. Prenez un avion et allez déjeuner avec votre contrepartie pour être conforme. Mais arrêtez de refuser des clients par peur de conformité», dit le responsable de Reuters. ■
A.H