Le Fonds Africa50, qui accompagnera les entreprises marocaines ambitionnant d’investir et d’étendre leurs activités en Afrique, devrait voir le montant de son capital atteindre la barre du milliard de dollars d’ici fin 2016. Du côté de la Banque africaine de développement, institution à l’origine de la création du fonds panafricain, on précise que la priorité du moment est d’accroître le nombre de souscripteurs au capital d’Africa50.
L’assemblée générale du Fonds Africa50 tenue récemment à Casablanca était l’occasion pour Akinwumi A. Adesina, à la fois président de la Banque africaine de développement (BAD) et du Conseil d'administration du fonds panafricain, qui est l’émanation de la banque continentale, de faire le déplacement au Maroc. Cette importante visite a été rythmée par les multiples rencontres entre A. Adesina et les hautes autorités publiques pour ne citer que le Chef de gouvernement, AbdeIilah Benkirane, et plusieurs membres du gouvernement. Cela dit, la presse nationale et internationale a été conviée au terme de l’assemblée générale du fonds panafricain dédié aux infrastructures, qui a son siège à Casablanca. Stratégie de la BAD, vocation du Fonds Africa50, importance du Maroc pour la banque continentale et en tant que modèle de développement africain concluant, sont autant de points débattus au cours de la rencontre avec les représentants de la presse.
Le Maroc, une pièce maîtresse
L’une des annonces majeures faites par le patron de la BAD a été la souscription au capital du Fonds Africa50 par deux Banques centrales. Il s’agit de Bank Al-Maghrib (BAM) à hauteur de 20 millions de dollars et de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour un montant de 5 millions de dollars. L’importance du Maroc pour le premier bailleur de fonds de l’Afrique n’est plus à démontrer. Rappelons que le Royaume est le premier client de la BAD, avec des investissements mobilisés au cours de la dernière décennie de l'ordre de 7,8 milliards de dollars, dont 2,8 milliards destinés aux secteurs de l'infrastructure et de l’énergie. La banque continentale continue de financer les domaines névralgiques pour le développement du pays. Il s’agit entre autres de la santé, la formation, l'agriculture, le transport, l’eau et l’assainissement. «Le Maroc, qui se distingue par ses investissements de plus en plus importants au Sud du Sahara, constitue indéniablement un exemple de développement à suivre pour les autres pays africains», martèle A. Adesina. Ce dernier a, par ailleurs, précisé que ses rencontres avec Mustapha Bakkoury, président du Directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen), Mostafa Terrab, PDG de l’Office chérifien des phosphates, et Miriem Bensaleh-Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), revêtent une importance particulière. En effet, grâce à Masen, qui a littéralement porté le Plan solaire marocain, le Maroc est aujourd’hui une référence en matière d’énergie solaire, avec la centrale solaire thermique de Noor qui est la plus grande centrale du genre jamais construite dans le monde. Le patron de la BAD reste formel : «L’entité dirigée par Mustapha Bakkoury aura un rôle majeur à jouer dans le domaine de la production d’électricité en Afrique». En effet, au cours des cinq années à venir, la BAD ambitionne d’investir près de 5 Mds de dollars afin d’électrifier le continent. L’OCP, qui a créé une filiale africaine dédiée à la production d’engrais, est aux yeux des responsables de la BAD un acteur majeur avec lequel il faudra compter pour assurer l’autosuffisance alimentaire à l’échelle continentale. «L’Afrique dépense près de 35 Mds de dollars par année pour l’importation de denrées alimentaires. Si rien n’est fait, ce chiffre atteindra 100 Mds de dollars à l’avenir», avertit le président de la BAD, qui place beaucoup d’espoir sur le Fonds Africa50.
M. Diao
Assurer la montée en puissance du Fonds
Le déficit de l’Afrique en matière d’infrastructures est situé autour de 100 Mds de dollars. Et pourtant, le continent qui devrait connaître un taux de croissance de 4,5% du PIB en 2017, concentre d’importantes ressources financières domestiques. Pour preuve, les fonds de pension africains pèsent 364 Mds de dollars. Pour leur part, les fonds souverains du continent totalisent 164 Mds de dollars de ressources et les Fonds de private equity 29 Mds de dollars. Tout l’enjeu pour le Fonds Africa50 est de mobiliser aussi bien les ressources domestiques et qu’externes disponibles pour le financement des infrastructures de l’Afrique. Cela dit, A. Adesina compte sur sa nouvelle recrue Alain Ebobisse, Directeur général du fonds panafricain, pour atteindre les objectifs fixés à terme et accélérer le rythme de progression des souscripteurs au capital (Etats, structures privées et institutionnelles). D’ailleurs, des roadshows seront organisés pour rallier le maximum de partenaires, notamment issus du secteur privé. A la question de savoir si Africa50 et la BAD ne se marchent pas sur les pieds au regard de leurs objectifs communs, qui n’est autre que le financement du développement du continent à travers les projets, les responsables des deux entités continentales tiennent un discours similaire. Ils estiment que le déficit en matière d’infrastructures en Afrique est tel que la multiplication des structures de financement dédiées au continent ne peut être que bénéfique. «Il faut voir une logique de complémentarité entre la BAD et le Fonds», précise A. Adesina. En effet, la valeur ajoutée d’Africa50 résiderait dans sa capacité à financer mais surtout à développer des projets. Sachant que le développement de projets constitue la phase périlleuse en raison de l’impératif de minimiser et de maîtriser au mieux les risques. Ce volet permet en plus de rendre les projets bancables, et d’attirer les investisseurs en Afrique.