«Dès que le processus de transition vers un régime de change flexible sera entamé, il n’y aura pas de marche arrière», a prévenu et insisté Youness Aissami, Adjoint à la Direction des opérations monétaires et de change au sein de Bank Al-Maghrib, qui s’exprimait lors du troisième meeting de l’information financière organisé par Maroclear, la Bourse de Casablanca, et Finances News Hebdo.
Le représentant de la banque centrale a également précisé que "tant que les prérequis macro-économiques sont là, la transition se fera de manière graduelle. Mais, prévient-il, s’il y a un choc, ou toute détérioration de nos fondamentaux, et tout déséquilibre, la réforme sera accélérée".
La Banque centrale est également revenue sur le pourquoi de cette réforme. «La nécessité de la réforme s’impose par le modèle économique adopté par le Maroc : un modèle économique ouvert sur le monde, avec plus de 50 accords de libre-échange. Cette ouverture se traduit, pour le moment, par un déséquilibre de nos échanges extérieurs et par une forte exposition aux chocs externes, d’où la nécessité de nous prémunir».
La plupart des opérateurs associent, à tort selon la Banque centrale, flottement et dévaluation de la monnaie. «La plupart des Etats qui ont fait la transition vers un régime de change flexible l’on fait parce qu’il y avait une crise, avec un désalignement de leur monnaie par rapport à sa valeur fondamentale». Ce qui a engendré une correction brutale de leur monnaie au moment de la transition vers le régime flottant. «Ce n’est pas le flottement qui a causé la dévaluation. Le flottement était la solution aux déséquilibres qu’ils avaient» précise l’Institution de Abdellatif Jouahri.
Les pays qui ont opté pour une approche graduelle ordonnée se compte sur les doigts de la main. Le Maroc est le premier pays à avoir planifié de A à Z la réforme qu’il compte adopter, toujours selon la Banque centrale.
«On choisit la cadence de la réforme pour permettre aux opérateurs de s’adapter, et tant que les fondamentaux économiques (notamment le niveau des réserves de changes, faible inflation, etc.) sont là. La fenêtre actuelle qui s’offre à nous est idéale pour engager cette réforme».
Le rôle que jouera Bank Al-Maghrib durant la première phase du processus de transition a également été explicité : «il y aura toujours un accompagnement de la Banque centrale, la principale détentrice des réserves de change. Nous devons doit assurer la liquidité au marché. Il y aura au départ un maintien du panier et des bandes de fluctuations qui seront élargies (bandes maximales et bandes minimales)», précise Aissami.
Concrètement, tant que les cours de change se trouvent entre les deux bornes de fluctuations, il n’y aura aucune nécessité pour la Banque centrale d’intervenir.
Les interventions de Bank Al-Maghrib se feront à un prix minimum, et ces interventions se feront dans les deux sens : quand le marché est short (c’est-à-dire acheteur de dirhams) la banque centrale interviendra pour fournir l’excédent de liquidité (bande supérieure). Quand le marché est long (vendeur de dirhams) Bank Al-Maghrib interviendra pour acheter l’excédent de liquidité.
La question brûlante est de savoir combien de temps durera la période de transition. Si aucune réponse claire n’a été apportée, cette transition devra néanmoins se faire dans un délai assez court, c’est-à-dire 5 ans, selon plusieurs sources.
A.E