En baisse en rythme annuel, l'évolution du crédit à l'équipement en dit long sur la confiance des entreprises en sortie de crise.
Par A. Hlimi
La reprise économique postcovid n'est pas aussi vigoureuse qu'on l’aurait imaginée. Il est vrai que la croissance enregistrée en 2021 est de 7,2% et qu'elle compense largement la chute de 6,3% de 2020. Mais ce rattrapage ne s'explique pas totalement par la reprise de l'activité économique. Car, entre-temps, l'inflation a pointé le bout de son nez et la hausse des prix a permis de relever plus vite que prévu le niveau de PIB. Toujours sur ce plan économique, et lorsqu'on s'intéresse uniquement au dernier trimestre 2021 qui a été en partie impacté par les conséquences du variant Omicron, le HCP relève que les activités de la construction auraient affiché une hausse de 6,7%.
Une hausse modérée comparée aux 17,6% de croissance enregistrées un trimestre plus tôt. La valeur ajoutée minière aurait, elle, fléchi de 4,4% après avoir enregistré une hausse de 5,5% un trimestre auparavant. Seules les activités agricoles auraient continué de soutenir la croissance économique globale au T4-2021, affichant une amélioration de 19,1%. Ces évolutions se constatent uniquement sur le marché du crédit, avec des crédits à l'équipement qui régressent de 1,4% à fin novembre 2021 par rapport aux 11 premiers mois de l'année dernière. Or, les crédits à l'équipement sont un indicateur avancé sur la confiance des chefs d'entreprise en l'avenir, et donc leur disposition à investir. En revanche, les crédits à la trésorerie, qui permettent de compenser les besoins pressants à court terme des entreprises, affichent, eux, une hausse de plus de 10% sur la même période, indiquant là aussi que les entreprises sont plus préoccupées par le comblement de leurs besoins en fonds de roulement que par des investissements à long terme.
Et pour compléter ce tableau, les créances en souffrance atteignent 84 Mds de dirhams, en hausse de près de 6% sur 11 mois. Un niveau qualifié de préoccupant par la Banque centrale, les banques et les agences de notation. Dans ce contexte, l'encours des crédits bancaires devrait tourner autour de 1.000 Mds de dirhams en 2021, en baisse timide de moins de 3%. En face, les dépôts bancaires renseignent également sur un certain marasme et un attentisme certain des Marocains. L'encours dépasse désormais les 1.000 Mds de dirhams (+3,6% à fin novembre), essentiellement à cause de la hausse des dépôts à vue et de la forte progression des dépôts en devises, qui ont bondi de 32,3% suite à la hausse des transferts.