A un peu près de 18 mois après son lancement au Maroc et suite à un long processus d'institutionnalisation, la finance participative offre, dorénavant, plus de choix en termes de produits et de services pour sa clientèle, tablant sur une part de marché de 5% à l'horizon de 2024.
Elles sont ainsi près de 100 agences ayant permis l’ouverture de 60.000 comptes auprès des banques et fenêtres participatives au Maroc.
Selon une étude menée par l’Islamic Finance Advisory & Assurance Services (Ifaas), l’arrivée de ces banques a été très attendue par la majorité de la population marocaine, avec environ 98% de Marocains sondés ayant exprimé leur intérêt pour ces instruments.
La Mourabaha, contrat de vente par lequel la banque participative vend un bien mobilier ou immobilier de sa propriété à un client moyennant une commission, reste le financement de prédilection pour les usagers marocains et a représenté 85% de l'encours des crédits à fin 2018, selon les statistiques de Bank Al-Maghrib.
L’année 2018 a, en outre, été marquée par l’émission du premier Sukuk souverain dans l’histoire du Maroc, une première émission ayant porté sur un montant de 1 milliard de dirhams (MMDH) pendant 5 ans et souscrite 3,6 fois plus, soit une demande de 3,6 MMDH.
L’écosystème participatif va s’étoffer
Dans une déclaration à la MAP, le professeur à l’Université Al Quaraouiyine et consultant en Finance islamique à Al Maali International for Islamic Finance and Business, Mohamed Karrat, a expliqué que le développement de la finance participative est tributaire de la diversification des produits et services offerts aux particuliers et aux entreprises, lesquels permettent de mieux répondre à leurs divers besoins.
La présence des banques participatives au sein du paysage bancaire marocain ne date que de 18 mois, mais 5 banques participatives et 3 fenêtres sont déjà actives sur le marché, a noté M. Karrat tout en se félicitant du bilan "prometteur" de cette finance.
En parallèle, le Conseil supérieur des Oulémas, seule autorité compétente pour statuer sur la conformité de ce marché avec les préceptes de l’Islam, a émis 40 observations sur l’activité des banques participatives et leurs services, a-t-il loué, relevant, à cet effet, le dispositif législatif avec y afférent plusieurs lois ont été adoptés où sont en cours d’adoption, notamment la loi n°17.99 relative au code des assurances et introduisant le Takaful, les contrats Ijara Mountahia Bitamlik (destiné au terme du contrat à l’acquisition d’un logement à usage d’habitation principale) et Istisna’a.
Le professeur a, à cet égard, mis l’accent sur la nécessité de tirer profit d’expériences d’autres pays ayant atteint un niveau de maturité avancé dans le domaine de cette finance tout en les adaptant au contexte financier et juridique marocains.
L’écosystème participatif au Maroc revêt des particularités compte tenu de la multiplicité de ses acteurs, à savoir, Bank Al Maghrib, le ministère de l’Economie et des finances, l'Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) ainsi que la commission des finances participatives au sein du Conseil Supérieur des Oulémas, a-t-il relevé.
Et de souligner l’intérêt de vulgariser les concepts liés à cette finance notamment la nature des produits et leurs caractéristiques afin de mieux nuancer les différences entre la finance participative et celle conventionnelle.
Il a, à ce titre, incité les banques participatives à apporter des éclaircissements et à vulgariser certains aspects qui demeurent «incompris par le grand public, sur des bases convaincantes et objectives et, non seulement, sur des arguments reposant sur les valeurs religieuses».
Avec un marché mondial estimé à 2.500 milliards de dollars à fin 2019, ce segment de la finance reste, en dépit des avancées réalisées en matière de législation, embryonnaire au Maroc. Une démarche progressive, du chemin reste encore à faire pour cette finance dite éthique.