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Exclusif. Monétique : L’activité paralysée par la fermeture des frontières

Exclusif. Monétique : L’activité paralysée par la fermeture des frontières

Seuls 4 milliards de DH ont été collectés par cartes étrangères au premier semestre 2020, en baisse de 62%.

Les nouvelles restrictions appliquées à Casablanca sont un nouveau coup dur pour l’activité.

 

Par Y. Seddik

 

L’activité monétique nationale qui, jusque-là, s’est toujours distinguée, enregistre cette année son premier accident de parcours. Contexte oblige. Les réalisations globales de l’activité monétique, comprenant les opérations de retrait d’espèces sur le réseau des guichets automatiques, les opérations de paiement auprès des commerçants et eMarchands, les opérations de paiement sur les GAB et les opérations de Cash Advance par cartes bancaires, marocaines et étrangères, au Maroc, ressortent en régression de 13,4% en nombre d'opérations et de 9,6% en montant par rapport au premier semestre de 2019.

Plusieurs facteurs ont concouru à cette décrue : fermeture des frontières, confinement de la population, baisse de pouvoir d'achat, fermetures des commerces... Mais c'est la branche des cartes étrangères qui a été la plus affectée. L'activité touristique, qui représentait 40% des volumes de paiement du CMI (environ 15 milliards de DH par an) et 50% de ses commissions, a considérablement baissé.

«Dès le 18 mars 2020, avec le départ des touristes et la fermeture des frontières, nous avons enregistré une baisse significative des paiements par cartes étrangères de 90%», nous confie Mikael Naciri, Directeur général du CMI. Cette situation perdure jusqu’à ce jour, «malgré un très léger frémissement en août, avec l'arrivée de quelques étrangers (résidant au Maroc et restés bloqués à l’étranger) ou de MRE qui ont choisi de rentrer au pays».

Espoir perdu

L'ouverture des frontières était un espoir auquel s'accrochaient plusieurs secteurs, le tourisme en tête. Mais la pandémie en a décidé autrement. La situation épidémiologique s'est dégradée en plein été et le gouvernement n'avait d'autres choix que de maintenir le pays sous cloche.

«Nous avons tablé sur une ouverture des frontières fin juillet. Depuis, nous avons perdu espoir ainsi que nos clients hôteliers, restaurateurs, loueurs de voitures, bazaristes…, toutes les activités exposées au tourisme sont à genoux. Le tourisme national a permis à certains de relever un peu la tête, mais il reste très insuffisant pour combler le déficit, notamment à Marrakech, Fès, Tanger et Ouarzazate. Les villes balnéaires ont pu profiter un peu de l'affluence nationale», précise Naciri.

Résultats des courses : à date d'aujourd'hui, le Centre n’a collecté que 4,1 milliards de DH par cartes étrangères, ce qui correspond à une baisse de 62% comparativement à la même période en 2019. La récente réouverture conditionnée des frontières a réjoui les opérateurs touristiques. Ce n'est pas le cas pour le CMI. Son patron ne cache d'ailleurs pas son amertume : «Les frontières ont été rouvertes sous certaines conditions. Mais force est de constater que ce n'est pas l'affluence. Ce sera très compliqué de remettre la destination Maroc sur les radars des TO (tour-opérateurs : ndlr) et des touristes. La situation sanitaire, chez nous et chez les principaux pays émetteurs, ne prête pas à l'optimisme, mais nous gardons espoir».

Des modes de distribution en évolution

Cela dit, chaque crise est porteuse de changements (et d'opportunités aussi). C'est le cas pour l'usage des paiements au Maroc. «Les modes de distribution sont en train d'évoluer vers plus de sans contact, du Click and Collect ou de la livraison. Nos enseignes affiliées s'adaptent rapidement à cette nouvelle donne. Le CMI accompagne ses clients pour leur offrir toutes les solutions d'encaissement qui respectent les gestes barrières et qui permettent la continuité du business pour nos clients», assure Naciri.

Parallèlement, du côté de l'activité des cartes marocaines, le CMI a enregistré une croissance «relativement intéressante» des paiements domestiques, que ce soit en face à face ou en ligne. Mais encore une fois, les nouvelles restrictions à Casablanca sont venues enrayer cette reprise escomptée.

«Nous avons enregistré cette dernière semaine un tassement assez net de l’activité, principalement dû au couvre-feu à Casablanca, aux dépenses de la rentrée scolaire, mais aussi et surtout à la baisse du niveau de revenus de nos concitoyens», déplore le patron du CMI. L'analyse faite par le Centre sur les dépenses des porteurs de cartes montre un ralentissement de la consommation (restauration, loisirs, prêt-à-porter), ainsi qu’une baisse des paniers moyens, notamment dans l’alimentaire.

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