L’épargne collectée sera investie dans les secteurs jugés prioritaires par les pouvoirs publics.
Bachir Badou, Directeur général de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (FMSAR), fait le point.-Finances News Hebdo : En tant qu’expert en assurance, que pensez vous du contrat-programme ?
-Bachir Badou : Le contrat-programme est une opportunité pour notre secteur, car il représente une feuille de route pour les quatre ou cinq années à venir.
Son élaboration nous à contraints avec notre administration de supervision à analyser l'ensemble des leviers nécessaires pour permettre à notre secteur d'accélérer son développement et de jouer pleinement son rôle de locomotive pour le développement économique et social de notre pays.
Le résultat final est très équilibré puisque les assureurs s'engagent à accompagner les politiques sectorielles du gouvernement, en participant à l'élargissement d'un certain nombre de couvertures par des offres adaptées aux différentes catégories sociales (assurance maladie des salariés et des indépendants, RC Habitation, RC professionnelle...), par le financement de l'économie nationale en réemployant la collecte de l'épargne dans différentes classes d'actifs (emprunts d'Etat, Bourse de Casablanca et immobilier) et en investissant dans les secteurs jugés prioritaires par les pouvoirs publics.
En contrepartie, le secteur a une meilleure visibilité sur l'évolution de son cadre réglementaire et l'engagement du gouvernement de lever un certain nombre de contraintes pour lui permettre d'atteindre rapidement les ambitions affichées.
-F.N.H : Pourquoi ce retard dans la mise en place et la signature de ce contrat?
-B.B : Il n'y a pas de raison particulière si ce n'est qu'il a fallu rassembler le Premier ministre et neuf ministres signataires dans une conjoncture difficile pour le gouvernement.
-F.N.H : Quelles sont vos attentes par rapport à la mise en place dudit programme?
-B.B : Il est important pour nous de permettre à notre secteur de faire un saut aussi bien en terme qualitatif que quantitatif.
Pour ce faire, nous avons avec chacun des ministères signataires une batterie de mesures que nous allons essayer de concrétiser rapidement. Je peux citer, à titre d'exemple, une ou deux mesures par ministère sur les 70 mesures que comporte le contrat-programme :
Avec le ministère de la Santé, nous allons travailler sur l'élargissement de la couverture santé dans le Royaume.
Avec?le?ministère?de l'Enseignement et de l'Education nationale, nous allons regarder ensemble les besoins futurs du secteur en termes de ressources pour former des jeunes qui viendront rejoindre nos rangs.
Avec le ministère de l'Emploi, nous avons tout un programme visant l'élargissement de la couverture Accident du travail et la simplification des procédures d'indemnisation ou encore la santé et la sécurité au travail.
Avec le ministère de l'Equipement et des Transports nous avons tout un programme qui concerne aussi bien la sécurité routière, la mise à niveau des normes de construction ou encore le financement du développement des zones logistiques. Avec le ministère du Commerce et de l'Industrie, je peux citer notre engagement à soutenir la mise en place de l'Institut national des condition de vie au travail ou encore le financement des secteurs jugés prioritaires.Avec le ministère de l'Habitat nous traitons de plusieurs sujets dont celui concernant la Responsabilité civile habitation et celui de la Protection du patrimoine national.
Avec le ministère des Finances les sujets sont nombreux puisqu'il s'agit, d'une part, de notre tutelle et que d'autre part les questions fiscales sont importantes pour le développement de l'épargne longue.
Au niveau du ministère de la Justice nous traitons de questions qui concernent les services aux assurés en matière d'indemnisation et de procédures judiciaires ainsi que de questions liées à la fraude en assurance.
Propos recueillis par W. Mellouk Jalal Benchekroun, Directeur Général Adjoint d’Atlanta
La signature du contrat-programme entre le secteur des assurances et le gouvernement constitue un événement majeur pour l’économie marocaine en général et le marché des assurances en particulier.
En effet, la mise en œuvre des 70 mesures prévues par le contrat- programme et impliquant 9 ministères clés, en plus des assureurs marocains, permettra d’ici 2015 de doubler le chiffre d’affaires du secteur, d’atteindre un total placement de 200 milliards de dirhams et de créer 55.000 emplois, dont 5.000 directs et 50.000 indirects.
Par ailleurs, ce contrat-programme permet à notre secteur d’avoir une vision claire sur notre stratégie de développement pour les cinq années à venir et permet également l’élargissement de la couverture assurance, notamment en matière de responsabilité et de santé. De ce fait, notre secteur jouera pleinement son rôle en terme de mobilisation de l’épargne, d’investissement dans les secteurs prioritaires, de protection de l’économie, tout en renforçant son dispositif prudentiel.
Ceci dit, la signature du contrat-programme n’est que le début d’un long processus qui demandera l’implication du secteur des assurances et du gouvernement pour l’élaboration et la mise en œuvre des textes réglementaires permettant de concrétiser l’ensemble des mesures prévues et générer ainsi les résultats positifs escomptés pour le Royaume sur les plans économique et social et pour notre secteur plus spécialement..
Ramses Arroub, PDG de Wafa Assurance
Le secteur des assurances regroupe deux activités fondamentales. Une à caractère sociale relative à l’indemnisation des personnes physiques ou morales qui ont subi un sinistre (accidents de la circulation, du travail, incendie...). Ce rôle d'amortisseur des chocs occasionne aujourd'hui plus de 10 milliards de DH injectés par an dans l'économie. L'autre activité est le financement de l'économie (Etat, Bourse, logement...). A ce jour, le secteur des assurances contribue à environ 100 milliards de DH au financement de l'économie.
Le contrat-programme a l’ambition, à l'horizon 2015, de doubler la taille de la contribution du secteur des assurances dans le financement de l’économie nationale pour la porter à 200 milliards de DH et plus de 20 milliards de prestations par an.
Ce doublement reflète un élargissement de la couverture d'assurance, c'est-à-dire plus de marocains couverts, mais aussi mieux couverts, et une mobilisation de nouveaux financements pour accompagner le fort développement économique porté par toutes les stratégies sectorielles dont le Royaume s'est doté et qui sont en cours d'implémentation.