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Entretien : Les sukuks d'abord !

Entretien : Les sukuks d'abord !

Photo KHIRAOUISi, dans un premier temps, la demande est faible, les opérateurs peuvent se contenter des ventes en créant des «Windows».

La mise en place des Comités scientifiques spécialisés en Takaful, permanents et comptant parmi eux au moins un spécialiste indépendant de l’assurance, serait une solution pour éviter le retard dans l’homologation des produits Takaful.

Abdelkrim Khiraoui, actuaire, président-fondateur de A.R.M Consultants, livre son point de vue.

- Finances News Hebdo : Eu égard aux expériences des pays développés en matière de finance islamique,
est-ce qu’aujourd’hui on peut dire qu’au Maroc tous les ingrédients sont réunis pour assurer un meilleur lancement du Takaful ?

- Abdelkrim Khiraoui  : Le plus important est la réunion de la volonté politique et de l’opinion publique qui, partant d’une nouvelle constitution, aspire à une vraie démocratie d’entrepreneuriat et de consommation. Le reste, c’est-à-dire les préalables techniques, peut être mis en place progressivement. Mais avant de se lancer dans le Takaful, l’Etat et les futurs opérateurs gagneraient à étudier en profondeur ce marché potentiel pour cerner la demande et préparer une offre adéquate qui ne soit ni surdimensionnée, ni sous-dimensionnée. Si la demande n’est pas très importante, les opérateurs peuvent se contenter des ventes en créant des «Windows» ; si, par contre elle, est importante, là ils peuvent bâtir des compagnies Takaful, par exemple.

 

- F. N. H. : En l’absence de Sukuk, comment, d’après-vous, peut-on réussir le lancement duTakaful, sachant que notre marché financier n’est pas très développé ?

- A. Kh. : Effectivement, c’est l’un des préalable au lancement du Family Takaful (assurances vie et de personnes). Mais en attendant leur lancement au Maroc, d’autres supports peuvent être encouragés. D’abord, l’immobilier social à la vente, ensuite l’immobilier locatif, car notre pays souffre de manque de logements. Par ailleurs, avec le lancement des banques participatives, qui auront besoin de garantir leurs risques et ceux de leurs clients, en vendant du Takaful; le problème de leur refinancement se pose : le Takaful en est une solution. En représentation de ses engagements techniques, la Compagnie Takaful place  son argent dans des produits à revenus variables de la banque participative, et la boucle est bouclée : il y a là un important gisement de synergie entre banque et assureur !

 

- F. N. H. : Selon la DAPS, c’est le Conseil des Oulémas qui devrait veiller à lui seul au respect de laconformité aux principes de la chariâa. Est-ce que cela ne risque pas de se traduire par des goulots d’étranglement sur le plan pratique ?

- A. Kh. : Le Maroc présente une spécificité religieuse par rapport à d’autres pays musulmans puisqu’il se base sur Imarat Al Mouminine, et donc l’institution religieuse est ancrée, forte et constitue une référence pour les questions qui portent sur la religion. Il est donc tout à fait normal que la haute référence du Takaful soit le Conseil Supérieur des Oulémas. D’ailleurs, vu son indépendance des assureurs, il constitue le garant de la conformité des produits par rapport à la Charia. Cependant, une organisation adéquate, par exemple en comités scientifiques spécialisés en Takaful, permanents et comptant parmi eux au moins un spécialiste indépendant de l’assurance, serait une solution pour éviter le retard dans l’homologation des produits Takaful.

Dossier réalisé par S. E. & I. B.


 

 


 

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