Ce sont 12 entreprises qui partagent trois points en commun : un business viable, durable et de qualité, de l'ambition et, enfin, et c'est peut-être leur meilleure qualité, une culture d'entreprise ouverte au changement. Elles seront accompagnées pendant une période de 2 ans pour être formées à communiquer avec les marchés. Parallèlement, elles profiteront d'un réseau intégré de bailleurs de fonds, d'avocats d'affaires, de banques et d'entreprises partenaires un peu partout dans le monde pour développer des opportunités d'affaires. Combien de fonds lèveront-elles au final ? On ne le sait pas. Ce que l’on sait par contre, c’est qu'à la fin du processus, elles seront toutes «cotables». A elles de faire ce choix, et c'est la clé de réussite de ce programme.
Exploité sous licence par la Bourse de Casablanca, premier partenaire du programme en dehors de l'Europe, Elite a roulé sa bosse sur le Vieux continent, avec désormais un peu plus de 300 entreprises bénéficiaires. Le concept est simple : il s'agit de repérer des entreprises de qualité avec l'ambition de grandir et les préparer, à travers un accompagnement qui dure au moins 2 ans, à lever des fonds. La Bourse de Casablanca a travaillé étroitement avec Maroc PME pour sélectionner ces entreprises. Cette structure étatique dispose de l'une des bases de données les plus étoffées sur les entreprises. Une fois identifiées, rencontrées à plusieurs reprises et sélectionnées, ces entreprises peuvent entrer dans le programme et elles devront payer pour cela ! Karim Hajji, Directeur général de la Bourse, nous a expliqué que ce n'est pas pour gagner de l'argent, mais plutôt pour s'assurer de la motivation de ces entreprises.
Trois étapes
Les 12 entreprises bénéficiaires du programme ont été dévoilées au public le 5 avril par la Bourse de Casablanca. On y retrouve des entreprises bien connues du public, comme Kitea, Outsourcia, et d'autres opérant dans le BtoB et considérées comme leader dans leur secteur : 10 Rajeb, le plus grand fabricant de portes au Maroc, Disty, qui se spécialise dans la distribution informatique, Damandis, qui fait de la distribution de produits de grande consommation, Medasys, qui opère également dans le secteur informatique, et Iwaco, qui s'annonce être une belle pépite au vu de ses réalisations financières et de la structure de son bilan. Cette dernière dit se financer strictement en fonds propres depuis sa création.
Ces 12 entreprises vont désormais démarrer une première étape de formation où les dirigeants et actionnaires devront petit à petit intégrer les changements culturels et organisationnels dans leur entreprise, afin d’accéder au moyen de financement le mieux adapté à leur stratégie de croissance. «Bien que poursuivant le même objectif, les modules de formation composant cette phase ont été choisis et adaptés dans chaque pays, afin de pouvoir fournir aux participants des outils sur-mesure. Au Maroc, le programme de formation est constitué de 6 modules. Il est construit sur la base d’échanges, de partage et de cas d’étude», nous explique-t-on auprès de la Bourse de Casablanca. Vient ensuite l'étape de préparation. Durant cette phase, les entreprises évaluent les lacunes de leur système organisationnel et financier en vue de prévoir les mesures de changement nécessaires pour améliorer leur attractivité vis-à-vis des investisseurs. Des conseillers aideront les entreprises à travailler sur leur propre levée de fonds ou leur croissance. Pour cela, la Bourse s'est entourée de conseillers juridiques, de banques commerciales et d'affaires ainsi que de cabinets d'audit. C'est à ce niveau qu'on perçoit clairement la notion d'écosystème. Ces deux premières étapes durent 2 ans.
Enfin, lors de la troisième étape, ces entreprises se mettent en roue libre. Elles seront désormais outillées pour lever des financements à long terme. Durant cette dernière phase, elles accèdent en continu à une plate-forme internationale leur permettant de contacter directement des investisseurs, clients ou fournisseurs potentiels adhérant au programme. Ce sont 300 entreprises partenaires et autant de gestionnaires de fonds.
Elite et ses 12 entreprises auront la lourde tâche de faire sauter ce verrou qui a pendant longtemps empêché les entreprises d'accéder aux marchés financiers : l'impératif de la communication et de la transparence. A travers cette méthode douce, le contact avec le marché sera progressif, étudié et légitime.
Adil Hlimi