Disty Technologies sort d’un premier semestre profitable marqué par une hausse substantielle des bénéfices.
Le management voit des perspectives prometteuses de croissance et de rentabilité à moyen terme.
Entretien avec Younès Elhimdy, PDG de Disty Technologies.
Finances News Hebdo : Tout d'abord, pouvez-vous nous dresser un tableau général du marché des ordinateurs, tant au niveau local qu'à l'international ?
Younès Elhimdy : Le marché des ordinateurs au niveau mondial a continué de connaître une décroissance par rapport à 2022, mais la bonne nouvelle, c'est que cette décroissance décélère. Le 2ème semestre 2023 devrait suivre la même tendance de décroissance réduite.
Au Maroc, le marché a connu une meilleure tendance au S1 qu'à l'international. Pour la première fois depuis la crise mondiale de la demande, les importations d'ordinateurs n'ont pas connu de baisse au S1 2023 par rapport au S1 de 2022. Elles sont stables. Ceci est dû à une hausse significative de la demande sur les marchés publics, principalement dans l'éducation et la santé. Le segment des PME/PMI progresse d'environ 7%, par contre, le segment des grands magasins qui alimentent les particuliers, est en très forte baisse. Cette période a aussi permis d'écouler les stocks hérités de 2022 des différents acteurs du marché.
F.N.H. : Le chiffre d'affaires a connu une croissance de 13,8% au premier semestre 2023. Pouvez-vous expliquer les principaux moteurs de cette croissance et si elle est durable à l'avenir ?
Y. E. : Dans le cas de Disty Technologies, l'introduction en Bourse de 2022 nous a donné les moyens financiers pour nous positionner sur des appels d'offres importants. Elle nous a aussi fait gagner en visibilité et en taille. Nous avons également investi dans une présence commerciale sur tous les segments clients. Il faut signaler que l'esprit start-up qui a fait la différence depuis la création, est toujours présent. Les nouvelles cartes signées récemment commencent à contribuer à l'activité.
Disty Technologies a évidemment encore un potentiel de croissance, avec d'une part une croissance organique sur les cartes existantes, et d'autre part, une augmentation de la contribution des nouvelles cartes. Surtout en 2024, la demande devrait se rétablir aux niveaux de 2019 car les particuliers et les entreprises seront amenés à faire évoluer leur équipement acquis 4 ans auparavant.
F.N.H. : Pouvez-vous fournir plus de détails sur les mesures spécifiques que vous avez prises pour atténuer la contraction de la marge opérationnelle, en particulier en ce qui concerne l'amélioration des processus d'achats et la maîtrise des charges ?
Y. E. : Nous savions depuis fin 2022 que le premier semestre allait continuer avec une demande en berne. Par ailleurs, comme tous les autres acteurs, nous avions du stock à écouler et la croissance de la demande ne pouvait venir que du segment des marchés publics, moins rémunérateur que les autres segments. Cela laissait entrevoir une possibilité de hausse du chiffre d'affaires mais aussi une baisse de la marge commerciale.
Nous avons donc rationalisé nos charges et continué une approche de maîtrise des fluctuations de change, ce qui a finalement généré un gain net significatif. La conjonction de ces tendances a permis une hausse importante du résultat net.
F.N.H. : En ce qui concerne la volatilité des devises internationales, pourriez-vous expliquer comment votre nouvelle politique de couverture de change vous a permis de réaliser un gain de change important, et comment comptez-vous maintenir une gestion efficace des devises à l'avenir ?
Y. E. : La fluctuation importante des devises en 2022 a complètement changé notre politique de gestion du risque de change. Nous avons commencé en septembre 2022 une nouvelle approche basée principalement sur une couverture systématique et un suivi plus étroit des tendances. Il faut signaler qu'en S1 2023, la fluctuation est moindre qu'en 2022. Cette nouvelle approche a l'avantage de nous prémunir contre les fortes fluctuations. Elle continuera donc à porter ses fruits.
F.N.H. : Avec la perspective d'un retour à des niveaux de stocks normatifs au 2ème semestre 2023, comment cela pourrait-il affecter votre trésorerie et votre capacité à investir dans de nouvelles opportunités ?
Y. E. : Certes, la baisse des stocks améliore la trésorerie. Mais avoir du stock fait partie de la mission de l'entreprise en tant que grossiste. L'entreprise a les moyens financiers de constituer des stocks importants sans impact sur son fonctionnement normal.
F.N.H. : Quelles sont vos perspectives pour la croissance et la rentabilité de l'entreprise à moyen terme, et comment les résultats du premier semestre 2023 s'inscrivent-ils dans ces perspectives ?
Y. E. : Comme évoqué précédemment, le premier semestre 2023 a permis de réduire les stocks et d'augmenter notre part de marché dans un marché où la demande se déplace vers les appels d'offres publics. Nous avons également poursuivi notre dynamique commerciale dans les autres segments. Nous avons aussi diversifié notre portefeuille de produits B2B en ajoutant de nouvelles catégories de produits et de solutions.
Toute cette dynamique de développement continuera. De plus, selon nos analyses et celles des experts, le marché devrait revenir à une demande plus importante, surtout à partir de 2024. L'entreprise capitalise également sur une meilleure expérience dans la gestion du risque de change. Tout cela donne des perspectives prometteuses de croissance et de rentabilité à moyen terme.