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Dette de l’Etat : Les charges de remboursement montent en flèche !

Dette de l’Etat : Les charges de remboursement montent en flèche !

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Le quinquennat 2012-2016 se caractérise par une explosion des charges liées à la dette publique, soit 15% en moyenne. Cette hausse des charges impacte considérablement le niveau de l’investissement de l’Etat.

S’il y a un élément qui inquiète les économistes à plus d’un titre, c’est bien celui de la dette publique. Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers, la quatrième banque d’investis­sement américaine, fait faillite. Sept ans plus tard, la zone Euro se débat toujours dans une crise des dettes souve­raines. C’est dire que la crise économique et financière de 2008 s’est muée en une crise de la dette, qui a frappé lour­dement l’Europe, et dont la tragédie grecque est l’un des exemples les plus saillants. Au Maroc, les pouvoirs publics rassurent considérant le poids actuel de la dette publique comme étant viable, bien qu’il soit élevé. Un constat que ne semblent pas partager les économistes, entre autres, les analystes de l’Observatoire de conjoncture, qui exhortent les pouvoirs publics à une meil­leure gestion de la dette. Ils considèrent que le recours de plus en plus excessif de l’Etat à l’endettement pour financer le déficit budgétaire a eu pour résultat une montée en flèche des charges de rembourse­ment au titre du paiement des intérêts et commissions, et du principal. Ce qui, par ricochet, limite la capacité du gouvernement à dégager des ressources nécessaires pour assurer le financement de la croissance dans des conditions optimales. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le quinquennat 2012-2016 se caractérise par une hausse des charges, soit 15% par an en moyenne, cor­respondant à 18% au niveau interne et 3,1% pour ce qui est des charges relevant de la dette externe.

A noter que cette montée des charges n’est que la résultante mécanique du stock de la dette publique et notamment celle initiée par le Trésor public. S’agissant de l’encours de cette dette publique, les don­nées retraçant l’évolution sur la période 1998-2014 montrent que le stock a atteint 723 Mds de DH en 2014 (78,2% du PIB), contre 310 Mds de DH en 1998 (81% du PIB), en forte hausse depuis 2011.

L’autre comparaison impor­tante est qu’à la différence des douze premières années où les pouvoirs publics s’atte­laient à la réduction de l’en­dettement (55% du PIB en 2009 contre 81% en 1998, soit une baisse de 26 points de PIB), depuis la biennale 2011-2012, on remarque une inversion des courbes, qui affichent des trends forte­ment haussiers se traduisant par un accroissement de 22 points de PIB en l’espace de cinq ans. A fin 2014, la dette publique représente 78% du PIB et devrait atteindre 81,4% du PIB en 2015, un pourcen­tage qui donne le tournis à nos économistes, qui considèrent que les pays dont le poids dépasse aujourd’hui 100% du PIB sont passés par ces mêmes niveaux. Un niveau, jugé alarmant, et qu’il faut sur­tout surveiller.

A noter que cette hausse résulte, par ailleurs, de la pro­gression de la dette extérieure publique (13% entre 2009 et 2014 contre une baisse de 27% entre 1998 et 2008). Le retour massif du Maroc sur le marché financier international s’est traduit par une dette exté­rieure publique ayant gagné plus de 11 points du PIB en six ans. Une hausse, qui aurait pu être plus importante sans l’opération d’amnistie finan­cière décidée dans le cadre de la Loi de Finances 2014. Pour rappel, cette opération a enregistré 18.973 déclarations d’actifs (immobiliers, financiers et liquides) pour une valeur de 27,85 Mds de DH.

Cette hausse considérable de l’encours de la dette directe du Trésor a pour contrepartie la montée en puissance des charges de remboursement. Depuis 2012, les charges de la dette et l’investissement ins­crits dans le Budget général, ont suivi des variations oppo­sées. Hormis cette hausse considérable du coût de la dette, cette dernière n’est pas exempte d’incidences sur les investissements. Des investis­sements, qui au demeurant sont indispensables à la diver­sification et à la compétitivité de l’offre exportable, le maillon faible de l’économie.

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