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Crédits bancaires : Faible impact sur les programmes sectoriels

Crédits bancaires : Faible impact sur les programmes sectoriels

tableau

L’encours global des crédits bancaires s’élève à 763,4 Mds de DH en 2014 contre 325,6 Mds de DH en 2006. La distribution de crédit a été particulièrement soutenue durant la triennale 2006-2008 contre des rythmes beaucoup plus faibles et de plus en plus baissiers depuis lors. L’analyse des données relatives aux crédits affectés met en exergue la prépondérance du tertiaire, soit 65%.

Les défis liés à la glo­balisation et à l’ouver­ture des frontières ne font que s’amplifier et s’intensifier.

Et pour cause, une concur­rence qui s’annonce de plus en plus coriace. Conscients des multiples défis auxquels l’économie nationale se trouve exposée, les pouvoirs publics ont mis en place, au cours des dernières années, de nom­breux plans sectoriels desti­nés à favoriser l’émergence de nouveaux métiers générateurs de forte valeur ajoutée. Entre autres leviers mobilisés par les responsables, celui des crédits bancaires occupe une place de choix. Dans cette optique, comment s’effectue la répar­tition des crédits bancaires selon les branches d’activité et jusqu’à quel degré consti­tue-t-elle une réponse aux préoccupations des politiques publiques ?

En guise de rappel, ces plans intéressent le secteur primaire (Plan Maroc Vert pour assu­rer à long terme la sécurité alimentaire, et Halieutis pour une meilleure exploitation du potentiel dont dispose le pays), ainsi que celui secon­daire. Ce dernier plan englobe le plan «Emergences» qui a pour objectif de propulser les performances des industries de transformation (agroalimen­taire, textile et cuir, chimie et parachimie, IMMEE…), le Plan solaire pour assurer une forte indépendance énergé­tique. Last but not least, le tertiaire a, à son tour, bénéficié d’une attention de la part de la politique économique. On peut citer à cet égard les plans Azur et Rawaj, respectivement pour le tourisme et le commerce. L’accompagnement et le sou­tien des différentes branches d’activité a pour dénomina­teur commun l’amélioration de la croissance économique, et celle du bien-être de la popu­lation. Or, en regardant de près l’évolution de la moyenne de la croissance économique au cours de la dernière décen­nie, on remarque qu’elle ne dépasse guère les 4,5%. C’est dire que les crédits affectés ne parviennent pas encore à boos­ter le dynamisme escompté de certains secteurs.

Le tertiaire, le mieux servi

Telle que présentée par Bank Al-Maghrib, l’évolution de l’en­cours des crédits bancaires, par branches d’activité au cours de la période 2006-2014, fait ressortir quelques observations. Globalement, l’encours s’élève à 763,4 Mds de DH en 2014 contre 325,6 Mds de DH en 2006. Il s’agit d’une hausse de 11,62%, mais qui cache cer­tainement des disparités. De prime abord, il est à remarquer que la distribution de crédit a été particulièrement soutenue durant la triennale 2006-2008 contre des rythmes beau­coup plus faibles et de plus en plus baissiers depuis lors. Cela s’explique essentielle­ment par la crise financière qui s’est déclenchée en 2008, entraînant dans son sillage un assèchement de la liquidité bancaire.

L’analyse des données en référence aux branches d’ac­tivité économiques fait res­sortir la prépondérance du tertiaire (65%), suivi des sec­teurs secondaires (31%) et primaire aux alentours de 4%. En zoomant un peu plus sur le tableau, on remarque que certaines branches du secteur secondaire semblent connaître un élan remarqué dans leur croissance. Il s’agit des indus­tries extractives suivies des rubriques «bâtiment et travaux publics». Les concours ban­caires mobilisés en faveur de ces dernières ont enregistré des hausses variant entre 38,63% et 21,48%, contras­tant fortement avec la perte d’attractivité des industries de transformation, qui drainent de moins en moins de finance­ments bancaires (6,4%) (voir tableau). Pour ce qui est du secteur tertiaire, on relève que les trois branches «hôtels & restaurants», «particuliers et MRE» enregistrent des per­formances appréciables comparativement aux autres activités. Néanmoins, Farid Mezouar, expert des marchés financiers, nous apprend : «Il est important de différencier entre l’hôtellerie et l’aménage­ment des zones touristiques. Pour l’hôtellerie, le risque est maîtrisé car les banques dis­posent souvent de garanties réelles et peuvent donc récu­pérer une bonne partie de leur mise en revendant les murs».

En ce qui concerne l’aménage­ment des zones touristiques, force est de constater que parfois le risque est omnipré­sent. Notre analyste s’attarde sur l’exemple le plus frap­pant, à savoir le Plan Azur. Il explique: «Au niveau de l’amé­nagement du Plan Azur, les craintes sont justifiées même si comme pour Saidia, l’Etat finira par intervenir et limiter la casse. In fine, le niveau global n’est pas effrayant, contrai­rement à d’autres secteurs où les pertes sont sèches en l’absence d’actifs à revendre ou à restructurer».

Il ressort de l’analyse des don­nées, une certaine corrélation entre les flux d’endettement bancaire et l’émergence de nouvelles activités produc­tives. Pour notre analyste, les banques agissent souvent par thématique. Faisant réfé­rence au secteur du tourisme, il pense qu’à mi-chemin, les objectifs de 2020 doivent être revus à la baisse. En cause, un contexte géopolitique qui laisse à désirer..

Soubha Es-Siari

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