Bourse & Finances

Tous les articles

Crédit immobilier et hôtelier : Le pari d’une banque universelle

Crédit immobilier et hôtelier : Le pari d’une banque universelle
* Un PNB en retrait de 4,7% et un résultat net en baisse de 22%.
* Retraités, ces indicateurs s’apprécient respectivement de 8,1 et 7%.
* L’assainissement de la banque continue.
* Sept hôtels cédés à 705 MDH.8084_z

C’est un Ahmed Rahhou serein qui a rencontré la presse et les analystes la semaine dernière à l’occasion de la présentation habituelle des résultats semestriels du CIH au titre du premier semestre 2010. Une sérénité que le PDG de l’établissement doit sans doute aux performances réalisées par une banque qui traîne encore sur son sillage un lourd héritage dont il a du mal à se défaire. Mais qu’elle ne traînera certainement pas encore longtemps, à en croire Rahhou qui a choisi d’inscrire le CIH au rang des banques universelles de référence sur le paysage bancaire national. Ce qui lui fait dire, d’ailleurs, que «ce premier semestre 2010 est un semestre de transition, d’autant que le CIH est en train de passer d’une logique de monoactivité (immobilier), avec une composante banque de détail peu développée, à une logique de banque universelle présente dans tous les métiers».
C’est sous cet angle d’ailleurs qu’il faut apprécier l’arrivée au sein de l’établissement de Hervé Flipo, nommé DG de la banque de l’Entreprise, pôle qui va désormais jouer un rôle important dans le nouveau schéma de développement. Et qui, certainement, permettra au CIH de booster encore plus ses performances. Des performances qui, à fin juin 2010, appellent d’ailleurs à une lecture très minutieuse, d’autant que l’intégration de certains «actifs» hors exploitation a tendance à plomber le bilan et ne permet pas une lecture «fidèle» de l’activité bancaire proprement dite.
Ainsi, les chiffres rendus publics font état de dépôts clients en hausse de 3% à 19,4 Mds de DH, pour une part de marché de 3,3%. A ce niveau, le CIH fait mieux que le secteur qui enregistre globalement une régression de 0,7%. Cette performance s’explique par la nette appréciation des dépôts à vue de 10% à 11,5 Mds de DH, alors que, parallèlement, les DAT ont diminué de 5,8% à 7,8 Mds de DH, ramenant ainsi le coût moyen des ressources à 2,23% contre 2,35% auparavant.
Sur le registre des crédits immobiliers, le CIH évolue en dessous du secteur (+5,5%), avec un total de 21,2 Mds de DH, en progression de 2,3%. «Le ralentissement enregistré dans le logement social, où le CIH est fortement présent, nous affecte davantage que les autres banques», souligne à ce titre Rahhou, tout en précisant que «les mécanismes de production de crédits immobiliers ont été revus, l’établissement étant désormais plus sélectif».
Néanmoins, l’activité commerciale suit une tendance haussière. En témoignent notamment les déblocages de crédits tant pour les promoteurs que pour les particuliers. Ainsi, pour les promoteurs, ils se sont élevés à 754 MDH au premier semestre et devraient atteindre presque 1,3 Md de DH fin 2010. Chez les particuliers, les déblocages ont atteint 1,42 Md de DH à fin juin 2010 et devraient s’établir à plus de 1,5 Md de DH au terme de l’exercice.
A noter que l’encours des crédits sains est en augmentation de 3,1% à
23,2 Mds de DH.

Persistance d’éléments non récurrents
La persistance d’éléments non récurrents grève les comptes du CIH depuis plusieurs années maintenant. Pour le président de l’établissement, «dès 2011, le CIH devrait présenter des comptes véritablement assainis, reflétant une activité bancaire normale». Cela légitime d’ailleurs cette sorte de «double présentation» à laquelle s’est livré Rahhou afin de permettre aux analystes et à la presse de mieux appréhender les performances du CIH, hors évènements non récurrents, lesquels impactent fortement l’activité.
En cela, le PNB à fin juin 2010, tel qu’il ressort du compte de résultat, se déprécie de 4,7% à 617,4 MDH par rapport à la même période de l’exercice précédent, pour un coefficient d’exploitation qui passe d’une période à l’autre de 55,5 à 60,7% et un coût net du risque sur l’encours géré de 1,07%. Pour sa part, le résultat net s’établit à 116,5 MDH, en baisse de 22%.
En tenant uniquement compte de l’activité bancaire normale, le PNB récurrent gagne 8,1% à 619,3 MDH, le coefficient d’exploitation s’établit à 57%, le coût du risque à 0,38%, tandis que le résultat net atteint 145 MDH (+7%).
Quant aux chiffres consolidés (normes IFRS), ils font ressortir un PNB de 721,5 MDH, en baisse de 12%, tandis que le résultat d’exploitation atteint 21,8 MDH et le résultat net part du groupe 24,4 MDH contre
248 MDH à la même période de l’année dernière. Une dépréciation en relation avec la constatation d’une provision pour risque fiscal d’environ 200 MDH et qui a d’ailleurs fait l’objet d’un règlement à l’issue de négociations avec le Fisc.

Sept hôtels à 705 MDH
C’est suite à l’évaluation faite par la banque d’affaires Upline Securities que le prix de cession des 7 hôtels, pour un nombre total d’un millier de chambres, a été fixé. Pour 705 MDH, la CDG s’est ainsi portée acquéreur de ces unités hôtelières (titres de participation et créances comprises), après assainissement de leurs situations nettes.
Cette opération permet ainsi au CIH de libérer 77 MDH de fonds propres, mais aussi d’améliorer la trésorerie et le ratio de liquidité de la banque. A noter qu’une partie du prix de cession sera placée en bons du Trésor sur des maturités de 1 an et plus.
«Une bonne affaire pour le CIH, d’autant que cette cession est assortie d’une garantie sur le passif qui ne touche que le risque fiscal», souligne Ahmed Rahhou. En clair, le CIH va couvrir le résidu du risque fiscal, lequel reste par ailleurs «limité», une partie des hôtels cédés étant sous le joug d’un redressement fiscal. De même, cette opération aura des impacts positifs sur les résultats de la banque. Pour rappel, ces hôtels ont généré 70 MDH de pertes au niveau des comptes consolidés 2009.

Banque universelle
Une banque universelle, le CIH compte bien le devenir en diversifiant ses activités. Il lui fallait donc, pour concrétiser ses ambitions, avoir des filiales spécialisées. Comme les autres banques de la place. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les rachats (en cours) des participations de la CDG dans Maroc Leasing et Sofac Crédit. Cette opération sera financée à travers une augmentation de capital qui pourrait atteindre 1 milliard de dirhams. L’opération devrait être bouclée d’ici le mois de novembre prochain.


D. W.
07-10-2010

L’Actu en continu

Hors-séries & Spéciaux