Une réunion tripartite BAM – CGEM – GPBM est prévue durant ce mois pour examiner la problématique de la décélération du crédit bancaire et les secteurs les plus touchés. Les banques n’ont certes plus de problème de liquidité, mais font face à une montée inquiétante des créances en souffrance. Il sera difficile de trouver le bon compromis.
En ces temps-ci, les banques sont très près de leurs sous et ouvrent avec parcimonie le robinet du crédit. Pourtant, toutes les conditions semblent réunies pour que, justement, elles aient suffisamment de marge de manoeuvre pour insuffler une dynamique plus soutenue à la distribution de crédit.
En effet, dans le cadre de la politique monétaire, la Banque centrale n’a eu cesse d’adapter ses instruments à la conjoncture afin de permettre aux établissements bancaires de jouer pleinement leur rôle de financeur de l’économie. Cela, à travers la mise en place des avances sur trois mois et des baisses successives du coefficient de la réserve monétaire obligatoire et du taux directeur, intervenues dans un contexte de sous-liquidité bancaire chronique. On se rappelle, en effet, qu’en 2011, les facteurs autonomes de liquidité exerçaient régulièrement un impact restrictif sur les trésoreries bancaires, en liaison principalement avec la hausse de la circulation fiduciaire, l’amélioration de la position nette du Trésor, ainsi que la diminution des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib. Au point que les besoins de liquidités bancaires flirtaient avec la barre des 35 Mds de DH.
Aujourd’hui, on n’est plus dans la même configuration, les banques n’étant plus étranglées par la sous-liquidité. En décembre 2015, leur besoin en liquidités s’est établi à 16,5 milliards de dirhams en moyenne de fins de semaines contre 20,6 milliards de DH un mois auparavant. «Cette amélioration résulte notamment de l’impact expansif lié à l’accroissement des réserves de change de Bank Al-Maghrib», souligne, à ce titre, la Banque centrale dans son dernier rapport sur la conjoncture économique, monétaire et financière. Ce qui l’a poussée à réduire le montant de ses injections pour les ramener de 22 milliards de DH à 19,3 milliards de DH, dont 5,8 milliards de DH à travers les avances à 7 jours et 13,5 milliards de DH au titre des opérations de prêts garantis, accordés dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME.
Malgré cela,…
Même s’il y a eu un léger mieux à fin novembre dernier, avec une augmentation de 1,6% après 0,8% le mois précédent, la progression du crédit bancaire a été revue à la baisse à 0,5% à fin 2015 et devrait s'améliorer à 3% en 2016. Cette décélération du crédit bancaire a ainsi contraint la Banque centrale à réagir. Une réunion devrait avoir lieu, au courant de ce mois de janvier, entre Bank Al-Maghrib, le Groupement professionnel des banques du Maroc et la Confédération générale des entreprises du Maroc, afin d'examiner les contraintes à la croissance du crédit. Il s’agira aussi d’analyser l'offre et la demande, d'examiner les secteurs touchés par cette décélération et les problèmes des délais de paiement.
Mais, au-delà des diagnostics formels, il faudra sortir de cette rencontre avec des propositions concrètes. Bank Al-Maghrib ira-t-elle cependant jusqu’à forcer la main aux banquiers ? Difficile à dire. Pour autant, les banques ont un argument de taille que ne saurait ignorer le gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri : les difficultés qu’ont connues certains secteurs (immobilier et tourisme), auxquelles s’est greffé le problème de la Samir, et qui ont pour corollaire la montée de la sinistralité. A fin 2014, l’encours des créances en souffrance s’établissait, en effet, à 52,8 milliards de dirhams, en progression de 20%, pour un taux des créances en souffrance de 6,9%. A fin novembre 2015, elles ont ralenti de 11,2 à 10,2%, portant le ratio des créances en souffrance par rapport au crédit bancaire à 7,5%.
David William