C’est toujours le calme plat au chapitre du crédit bancaire qui peine à décoller. Promotion immobilière, industries manufacturières et tourisme sont les secteurs les plus touchés. Le taux de créances en souffrance atteint 7,73% à fin mars, soit son niveau de 2007.
Le crédit bancaire évolue toujours à un rythme de sénateur. Durant le premier trimestre 2016, il est resté moribond, si l’on en croit les dernières statistiques monétaires publiées par la Banque centrale. A fin mars 2016, l’encours total des crédits bancaires s’établit à 768,46 milliards de DH, en progression de seulement 0,4% sur un mois et de 1,4% sur une année glissante.
Pour la société de Bourse Upline securities, qui vient de publier son «Investor guide» pour l’année 2016, «le secteur bancaire marocain continue de pâtir de la baisse de la demande de crédit, notamment celle émanant des entreprises à cause d’une conjoncture difficile de quelques secteurs névralgiques de l’économie marocaine comme l’immobilier, le raffinage et le tourisme». Une situation qui ne risque pas de connaître d’amélioration notable compte tenu du ralentissement prévu de la croissance économique du Maroc en 2016 (un taux de croissance prévisionnel de 1,3% selon le HCP, contre 4,4% en 2015). La baisse du taux directeur de 0,25 point à 2,25%, opérée par Bank Al-Maghrib en mars 2016, pourra éventuellement donner un coup de pouce au crédit, mais sans en changer radicalement la tendance.
Si le crédit peine à redécoller, les dépôts poursuivent en revanche leur trend haussier, notamment sur le segment des particuliers et des MRE. Que ce soit les dépôts à vue (+7,8% sur un an), les comptes d’épargne ou les comptes à terme (+6,8%), et les dépôts en devise (+14,2%), toutes les catégories de dépôts enregistrent des progressions significatives. Bref, les banques se retrouvent gavées de cash, et peinent à transformer cette liquidité en crédit, faute de demande de la part des entreprises.
Dans ce contexte, les crédits à la promotion immobilière ont fortement chuté de 12% par rapport à mars 2015, tandis que les crédits à l’équipement n’ont progressé que de 1,3% sur la période. Par branche d’activité, les deux grands encours de crédits bancaires que sont le BTP et les industries manufacturières sont en recul respectivement de 4,7% et 2% sur une année glissante. L'autre secteur important qui pâtit de la panne du crédit est celui du tourisme : entre mars 2015 et mars 2016, les crédits aux hôtels et restaurants se sont repliés de 5,6% à 16,6 milliards de DH, ce qui confirme les difficultés que traversent actuellement les professionnels du tourisme. Dans ce marasme, seuls les crédits accordés aux ménages font de la résistance : les crédits à la consommation progressent de 5,6% sur un an, tandis que ceux à l’habitat s’améliorent de 5,8%.
Créances en souffrance : 7,7% de l’encours
Tout aussi problématiques, pour ne pas dire inquiétantes, les créances en souffrance ne ralentissent pas et affichent, sur une année glissante, une hausse à deux chiffres de 13,3%. Ainsi, le très fort ralentissement du crédit bancaire s’accompagne d’une accélération du rythme de progression des créances en souffrance, ce qui démontre que certains anciens encours sont fragiles. A fin mars 2016, avec un encours de créances en souffrance qui dépasse 59 milliards de DH, le taux de sinistralité des banques s’établit à 7,73%, contre seulement 5,9% en 2013 et 4,9% en 2012.
En réalité, le taux de sinistralité du secteur est revenu à son niveau de 2007. Dans ce contexte, les activités d’affacturage ont le vent en poupe : à fin mars 2016, les créances acquises par affacturage ont quasiment augmenté de 20% sur un an.
La CIMR et la CNRA intègrent les statistiques de BAM
Bank Al-Maghrib vient d'intégrer dans le champ de couverture de ses statistiques, les données relatives aux caisses de retraite relevant du secteur financier, à savoir la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) et la Caisse nationale de retraites et d’assurances (CNRA).
L’aboutissement de ce projet est le fruit d’une étroite collaboration entre Bank Al-Maghrib et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) en matière de reconstitution des données, conformément aux exigences du manuel des statistiques monétaires et financières du FMI, souligne la Banque centrale dans un communiqué. L’élargissement des statistiques monétaires à la CIMR et à la CNRA permet de porter le taux de couverture des données des sociétés financières de 97,6% actuellement à quasiment 100%.
Amine El Kadiri